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Le cortège présidentiel sera constitué de Russo-Balt et Orel.

Les voitures qui seront fabriquées dans le cadre du projet « Cortège » seront de la même marque que celles utilisées par les tsars au début du XXème siècle et d’une marque toute nouvelle. Les participants de ce projet visant à produire les nouvelles voitures pour les hauts-fonctionnaires russes, y compris le président, envisagent de faire renaître l’ancienne marque Russo-Balt (Russo-Baltique). Ils évaluent également la possibilité de créer également une autre marque, dont le logo pourrait reprendre les armoiries de la Russie, et qui porterait le nom d’Orel. C’est ce qu’a déclaré aux Izvestia une source proche du projet. Auparavant, on avait appris que des ZiL, GAZ, GAZelles, Volga, Tchaïka et Marussia feraient partie du cortège présidentiel.

La marque « Russo-Balt » avait fait son apparition dans la Russie tsariste. L’usine de wagon russo-balte « RBVZ », une société de la Russie impériale, avait été fondée en 1869. La famille royale lui a acheté 58 voitures. Pendant la guerre, cette usine a été transférée à Moscou et Saint-Pétersbourg et après la Révolution, elle a été nationalisée et s’est reconvertie dans la fabrication d’avions. En 2006, la marque a refait surface. Au Salon de Genève a été présenté la Russo-Balt Impression. Les initiateurs de ce projet étaient Vladimir Reichlin (préparateur de moteurs pour la Porsche Cup également impliqué avec Toyota aux 24h du Mans et en Formule 1), l’homme d’affaires Victor Tankov et Anatoli Mikhaïlov. A l’époque la même Russo-Balt avait proposé la création d’une limousine présidentielle et montré les esquisses d’une voiture basée sur la Rolls-Royce Phantom, mais personne n’avait besoin à ce moment-là d’un projet de ce type.

Anatoli Mikhaïlov, qui a depuis revendu ses parts dans le projet, se souvient : « Cette voiture n’aurait pu voir le jour qu’avec des capitaux privés et des fonds publics. Nous avions trouvé des financements mais le gouvernement n’a pas voulu investir ».

Selon les Izvestia, le promoteur de l’utilisation de la marque Russo-Balt est Maxime Nagaïtsev, le directeur de l’Institut NAMI (l’un des participants au projet « Cortège »). Mais Vladimir Reichlin indique que personne ne lui a jusqu’à présent demandé son avis. « Nous serions ravi de discuter de la question, mais jusqu’à présent nous avons eu aucun contact avec l’une ou l’autre des parties impliquées dans le projet « Cortège ». Vendre notre marque n’a pas de sens puisque nous travaillons à son développement dans le secteur aéronautique. Nous sommes un groupe sérieux en matière d’ingénierie et nous travaillons avec de nombreux fournisseurs dans le monde, notamment en Russie et en Allemagne, et c’est pourquoi nous cherchons à la développer. S’il y a des propositions et que le projet passe du virtuel à la réalité, nous sommes toutefois prêts à les examiner ». Chez NAMI, on se refuse à tous commentaires.

Une autre option à l’étude, selon des sources proches du projet « Cortège », est la création de la marque « Orel » (l’aigle en russe). Bien que la marque Russo-Balt met davantage l’accent sur la sonorité de son nom, les deux marques ont en commun un élément visuel : l’aigle à deux têtes. Un proche du Groupe GAZ fait remarquer que ces deux marques ont toutefois un côté négatif : les problèmes techniques que pourraient connaître ces voitures pourraient nuire à l’image de la Fédération de Russie.

En outre, légalement, l’utilisation des armoiries de l’Etat russe est extrêmement limitée. Selon un décret présidentiel de 1993 « sur l’emblème de Fédération de Russie », l’aigle bicéphale ne peut être utilisé que sur les papiers à entête officiels, les drapeaux et un nombre limité d’objets fixé par le Président russe. Son utilisation est aussi énumérée dans la loi « sur l’emblème de Fédération de Russie » de 2000. Une source proche de Russo-Balt a admis que l’utilisation du symbole de l’Etat pouvait être une source de difficultés : « Le problème est que le symbole du tsar, les armoiries avec l'aigle, est le même que celui utilisé aujourd'hui dans le logo Russo-Balt. C’est le tsar qui avait autorisé la marque à l’utiliser. Maintenant, ce droit d'utilisation doit être donné par le pouvoir actuel ».

Le copropriétaire de la marque, Vladimir Reichlin remarque toutefois que sa voiture a été maintes fois exposées dans des expositions internationales et que « la question ne s’est jamais posée (...) même pour Vladimir Poutine qui se tenait debout à côté de notre projet ». Les avocats de l'entreprise ont étudié le logo et sont venus à la conclusion que la marque « est hors de la zone critique ».

Un spécialiste en héraldique, Stanislav Doumine remarque que la question de la similitude des aigles ne se pose pas : « L’emblème de la Fédération de Russie est une chose. L’emblème de l’Empire Russe en est une autre. Juridiquement ce sont deux choses différentes. L’utilisation de l’aigle bicéphale de l’Etat est limitée. Si un logo ne représente rien d’autre que cet aigle alors on peut l’interpréter comme une violation de la loi. C’est la commission présidentielle en charge de l’héraldique qui doit résoudre la question. Si le logo reprend l’aigle pré-révolutionnaire et qu’on peut le prouver, alors il n’y aura aucun
problème ».

Selon le président de la société de consulting « Kontakt Expert », Grigoriï Troussov, il ne s’agit pas d’une marque commerciale et il n’est pas question de vendre cette voiture. Il ajoute surpris : « Le nom de Russo-Balt est associé avec les Pays Baltes et sonne comme une société conjointe entre la Russie et la Lettonie. Pourquoi voudrions-nous relancer une marque nationale russe en faisant référence à ses racines baltes ? » Il a également un avis similaire sur l’emblème de la Russie dans le logo. Il considère que le symbole impérial associé à une voiture n’est pas une preuve de haute technologie...

Lu sur : http://izvestia.ru/news/544305
Et sur : http://auto.mail.ru/article.html?id=40176
Adaptation VG

Tag(s) : #Projet, #Cortège, #Russo-Balt, #Orel, #Histoire, #Limousine