L’hiver dernier, Auto.mail.ru avait déjà raconté l’essai du break Lada Kalina d'un journaliste allemand de Der Spiegel (*). On pensait que les teutons en resteraient là et qu’ils oublieraient les productions d’AvtoVAZ aussi rapidement qu'un mauvais rêve. Mais non. Au cours de ces derniers mois, non seulement ils n’ont pas oublié les Lada, mais ils ont en plus testé un autre modèle. Les journalistes de plusieurs publications ont en effet pu tester la Lada 4x4 Urban.
« Certains SUV sont trop fragiles, d’autres faciles à abimer et d’autres trop complexes. Tous sont trop chers. Stop ! Nous connaissons une voiture qui « ne se la joue pas » et qui ne coûte pas cher ». Ce sont sur ces mots que débute l’article de l’essai du Lada 4x4 Urban publié il y a peu par Auto Bild.
Il ne faut d’ailleurs pas s’étonner de la commercialisation de la dernière version de la Niva sur le marché allemand. En Allemagne, le tout-terrain russe est une institution. Même s’il n’intéresse qu’un groupe très restreint de personnes. En mai 2016, le Lada 4x4 a été vendu en Allemagne à 90 exemplaires. Si vous pensez que cela n’est pas beaucoup, il suffit de rappeler que les « vrais » 4x4 se vendent peu en Allemagne. Par exemple, la Jeep Wrangler en mai n’a été vendue qu’à 71 exemplaires et il s’est vendu 93 Toyota Land Cruiser. A cet égard, les chiffres du 4x4 Lada ne sont pas mal du tout !
Le prix du Niva a sans doute ici une importance. La version Urban est vendue à partir de 11,990 euros et la version standard à un peu moins de 10,000 euros. Les Allemands apprécient à juste titre son rapport prix/équipement sans équivalent :
« En version de base on a le droit à la transmission permanente, les vitres électriques, la direction assistée (!) et même les sièges avant chauffants, même s’ils sont assez rudimentaires. "Cliquez" l’interrupteur grossier pour que la batterie alimente en quelques secondes les résistances situées dans l’assise de siège. En quelques secondes, vous aurez les fesses en sueur » écrit ainsi Jan Horn dans Auto Bild.
Dans un autre article intitulé « Héros du travail depuis 40 ans », Walter Hasselbring note les capacités exceptionnelles en tout-terrain du véhicule russe. « Grâce à l’empattement court et les angles d’attaque réduits, cette voiture est capable de passer pratiquement sur tous les terrains » écrit-il en rappelant que peu de SUV peuvent se vanter d’une garde au sol de 22 cm et de pouvoir franchir des gués de 65 cm.
Mais ce n’est pas tout. Les Allemands apprécient que le toit du Niva est capable de supporter un chargement de 75 kg en faisant ainsi une très bonne voiture pour aller au supermarché (« on peut mettre directement le caddie sur le toit ! »). Et l’intérieur du Lada 4x4 n’a pas peur d’être lavé. « La sellerie en cuir artificiel, les tapis en caoutchouc et les plastiques durs ne craignent pas un coup de laveur à haute pression » explique Jan Horn en remarquant que ce n’est toutefois pas si grave quand la voiture n’est pas très propre. Comme on dit, les tanks n’ont pas peur de la boue !
Les Allemands sont également convaincus que, si nécessaire, le Lada 4x4 Urban peut être transformé en bac à sable mobile ! Au moins, si vous versez quelques kilos de sable directement dans le coffre... Les Allemands y voient une fonction éducative, puisque les enfants n’ont plus besoin de leur iPads.
En lisant tout ceci, vous nous accuserez peut-être de corruption, mais au risque de vous décevoir nous n’avons pas reçu un seul kopeck d’AvtoVAZ ! Pour être sincère, les articles des Allemands sur la Lada sont pleins de sarcasmes. Oui, les journalistes reconnaissent les excellentes capacités en tout-terrain du Lada 4x4 Urban, notent que la voiture coûte relativement peu d’argent par rapport à la concurrence et qu’elle est en outre très pratique. Mais ils reconnaissent aussi qu’il en faut beaucoup plus pour satisfaire une clientèle européenne exigeante.
« Le moteur 1,7 litre essence est désagréablement bruyant, la voiture prend beaucoup de roulis et le conducteur pourra s’effrayer de la direction floue. Et il n’y a pas d’ESP » explique le journaliste d’Auto Bild indiquant qu’il a conduit la Niva prudemment.
« Tout est fait dans ce tout-terrain comme si l’industrie automobile n’avait fait aucun progrès. Et pour les plus jeunes, le Lada 4x4 peut être un véritable casse-tête. Par exemple, les portières s’ouvrent avec une clé. Les non –initiés auront aussi du mal à démarrer le moteur puisque le contacteur d’allumage se trouve à gauche de la colonne de direction comme dans les Porsche » écrit le rédacteur d’Auto Zeitung, qui se plaint également des sièges horriblement inconfortables, du moteur bruyant, des faibles accélérations (19 secondes pour passer de 0 à 100 km/h) et de la consommation élevée.
Ce mélange entre « amour » et « haine » dont font preuve les journalistes allemands pour la voiture russe s’explique très simplement. Les besoins des conducteurs russes et allemands sont radicalement différents. Si les Russes sont prêts à lui pardonner beaucoup parce qu’elle peut rouler hors des chaussés carrossables et supporter des nids de poules incroyables, au pays des autobahns ce genre d’argument n’est rien. On préfère une faible consommation en carburant. Et l’on ne parle pas de l’absence de systèmes de sécurité modernes ou de l’équipement un peu trop primaire.
Auto Zeitung conclut pourtant que « la plupart des "chars d’assaut urbains" actuels seraient tout simplement incapables d’aller aux endroits pour lesquels ce "tigre à dents de sabre" de Russie a été conçu ».
P.S. et plutôt que de conclure, nous vous suggérons de revoir cette vieille publicité de Niva pour la Suède. Voilà comment le Niva est vue aux yeux des Européens : apparence brutale et caractère pas toujours facile mais bon marché et ne craignant absolument aucune difficulté !
Lu sur : https://auto.mail.ru/article/61230-chto_nemcy_dumayut_o_lada_chast_vtoraya/
Adaptation VG
(*) voir : http://sovietauto.over-blog.com/2016/02/que-pensent-les-allemands-des-lada.html