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... ou à quoi devait s’attendre un citoyen de l’Union Soviétique désirant acheter une automobile !
Cela ne fait qu’un quart de siècle que les voitures sont devenues accessibles à tous citoyens russes mais ils ont déjà oublié tout ce qu’il fallait faire du temps de l’URSS pour pouvoir en acquérir une. Pour avoir une voiture, les Soviétiques étaient prêts à tout et pouvaient révéler le côté vil de leur âme.
Il y avait pourtant de nombreuses manières d’acheter une voiture dans l’Union Soviétique d’après-guerre et il y en a certainement certaines que l’Histoire ne nous a pas encore révélé. Les méthodes les plus communes étaient celles employées par les « simples » citoyens de l’Union. Elles vous sont décrites ci-dessous :
- Mérite pour la Patrie :
Le pays se souvenait toujours de ses héros : parfois elle les réprimait, parfois elle les remerciait... y compris en leur offrant des voitures. L’URSS offraient à ses citoyens les plus valeureux et les plus courageux des voitures sans aucune répartie financière. Les anciens combattants et les personnes ayant reçu une décoration étaient autorisées une fois au cours de leur vie à acheter une voiture sans passer par les listes d’attente. Et comme une voiture par famille était plus que suffisant, tous étaient satisfaits.
- Des années sur liste d’attente :
Tout le monde devait attendre. La durée d’attente moyenne étaient de sept ou huit ans. Il n’était d’ailleurs pas si simple de faire partie de cette liste. Il fallait avoir été désigné par son employeur et être capable d’économiser de l’argent. Dans les années 70, le prix d’une GAZ-21 était d’environ 5,500 / 6,000 roubles. Pour une « Jigouli » il fallait compter environ 8,000 roubles. Avec leur salaire de seulement 100 à 150 roubles par mois, les citoyens soviétiques avaient pourtant tout cet argent. Tout d’abord parce qu’on ne trouvait pas à quoi dépenser son salaire et qu'avec 200 à 300 roubles de budget mensuel, une famille était capable de placer tous les mois 100 roubles pendant sept ans et avoir la somme nécessaire. Et celui qui n’avait pas le temps de faire des économies pouvait faire appel à ses parents ou amis.
Le processus d’achat en lui-même avait quelque chose de très humiliant. Une fois l’attente passée, on devait encore passer par le « magasin automobile » - il n’y en avait que quelques-uns et uniquement dans des villes comme Moscou ou Saint-Pétersbourg. De toute manière, on ne présentait pas de voitures là-bas ! On délivrait seulement un certificat à l’acheteur qui devait ensuite se rendre dans un banque d’épargne spéciale où il fallait encore faire la queue. Il fallait ensuite retourner au magasin (et y faire de nouveau la queue ) avec son « chèque » puis on était conduit à un entrepôt où il fallait attendre le prochain camion porte-voitures pour prendre livraison d’un véhicule en fonction de son numéro de passage sans aucune possibilité de choisir la couleur. Et pourtant cet instant était un vrai bonheur.
- Graisser la patte :
L’attente pouvait durer beaucoup plus longtemps que prévu en raison de citoyens qui, de manière inexplicable, faisaient leur apparition sur les listes d’attente. Acheter sa place dans la liste était pratiquement impossible – personne n’avait besoin d’argent – mais faire rajouter son nom par un ami travaillant dans le « magasin » ou par un membre influant du Parti était chose facile. Il n’y avait pas de liste d’attente informatisée et il était tout simplement impossible de vérifier si une position sur la liste était légitime.
- Les voitures d’occasion :
En 1978, Alla Pougatcheva a écrit une chanson qui racontait : « Papa a acheté quelque-part hors de la ville une voiture à petit prix ». Ce rêve était pourtant pratiquement irréaliste puisque toutes les voitures d’occasion étaient vendues par des magasins spécialisés et réglementés. Ils avaient été créés pour lutter contre les spéculateurs, mais la lutte n’avait pas été remportée... Les vieilles voitures valaient autant que les voitures neuves.
Là aussi la corruption était possible et un pot de vin permettait de mettre « par hasard » en relation un vendeur et un acheteur qui s’étaient déjà mis préalablement d’accord. Pour cela il fallait beaucoup plus d’argent que pour acheter d’une voiture neuve avec son nom inscrit sur une liste d’attente.
- Voyage dans une république soeur :
Souvent on partait chercher une voiture dans une autre république de l’URSS. La Géorgie par exemple a toujours été considéré comme un berceau de la criminalité et du vol et on y trouvait bon nombre de spéculateurs toujours prêts à vendre une voiture 4 à 5 fois plus cher que le prix conseillé par l’Etat.
- Un « heureux » évènement :
Il y a aussi des histoires incroyables. En 1983, a eu lieu une célèbre affaire avec l’annonce par les diverses institutions de l’Union Soviétique d’une vente exceptionnelle de Moskvitch à crédit. Cette possibilité avait rendu perplexes ouvriers et agriculteurs mais elle s’avérait totalement vraie. En raison de la destruction en vol d’un Boeing sud-coréen par un Su-15 de nombreux pays occidentaux avaient stoppé l’importation des voitures soviétiques. A l’époque, les Moskvitch étaient vendues même en Irlande et en Ecosse en conduite à droite et en France on réalisait des Niva en version cabriolet. Résultat, les voitures s’entassaient sur les parcs de stockages d’URSS. Mais ce « cadeau » n’a pas duré longtemps.
- Appel à la chance :
Ceux qui n’avaient pas profité des Moskvitch pouvaient encore acheter des billets de « Sportloto » où des voitures étaient régulièrement mises en jeu. Les probabilités de gagner étaient faibles mais il y en a qui gagnaient !
Les Russes peuvent avoir de la nostalgie pour l’époque soviétique, mais d’un point de vue automobile, ils achètent désormais, pour peu qu’elle soit disponible, la voiture qu'ils veulent et pas seulement de production nationale.
Lu sur : http://www.avtovzglyad.ru/article/2014/08/20/614532-kak-pokupali-mashinyi-v-sssr.html
Adaptation VG