La dissolution officielle de l'URSS a été prononcée le 26 décembre 1991. Un mois auparavant, un habitant de Kharkov s’était rendu à l’usine ZAZ de Zaporojié pour acheter une Tavria flambant neuve avec ses économies, soit la somme de 5,429 roubles.
C’est précisément le prix qu’il fallait débourser pour devenir propriétaire d'une ZAZ-110216, la finition « Luxe » (que l’on appelait aussi version « Export ») avec ses répétiteurs de clignotants sur les ailes avant, des enjoliveurs de roues en plastique, de nouveaux phares, des baguettes latérales décoratives ainsi qu’un essuie-glace arrière et une lunette arrière dégivrante. L’intérieur se distinguait par son nouveau volant quatre branches, des sièges avant plus confortables avec des appuie-têtes et une sellerie combinant tissu et simili-cuir. Le tableau était différent du modèle de base avec, en autres, deux commodos derrière le volant.
Comme souvent à cette époque, quand vous achetiez une voiture, vous ne pouviez pas l'utiliser. Le but de l’achat était de préserver son épargne personnelle menacée par la dépréciation rapide du rouble. C’est exactement l’histoire qu’a connu le propriétaire de cette Tavria. Quand nous avons mis la main dessus à Kharkov à l’automne dernier, le compteur n’affichait que 900 kilomètres ! Dont les 300 km effectués en 1991 pour la ramener de Zaporojié. Durant toutes ces années, cette voiture a été gardée au sec dans un garage et n’a pratiquement pas roulé.
Son propriétaire était très économe mais aussi très prévoyant. Le coffre est littéralement rempli d’accessoires et de pièces. Outre la pompe, le cric et la trousse à outils fournis d’origine, on trouve aussi des contre-ailes, des grilles de protection métalliques pour les phares (en ce temps-là il s’agissait d’un accessoire dernier-cri), une alarme soviétique « Sprout », une bande antistatique, des ceintures de sécurité arrière « Norma », une poignée de bougies neuves, un extincteur et plein de petites pièces. Tout est absolument neuf et n’a jamais été utilisé.
Selon la personne qui a vendu cette ZAZ-1102, même l’essence dans le réservoir datait encore de l’époque soviétique ! Bien sûr, impossible de vérifier cette affirmation, mais après avoir complété le plein, fait une vidange et remplacé les bougies et les courroies, la voiture a redémarré au quart de tour.
L’étude d’un modèle à traction avant avait débuté à la fin des années 60 à Zaporojié mais ce n’est qu’en 1978 que le Ministère de l’Industrie Automobile avait donné son accord pour le développement d’un tel modèle chez ZAZ. Les ingénieurs se sont inspiré de la Ford Fiesta de 1976 malgré les évaluations négatives des pilotes-essayeurs de l’usine. Le développement de la Tavria a pris plusieurs années et d’autres modèles ont également servi de source d’inspiration : Austin Metro, Fiat Uno, etc... et ce malgré le manque d’argent car le ministère donnait la priorité à une autre traction avant la VAZ-2108/2109 « Spoutnik ».
Ce n’est que le 18 novembre 1987 que les premières Tavria sont tombées de chaîne. Le modèle de base coûtait initialement 5,100 roubles. Elle était positionnée comme une voiture très économique même si cela ne serait plus le cas aujourd’hui : elle consommait 6,9 litres aux 100 km en ville et 4,6 sur route à 90 km/h. Ses performances étaient également très modestes : sa vitesse maxi était de 145 km/h et elle passait de 0 à 100 km/h en 16,2 secondes. Le poids en ordre de marche de la Tavria « standard » était de 745 kg et la version « Luxe » pesait 17 kg de plus.
Comparée à la vieille Zaporojets ZAZ-968M, qui a été produite parallèlement à elle jusqu’en 1994, la nouveauté pouvait se vanter non seulement de sa facilité de conduite, son intérieur plus ergonomique et son confort.
Légende des photos :
- La première traction avant de l’Usine Automobile de Zaporojié.
- Etonnamment, la voiture a très bien démarré après six mois d’immobilisation dans un parking.
- Les enjoliveurs plastiques de type « téléphone » est l’une des particularité de la finition luxe de la ZAZ-110216.
- Le volant 4 branches, les inserts en tissu dans les contre-portes, la combinaison des matériaux, le tableau de bord élargi font partie des équipements de série de la Tavria version luxe.
- L’habitacle est assez spacieux et bien pensé du point de vue de l’ergonomie : comparé aux Zaporojets il s’agissait d’un grand pas en avant.
- La voiture n’a jamais été lavée depuis 1991 : c’est une vraie machine à remonter dans le temps !
- Selon son passeport technique, la voiture a été achetée directement à l’usine en novembre 1991.
- Voici le compteur d’une voiture de 26 ans. On voit très bien le tableau de bord amélioré avec l’économètre et des témoins de contrôle supplémentaires.
- Une constante sur les voitures soviétiques dont le faible kilométrage est authentique : cette petite étiquette en papier avec la référence de la peinture. Celle-ci est parfaitement préservée.
- Cette alarme « Sprout » porte le même nom qu’une célèbre série télévisée.
- Voici quelques trésors trouvés dans le coffre à bagages. Vous pourrez voir ces pièces de rechange et accessoires dans la vidéo ci-dessous.
- La roue de secours est sous le capot. Vous remarquerez le dessin si particulier de la jante.
- Le moteur MeMZ-245 développait 51 ch.
- Les baguettes latérales et les répétiteurs de clignotants sur les ailes constituent les particularités de cette version luxe.
- En 1991, 41,832 ZAZ-1102 et dérivées ont été fabriquées.
- Cette voiture est l’une des dernières Tavria de production soviétique.
- A quoi peut bien servir cette languette métallique située près de l’essuie-glaces ?
- Accessoire typique : le bouchon de réservoir à code. A une époque où la pénurie faisait rage, il s’agissait d’un accessoire très utile.
- Les sièges arrière sont encore recouvert de cette protection montée en usine.
- Il n’y a pas d’autoradio mais sous le tableau de bord on trouve un correcteur d’octane (!) et dans la boîte à gants est stocké le rétroviseur droit et une lampe torche.
Lu sur : https://www.drive2.ru/b/470506865122345705/
Adaptation VG