Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Peu de gens savent que la Roumanie a importé au Canada en 1985 une voiture dont les concessionnaires locaux sont tombés amoureux : la Olda était un mélange entre deux voitures produites dans le pays conçu par l’Institut de Recherche Scientifique et Technique Automobile (ICSITA) sur une idée soutenue par le  « Patriarche » des Automobiles Dacia, Simion Sapunaru, l’homme qui a été directeur général de la Centrala de Autoturisme Pitesti de 1979 à 1987.

« Simion Sapunaru est ce visionnaire qui a conçu pour le Canada le produit dont j’ai organisé le lancement sur le marché canadien. Il y a eu beaucoup d’agitation au Salon de l’Automobile de Toronto en 1985. De quel produit s’agissait-il ? Vous n’en avez jamais entendu parler ? C’était un produit secret appelé Olda, contraction de Olcit et Dacia, un mélange obtenu en montant le moteur et la transmission de la Dacia sur une Oltcit. En bref, le moteur et les parties roulantes de la Dacia avaient été installées sous la carrosserie de l’Oltcit. Simion Sapunaru avait trouvé ce nom un an auparavant en 1984, quand l’idée était venue à Paul Schiaucu en visitant les chutes du Niagara » raconte Victor Jigman, l’ancien directeur d’Auto-Dacia, l’entreprise qui s’occupait des exportations de la marque roumaine. Entre 1983 et 1988 il fut aussi le directeur de Terra Power Tractor Company Ltd à Saskatoon au Canada, une entreprise mixte de droit canadien au capital de 100,000 dollars fondée par Universal Tractor et Dacia.

Simion Sapunaru a choisi ce qu’il avait jugé le plus approprié pour l’Olda canadienne : il s’agirait d’une Oltcit 12TRS avec un moteur Dacia 1400 cm3 et une boîte cinq vitesses. « Il avait pensé à ce modèle pour le marché canadien car il sentait que le produit devait y être présent, parce que Renault y était et y avait une ligne de montage, et il espérait que l’Olda rencontrerait le succès. Le lancement de l’Olda au Canada a été spectaculaire. Il a été organisé avec des personnalités. Nous avons invité Gigi Marga et Taraful Nasturica, ainsi que des ambassadeurs, des directeurs, etc. J'ai présenté le produit, coupé un ruban ... »  explique Victor Jigman.

La nouvelle voiture roumaine a été très bien accueillie par les Canadiens, d’autant plus que deux ans auparavant, en 1983, Victor Jigman avait réussi à débaucher Nadia Comaneci pour promouvoir avec succès Dacia sur un marché canadien dominé par des marques automobiles internationales fortes.

« L’Olda était un excellent produit. Quatre voitures, fabriquées par l’Institut de Recherche Scientifique et Technique Automobile (ICSITA) sous la supervision directe de Simion Sapunaru, sont arrivées au Canada à bord du célèbre Pascani, le navire qui a transporté des milliers de Dacia destinées au marché canadien. Les concessionnaires Dacia ont pu voir ces voitures et leurs impressions étaient très bonnes. Ils ont accueilli la nouveauté à bras ouverts et au bout de six mois, ils ont exigé que la voiture soit produite au Canada » explique Victor Jigman.

L’idée de transférer et d’utiliser à l’usine Oltcit de Craiova des composants d’autres modèles fabriqués en Roumanie, en particulier de Dacia, était la seule solution pour continuer la production dans un contexte ou l’industrie horizontale n’avait pas encore réussi à assimiler la production de toutes les pièces de ce modèle. Les voitures produites avec des pièces de Dacia, présentaient certains défauts mais pour le marché canadien où l’Olda devait être lancée, il fallait un produit de qualité. Il ne fallait pas rater le coche.

« On prévoyait de vendre entre 1985 et 1990 l’Olda en grandes quantités. Mais cela n’a pas marché ! Pourquoi ? En fin de compte c’était un problème de stratégie étant donné que nous ne pouvions pas vendre au Canada une voiture qui n’avait même pas été testée en Roumanie. Quand Sapunaru a quitté la Centrala de Autoturisme Pitesti personne n’a voulu continuer l’aventure. Tout le monde disait : ‘Le marché canadien est trop compliqué pour nous les Roumains ‘. En 1987 j’ai même entendu : ‘Monsieur, ne suivez pas la vision de Sapunaru, si nous allons là-bas au Canada nous aurons des problèmes avec la voiture, les campagnes de publicité sont trop coûteuses, etc…’. Des techniciens comme Giuvelca disaient que les systèmes anti-pollution ne pouvaient pas s’adapter à la voiture et que cela coûterait trop cher… Tout le monde dressait la liste de ce qu’il fallait faire sur la voiture pour qu’elle soit homologuée par le Ministère Canadien des Transports et pour qu’elle ne rencontre aucun problème au moment où elle serait véritablement mise en vente. L’argument le plus fort était les ‘coûts élevés’ considérant que si nous devions mettre de 800 à 1,000 dollars dans le système anti-pollution et 2,000 dollars pour l’adapter, le prix de vente sur le marché canadien serait très élevé. On nous a dit : ‘Monsieur, n’y allons pas, c’est trop compliqué’ » se souvient Victor Jigman.

En Roumanie, tout le monde en était arrivé à la conclusion qu’après toutes ces modifications, le produit deviendrait tellement cher qu’il ne se vendrait pas car la voiture entrerait dans un segment de prix où elle serait en concurrence avec des voitures de meilleure qualité.

« En fin de compte, le projet Olda se résume au trois-quatre voitures envoyées au Canada même si un contrat cadre entre la Roumanie et le Canada avait déjà été signé pour l’exportation de 4 à 5 mille voitures, y compris l’Olda. Ce contrat n’a jamais été respecté » termine Victor Jigman.

Lu sur : http://adevarul.ro/locale/pitesti/povestea-olda-mixul-romanesc-dacia-oltcit-realizat-secret-icsita-dupa-6-luni-aveam-cereri-masina-produsa-canada-1_57f9e3325ab6550cb86374fc/index.html
Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #Olda, #Oltcit, #Dacia, #Prototype, #Export, #Canada