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Pour l’industrie automobile russe, la Lada Vesta est une vraie révolution. Comme le fut la « Vosmerka », la Lada Samara en 1984. Une bonne excuse pour dresser un parallèle entre les deux voitures à 3o ans d’intervalle.
Au milieu des années 80, la presse automobile en URSS était dominée par le magazine Za Roulem. Il fut le premier à essayer en long et en travers la nouvelle VAZ-2108. Nous avons ressorti différents essais des archives du célèbre journal et avons de nouveau testé la Lada Vesta, cette fois-ci dans le froid, après notre première rencontre en Italie. Voici les résultats de notre comparatif.
La « Vosmerka » était vendue 8,345 roubles, soit près de 12 mille dollars au cours officiel de 1985. La Vesta coûte au minimum 514,000 roubles (soit environ 6,700 dollars). Laquelle aimez-vous le plus ? L’avant-garde soviétique ou le X-style de Steve Mattin ?
1984 : « Toute nouvelle voiture particulière suscite un intérêt considérable auprès des automobilistes. Cette VAZ-2108 n’a pas fait exception ...».
2016 : De nos jours, le public perçoit les nouveautés de l’industrie automobile avec plus de recul. Mais la Lada Vesta est une bombe ! On l’observe dans la circulation, comme si un top-model marchait dénudé dans la rue, on s’attroupe autour d’elle sur les parkings. Nous avons eu droit à autant de question que lorsque que nous avons parcouru les rues de Moscou au volant d’un BRDM-2. Cette nouvelle berline n’a pas suscité de questions malsaines et elle peut être considérée comme une alternative sympa aux ennuyeuses Kia Rio et Solaris ou à la VW Polo.
1984 : « Comparé aux modèles VAZ précédents, la Samara dispose d’un habitacle plus spacieux ».
2016 : La Lada Vesta offre le même avantage. Elle est moins chère que les berlines low-cost compactes typiques, mais par ses dimensions et son empattement elle est proche des berlines de la catégorie de la Golf. C’est pourquoi à l’arrière on peut facilement étirer les jambes et caser dans le coffres quatre jantes de 16 pouces (NDT : quelle drôle d’idée !). On ne devrait d’ailleurs pas s’arrêter là puisque AvtoVAZ promet, à terme, de transformer la Vesta en berline hatchback et en break beaucoup plus pratiques, y compris avec une version à la garde au sol plus élevée à la manière de la Lada Largus Cross.
1986 : « Les sièges sont recouverts de velours « Capri ». S’il fait riche, il semble aussi fragile et il faudra rapidement les recouvrir de housses ».
2016 : Vous ne trouverez pas de velours « Capri » dans la Lada Vesta. On trouve ici un tissu synthétique habituel. Mais sa texture complexe est sympathique. Après 5,000 km de test, le siège conducteur paraît encore neuf, sans pli ou sans étirement. Il est à espérer qu’il ne commence pas à s’user trop rapidement car on n’a pas trop envie de recouvrir des sièges aussi beaux de housses. Ce tissu est solide, est facile à nettoyer et ne gèle pas en hiver.
1984 : « La chose se complique par le fait que les Ministères et les entreprises qui leur sont rattachées doivent remplir un certain nombre de tâches pour assurer le lancement de ce nouveau modèle, mais certains matériaux et certains composants sont difficiles à trouver. C’est un phénomène inquiétant ».
2016 : La Lada Vesta a aussi causé beaucoup d’ennuis à ses sous-traitants. En matière de qualité d’assemblage, l’industrie automobile nationale n’est pas encore parfaite mais si on compare la Lada à d’autres voitures étrangères, les progrès sont bien visibles. On trouvera encore des défauts : un obturateur qui tombe, une pièce mal vissée, quelque chose qui ne fonctionne pas comme promis. Par exemple sur notre voiture, le verrouillage automatique des portières ne marchait pas, et sur la caméra de recul, il manquait les lignes de guidage ! Des défauts de jeunesse certes pardonnables, mais indignes...
1989 : « Le moteur a démarré facilement par -20°C, mais dans certains cas il tourne d’abord sur trois cylindres. Et parfois, il démarre normalement sur les quatre cylindres ».
2016 : Par temps froid, la Vesta n’a jamais failli. Mais on voit que le réveil après une nuit glaciale est pour elle un moment difficile. Le 1,6 litre 16 soupapes (106 ch) ne démarre pas au quart de tour et demande au démarreur un effort plus important que d’habitude. Et tant que le moteur n’est pas chaud, la Vesta semble grincer de partout : la transmission émet des hurlements familiers, les plastiques craquent, la direction à assistance électrique bourdonne et les bruits de suspension avant sont tels qu’on se demande si les supports vont tenir.
