Au début des années 90, il y avait un besoin urgent de remplacer la voiture des responsables locaux de l'administration. A cette époque, les fonctionnaires avaient à leur disposition deux véhicules : la Volga GAZ-24 et la grosse Tchaïka. Cette dernière avait été retirée de la production à cause de la « lutte contre les privilèges » instaurée par Mikhaïl Gorbatchev. C'est alors que pour la remplacer GAZ proposa le modèle 3105, une voiture plus compacte mais bien plus moderne.
Comme souvent en URSS, l’étude de cette voiture n’avait pu être entamée que sur la décision des hautes autorités et qu'il fallait la mettre en production dans le délai le plus court possible. C'est pourquoi, dès 1987, les premiers prototypes de la Volga GAZ-3105 était prêts. Ce modèle disposait de plusieurs innovations pour l’URSS d’alors, comme la direction à crémaillère assistée, le volant réglable en hauteur et en profondeur, les quatre roues motrices permanentes avec différentiel central autobloquant et le pack électrique complet comprenant par exemple le verrouillage centralisé.
Les premiers prototypes (il en existe au moins 3) se distinguaient par leur vitrage latéral en deux parties avec les poignées de portes intégrées dans le verre. Très originale et à la mode, cette solution était pourtant peu pratique car elle impliquait l'abandon des vitres descendantes.
Nikolaï Rizhkov, le chef du gouvernement, considéra que ce double vitrage était une fantaisie indigne d’une voiture officielle. Il avait sans doute raison. C'est pourquoi, l’usine a dû modifier de toute urgence la GAZ-3105. Il y eu donc une deuxième version du modèle, celui qui illustre cet article. A noter que les ingénieurs se sont trompés dans leurs calculs et cette GAZ-3105 pèse sur la balance 200 kg de plus que prévu. De plus, ils ont été obligés d'utiliser un certain nombre de pièces provenant de l’étranger, augmentant le prix final de la voiture.
L’intérieur est très riche pour une voiture « familiale ». Tout ce qui a été possible de rendre électrique, l’a été. On trouve ainsi le verrouillage central, les vitres électriques, les sièges réglables électriquement à l’avant comme à l’arrière (!), les sièges chauffant avec arrêt automatique quand la température souhaitée est atteinte, la climatisation automatique, et comme mentionné plus haut une colonne de direction réglable et assistée. Le système audio d’origine comprend six haut-parleurs : deux sur les portières avant, deux sur le tableau de bord et deux la plage arrière. La climatisation de la GAZ-3105 constitue, pour une voiture soviétique, une véritable œuvre d’art. Automatique, elle maintient la température désirée. Mais ses commandes situées en bas de la console centrale étaient pour le moins difficile à appréhender, surtout en conduisant !
Les ingénieurs ont réussi à réaliser un habitacle spacieux, surtout aux places arrière, pour cette voiture de dimensions similaires à la GAZ-24-10. La banquette arrière était reculée au maximum et on pouvait l’avancer pour régler l’inclinaison de son dossier. Le dessin de l’ensemble avec ses lignes douces et des matériaux de couleurs chaleureuses contribuait également au confort intérieur. De plus il avait finalement été décidé d’abandonner la planche de bord monumentale « à la Tchaïka ».
Qui dit voiture moderne, dit aussi technique de pointe. Les concepteurs ont dû travailler dur sur ce point. Le moteur de la GAZ-3105 est un moteur V8 de 3,4 litres de cylindrée. Le bloc cylindre est en fonte, les culasses et les pistons en aluminium. Les arbres à cames sont entraînés par une double chaîne avec tendeur hydraulique. Au départ on prévoyait aussi des poussoirs hydrauliques avec rattrapage du jeu automatique. En fonction du type de carburateur le moteur développait 156 ou 170 chevaux. Il y a eu aussi les prototypes 31052 équipés d’une injection monopoint Lucas et 31054 avec une injection électronique Abit (Saint-Pétersbourg).
Une solution idéale pour les routes difficiles russes a aussi consisté en l’adoption des quatre roues motrices. La suspension est de type McPherson à l’avant comme à l’arrière avec barres stabilisatrices. Les ingénieurs avaient également envisagé une suspension à garde au sol réglable. Il manquait pourtant à la GAZ-3105 une transmission automatique car les ingénieurs n’ont réussi qu’à concevoir qu’une boîte cinq vitesses, intégrant le pont avant et le différentiel central.
Aussi réussie qu’elle fût, il a n’a pas été jugé nécessaire de produire en série la GAZ-3105. Finalement le gouvernement l’a jugée non rentable. Pourtant, cette GAZ-3105 4x4 V8 avait fait une forte impression aux salons de Leipzig et Bruxelles où elle a été exposée. Seuls ceux qui étaient prêts à débourser de 50 à 60 mille dollars auraient pu l’acheter... C'était le prix d’une bonne voiture étrangère ! C’est pourquoi des 250 exemplaires prévus entre 1992-1996, seulement 55 ont été fabriqués expliquant pourquoi aujourd'hui la voiture est si rare.
Si vous voulez être sûrs d’en croiser une, c’est au Musée GAZ que vous devrez vous rendre. Vous y verrez à la fois le prototype et le modèle dit « de série » !
Lu sur : http://carakoom.com/carakoom/blog/11959/
Adaptation VG