En Russie, il existe un terrain fertile pour les amateurs de tuning : les Lada « classiques » avec leur propulsion et leur conception simple offrent des possibilités infinies en matière de transformation. Certains projets sont très « méchants » comme la VAZ-2106 objet de cet article. La Chesterka de Nikolaï est sa première voiture, achetée lorsqu’il était étudiant, et elle a bien changé depuis !
Certes, ceux qui ont déjà posé une fois leur fesses dans une Jigouli tuning ne seront probablement pas étonnés. Beaucoup diront : « l’augmentation de la cylindrée, l’arbre à cames et le turbo, c’est du déjà vu ». Mais, même si tout cela n’est pas nouveau pour vous, cela vaut la peine de connaître toute l’histoire de cette voiture et de s’intéresser à ses chiffres impressionnants.
Cette VAZ-2106 est donc apparue dans la vie de Nikolaï en 2006. Rouge vif, avec des jantes de 15 pouces, un pot d’échappement sport et un subwoofer dans le coffre, la voiture était bien sûr loin d’être neuve et avec ses amis il s'est mis à la tâche pour la remettre en état. La réfection totale du moteur, la rénovation du système de freinage et de la suspension ont permis de « la remettre sur pieds ». C’est ensuite qu’est venue la soif de tuning...
Car c’est aussi à ce moment que Nikolaï a pris goût au drag-racing et autres courses nocturnes. Il ne voulait pas rester à l’écart et a décidé de prendre part à quelques courses où il s’est ridiculisé. Voilà pourquoi il a décidé de faire de sa Jigouli soviétique une voiture vraiment rapide. La Chesterka et son moteur 8 soupapes ont survécu à l’augmentation de cylindrée, aux arbres à cames sport, aux carburateurs modifiés... Même l’oxyde nitreux a été essayé ! Si cela a suffi pendant un temps, il est vite devenu clair qu’une réelle augmentation de puissance serait nécessaire ! Cette nouvelle idée semblait donc plus logique : assembler un moteur turbo sérieux sur la base d’un bloc VAZ-2112 à 16 soupapes.
A cette époque, les Lada turbo existaient déjà mais restaient un phénomène rare. Il n’était pas possible d’acheter toutes les pièces en une seule fois comme aujourd’hui. C’est pourquoi il a fallu les importer d’autres pays (Japon, USA, Chine, Allemagne). Certaines ont même été fabriquées sur mesure. La voiture est passée dans de nombreux garages où elle restait quelques jours. Les mécaniciens prenaient les mesures sur place et fabriquaient les pièces nécessaires. Bien entendu, tout cela a coûté du temps et de l’argent. Une de ces pièces a retardé le projet pour toute une saison. En cause le facteur humain... Le garage n'avait tout simplement pas passé une commande à temps. Il y a aussi eu le système d’échappement, le système de refroidissement et l’admission avec des papillons de Toyota Levin...
La voiture a dû attendre 3 ans pour être remise en route. L’essentiel de la puissance est désormais fourni par un turbocompresseur Garrett GTX 3071 ayant suffisamment de souffle à bas régime, ce qui est capital avec un petit moteur de 1500 cm3. Il procure aussi beaucoup de puissance à haut régime. Le turbocompresseur, la wastegate et la soupape de décharge ont été commandés neufs aux Etats-Unis. Les soupapes viennent d’une Volkswagen et les ressorts Schrick ont été achetés en Allemagne.
Le boîtier électronique Janvar a été reprogrammé pour que le turbo souffle à 0,6 bar. Ensuite la voiture a été emmenée sur un banc moteur et le turbo réglé à la pression de suralimentation optimale. Comme Nikolaï a l’intention d’utiliser la voiture sur route ouverte, la voiture dispose de deux programmations : 1 bar pour la ville et en première afin d’éviter un patinage inutile au démarrage et 2 bars en course. C’est un interrupteur à bascule situé sur le volant qui permet de choisir entre les deux. Cette Chesterka est donc maintenant puissante. Très puissante. A l’heure actuelle, Nikolaï s’est arrêté à 450 chevaux, soit environ 80% de la puissance maximale possible pour un moteur dans cette configuration !
Bien-sûr, la suspension et la transmission d’origine n’étaient pas faites pour une telle puissance, une telle pointe de vitesse et de telles contraintes générales. Il serait idiot de croire, par exemple, qu’une boîte de vitesse conçue pour un peu plus de 60 chevaux pourrait en absorber sept fois plus sans broncher. Nikolaï n’a même pas voulu tenter le sort et il a immédiatement installé des éléments plus robustes provenant de BMW. La boîte, le berceau arrière et toute la suspension proviennent ainsi d’une série 3 E30.
Avec une préparation mécanique aussi « méchante », il fallait une apparence appropriée. Au départ, tenté de laisser l’extérieur entièrement d’origine pour en faire un « sleeper », Nikolaï a finalement trouvé l’idée trop simple et sans intérêt. Il a préféré susciter la peur chez ses adversaires, lesquels comprennent immédiatement que le combat ne va pas être simple et qu’en face ce n’est pas une simple Jigouli. Il a donc fait quelque chose d’unique mais harmonieux.
Tout a été fait à la main. Il a d’abord commencé par enlever tous les chromes avant d’expérimenter la fibre de verre en réalisant le parechoc avant, le capot et le couvercle de coffre. Tout aurait été pour le mieux si le parechoc trop bas ne touchait constamment la route nécessitant des réparations régulières. Nikolaï en a eu marre et en a reconstruit un en aluminium. Il a également fabriqué les bas de caisse, le diffuseur et le tablier avant agressif en matériaux composites. La voiture ressemble désormais exactement à ce qu’il voulait. Les jantes TOM'S, remportés sur un site d’enchères japonaises, complètent le tableau. Au final, cette VAZ-2106 est très inhabituelle. Le look est accrocheur mais reste élégant.
A la vérité, tout n’a pas été aussi simple. Cela n’est pas surprenant : l’expérience vient avec le temps. Ainsi, une fois, juste avant une course, la moteur a cassé. Le système de lubrification n’avait pas supporté la charge et le moteur manqué d’huile. Il a fallu réparer durant la nuit mais heureusement toutes les pièces de rechange étaient sous la main. Comme le dit Nikolaï, le plus difficile dans le projet a été de choisir les améliorations à faire et investir beaucoup d’argent dans une simple Lada. Mais il croyait en cette Chesterka rouge et en son potentiel !
Désormais, cette Chesterka ne sert que le week-end pour aller à des manifestations, à des expositions ou à des courses. Sur les pistes, elle s’aligne sous les couleurs du team HMG où elle bénéficie désormais de toute l’expérience des ingénieurs et mécaniciens. Pour la saison prochaine, il a prévu de monter un nouveau collecteur d’échappement. Elle a déjà effectué le 400 mètres en exactement 12 secondes, passe de 0 à 100 km/h en 4 secondes et peut atteindre 250 km/h !
Si vous la croisez un jour en ville et que vous vous arrêtez à ses côtés à un feu rouge, n’essayez pas de faire la course, vous avez toutes les chances de perdre !
Lu sur : http://www.kolesa.ru/article/protorennoj-tropoj-tyuning-vaz-2106
Adaptation VG