1986 : « ... Lors d’une manœuvre de parking, on peut enclencher la marche arrière à la place de la première car elles sont très proches. En fait la première est située comme d’habitude, en haut à gauche, mais la marche arrière est située également en haut, un peu plus à gauche ».
2016 : Les propriétaires de Vesta n’auront pas à comprendre les subtilités de la grille de vitesses. Surtout s’ils décident d’investir 25 mille roubles supplémentaires dans la boîte robotisée. C’est une option peu chère mais il faut avoir conscience qu’en terme de souplesse, elle est largement dépassée par une vieille boîte automatique à 4 rapports ! On pourra se consoler en se disant que la boîte robotisée de Lada est bien meilleure que celle adoptée par Renault. Sur la Sandero Stepway, le fonctionnement de la boîte est bien pire, même si à la manière d’une boîte automatique classique, il est possible de démarrer en relâchant le frein. Sur la Vesta, il faudra tout de même accélérer.
1987 : « La tenue de route est très stricte et la voiture réagit de manière extrêmement sensible à tout mouvement de volant. Aucune « léthargie » inhérente aux voitures de conception plus classiques ».
2016 : A son époque, la « Vosmerka » était surnommée la « Porsche pour les pauvres ». On ne comparera pas la Vesta à une Porsche, mais sur fond de Granta, de Kalina et à fortiori de Priora, la nouveauté se comporte différemment. Oui elle secoue sur les bosses. Même si le châssis a été sérieusement dessiné, dans les manœuvres un peu à la limite, la Vesta peut être un peu plus difficile à inscrire dans les courbes et l’essieu arrière aura tendance à déraper. Pour un conducteur expérimenté cela pourra être amusant, pour un novice, cela sera une source d’anxiété, surtout l’hiver. Le fait que l’ESP soit de série est une bonne chose. On trouve aussi des airbags, mais ils ne sont toujours qu’au nombre de deux...
1984 : « Vont contribuer à la prévention des accidents les lave-glaces avant et arrière, le rétroviseur extérieur, le tableau de bord anti-éblouissement et l’amplificateur de freinage ».
2016 : La Vesta est équipée comme jamais n’en a rêvé un modèle de la marque. Allumage automatique des phares et des essuie-glaces, caméra de recul, radars de stationnement, régulateur de vitesse, système multimédia avec navigation, pare-brise chauffant et, pour la première fois sur le marché, système d’appel d’urgence ERA-GLONASS, que nous n’avons d’ailleurs pas réussi à faire marcher ! Manque encore le volant chauffant et la climatisation régulée, des équipements promis, mais qui n’ont pas encore atteint la chaîne de montage. Dans sa version haut-de-gamme la Vesta coûte 677 mille roubles, soit 50 à 100 mille roubles de moins que ses principales concurrentes.
1986 : « La nouvelle VAZ-2108 est assez « silencieuse » et sur ce point elle n’est pas inférieure aux meilleurs véhicules modernes de sa catégorie ».
2016 : La Vesta choque par son silence ! Il n’y ni vibrations dans le volant, ni dans les pédales. Même avec des pneus hiver Nordman RS, cette Lada évolue sur la route dans la tranquillité. Les bruits aérodynamiques sont presque inaudibles, même sur les routes de campagne. Il n’y a que le bourdonnement du moteur qui peut troubler la quiétude régnant à l’intérieur de l’habitacle, quand la boîte robotisée fait monter l’aiguille du compte-tour dans la zone rouge.
Quelles premières conclusions pouvons-nous tirer de notre essai longue-durée de la Vesta ? Étonnamment, même ici, nous pouvons reprendre mot pour mot un extrait de l’essai que nos collègue de Za Roulem ont effectué en 1986 : « Nous avons parlé à ceux qui ont déjà roulé à bord de la « Vosmerka » et nous n’en avons pas rencontré un seul qui ne nous ait pas dit : « Une bonne voiture ! ». Nous sommes tout à fait d’accord avec ce point de vue. Et les nombreux « mais »... dont il a été question ici, ne changent en rien notre opinion globale ».
Lu sur : https://auto.mail.ru/article/59314-dlitelnyi_test_lady_vesty_sravnivaem_s_sovetskoi_vosmerkoi/
Adaptation VG