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Tavria : elle comprenait la parole.

1995. J’étais l’heureux propriétaire d’une voiture de luxe. Une Tavria. Après 5,000 km en trois mois, j’ai senti qu’elle commençait à vieillir. Le moteur suintait l’huile, la direction tirait d’un côté, elle commençait à vibrer, tout se dévissait. En un mot, une Tavria. J’ai décidé de joindre l’utile à l’agréable. Aller voir mes amis à Magnitogorsk et vendre cette beauté... De l'autre côté de l’Oural, les prix des voitures sont plus élevés et on peut revendre une occasion au prix d'une voiture neuve.

Je roule seul, une cassette repasse en boucle (elle est coincée dans le lecteur et la radio ne capte rien), je passe les Monts Oural. La nature est sauvage. Je ne sais pas comment c’est aujourd'hui mais à l’époque les voitures étaient si rares sur la route... que quand j'en rencontrais une je me demandais presque si on devait se croiser par la gauche ou par la droite...

Je prends la décision de faire une pause pour manger. A l’époque il n’était pas conseillé de s’arrêter comme cela au bord de la route au milieu de nulle part. Je tourne dans un champ de maïs et parcours une centaine de mètres. Une fois sûr de ne plus être vu de la route, je m’arrête. Content de moi, je pose sur le capot du pain et du bacon tranché prêt à faire un festin... quand tout à coup, je vois qui traverse la route et qui se dirige vers moi sans se presser... une meute de loups ! Dix environ. Je cache immédiatement mon diner dans mon sac, saute dans la voiture et m’enferme. Pour être franc, j’aurai préféré trouver une meute de loups sous la forme de bandits de grand chemin qu’une meute de loups sous forme de loups !!!

La voiture ne redémarre pas, le carburateur est trop chaud. J’essaie de me calmer. J’attends enfermé là avec ces loups à 50 cm de la voiture qui me regardent avec de grands yeux affamés (dix pages ne suffiraient pas à décrire mon horreur)...

Une heure passe. La voiture ne démarre toujours pas. Maintenant c’est la batterie qui fait des siennes. Je vais bêtement mourir de soif alors que mon thermos de thé est juste là... posé sur le capot... Je commence à klaxonner les rares voitures qui passent, mais elles sont trop loin de mon champ de maïs, de mon champ de mort. Les loups l'ont très bien compris et ils perçoivent le klaxon comme le cri plaintif de la victime qui s'apprête à mourir.

Cela fait déjà cinq heures que je suis là. Je parle à la voiture, je la menace, je lui fais des promesses... Et là, miracle, elle redémarre !!!

Je ne me souviens pas comment j’ai fait les 200 km suivants mais je me rappelle très bien de la tête du gars de la station-service quand à travers la vitre descendue de quelques millimètres je lui ai tendu un billet de 100 dollars en lui demandant de me faire le plein et de me ramener à boire... C’était sûrement étrange venant de la part d’un mec au volant d’une Tavria mais je n’aurai pas pu descendre de là, même sous la menace.

J’ai revendu la Tavria à la famille à qui elle plaisait le plus et pas à celle qui était prête à payer le plus cher... Depuis j’ai eu beaucoup de voiture mais il n’y a que la Tavria qui comprenait la parole.

Lu sur : http://anekdotikov.net/stories/p654/
Adaptation VG

Tag(s) : #ZAZ, #Tavria, #Anecdote, #Rigolo