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Niva Pick-Up : deux théories s’affrontent.

Malheureusement, les Lada Niva ne sont plus trop courantes sur les routes canadiennes. Vendues en petit nombre au cours des années 1980 et 1990, les problèmes de rouille, l’entretien négligé ou le manque de pièces de rechange ont souvent eu raison d’elles. La version pick-up est encore plus rare. C'est une vraie pièce de collection aujourd’hui. Il existe peu de documents qui relatent l’histoire de ce modèle, mais deux théories s’affrontent...

La version la plus courante de la Niva est la trois portes, mais il y a eu de nombreuses autres versions vendues sur différents marchés. La véritable histoire de celles-ci est souvent très confuse. On connait la version cinq portes à empattement rallongé, le pick-up double cabine, la fourgonnette. Il y a aussi un bon nombre de modèles, comme des ambulances voire même des véhicules de transport de fonds, réalisés par des carrossiers plus ou moins indépendants. Il existe également un cabriolet deux portes, habituellement appelé « Cabrio ». Disponible sur plusieurs marchés dont le Canada, le pick-up aurait été transformé dans une usine de tracteur située en Tchécoslovaquie (en Slovaquie aujourd’hui) puis expédié en Russie pour la finition et l’application de la protection antirouille, ce qui au final les rend plus enclins à la rouille que les Niva normales. Un certain nombre de ces Cabrio étaient affublés d’un kit carrosserie assez curieux.

Les Néo-Zélandais avaient leur propre variante pick-up. Elle avait été créée de la manière la plus simple que l’on puisse imaginer. New Zealand Motor Bodies à Palmerson coupait la partie arrière de la Niva, soudait deux gros longerons et y attachait l’essieu arrière avec des ressorts à lames. Le résultat bien que fortement utilitaire ne manquait pas de cohérence. Ce modèle portait le nom de « Taïga » ce qui peut prêter à confusion puisque ce nom était aussi le nom porté par la Niva sur d’autres marchés.

Pour ne pas être en reste, l’Australie voisine a également eu sa propre Niva pick-up, mais son histoire est beaucoup plus intéressante. Dans les années 80, les Australiens avaient un énorme surplus agricole avec l’URSS et ils cherchaient un moyen d’équilibrer cette balance commerciale. Les Niva étaient transformés en pick-up à Martin en Tchécoslovaquie dans l'usine de tracteur où étaient réalisés les cabriolets évoqués plus haut. Ils venaient tout juste de perdre leur contrat de construction de chars soviétiques et recherchaient à tout prix une nouvelle activité.

L’empattement n’était pas modifié mais afin de permettre des chargements de taille raisonnable, 50,5 cm avaient été rajoutés en longueur au porte-à-faux arrière. Ces pick-ups recevaient des pneus Michelin à la place des pneus russes montés en usine. Ils étaient ensuite importés en Australie par Louis Dreyfus, où ils étaient vendus 7,000 dollars australiens net de taxes pour les agriculteurs qui pouvaient en bénéficier. Malheureusement, ces pick-ups sont arrivés juste au moment où le Suzuki Samuraï a fait son apparition sur le marché et où la télévision australienne a organisé un essai déplorable sur la Lada Samara. La demande sur tous les modèles de la marque a chuté quasi instantanément et seul un premier lot de 200 pick-ups « Beaute Ute » a été fabriqué.

Venons-en maintenant à la Niva pick-up canadienne et aux deux théories concurrentes. Selon la première, elle était produite, comme son homologue australienne dans la même usine tchécoslovaque. C’est une théorie de bon sens puisque qu’on peut imaginer que comme cette entreprise fabriquait déjà des pick-ups, en produire quelques-uns de plus ne constituait pas de difficultés. Cependant, cette hypothèse pose un certain nombre de problèmes.

Tout d’abord, les feux arrières sont différents. Les normes en vigueur ont pu imposer l’utilisation de feux déjà homologués sur le marché canadien. Sur le modèle australien, ces feux ressemblent vaguement, mais pas totalement, à ceux d’un VW Combi. L’origine de ceux montés sur le modèle canadien est beaucoup plus claire. Ils proviennent du Chevrolet/GMC Astro Van. Bien-sûr, Lada Canada a peut-être livré une caisse pleine de feux arrière à la Tchécoslovaquie, mais les feux bien moins intégrés de la version australienne implique aussi une forme différente de l’ouverture de la benne ! Et puis sur les deux modèles, la zone autour de la lunette arrière est également différente et l’angle entre la cabine et la benne est moins prononcée sur l’australienne que sur la canadienne dont la découpe est quasi verticale. Il y a également une légère échancrure au sommet de la benne de la canadienne, totalement absente sur l’australienne.

Alors pourquoi donc aurait-on apporté ces modifications pour un si petit nombre d’exemplaires fabriqués ? C’est pour cette raison qu’il semble improbable que la version canadienne ait également été réalisée en Tchécoslovaquie. On a parlé de la Roumanie mais il est possible que cette source ait confondu ces deux pays de l’ancien Bloc de l’Est.

La seconde théorie est que ces pick-ups ont été fabriqués directement au Canada. Depuis 1963, Volvo fabriquait des voitures au Canada grâce à des kits CKD (Completly Knock Down) sur le port d’Halifax en Nouvelle-Ecosse. Lada Canada s’était installé pratiquement à côté et a commencé à assembler des Niva à la fin des années 1980, début des années 1990. Ces pick-ups ont été vendus en gros (riens n’est cependant exact quand on parle de l’histoire de Lada au Canada) entre 1990 et 1992 ! Les dates coïncident. Cela peut donc sembler logique que parallèlement à l’assemblage de Niva normales, l’usine ait pu facilement mettre en œuvre la production de pick-ups. Les chiffres de production sont inconnus, mais ils sont probablement de l’ordre de quelques centaines.

Les pick-up canadiens conservaient la suspension arrière à ressorts hélicoïdaux. Et comme leurs homologues australiens, l’empattement restait d’origine et on rajoutait quelques centimètre derrière les roues arrière. Il valait donc mieux faire attention à la répartition de la charge pour ne dégrader la tenue de route.

Tous ces pick-ups disposent de l’ancien tableau de bord avec les compteurs séparés, mais la version canadienne avait des sièges tissu plus agréables et le toit ouvrant de la version Cossack. Même neufs, les pick-ups étaient beaucoup plus rares que les autres modèles de Niva et aujourd’hui on les compte sur les doigts.

NDT : A noter toutefois un détail qui peut paraître déroutant. La poignée située sur la benne de la version canadienne provient d’une ... Skoda Favorit ! Quelle est donc la vérité ?

Lu sur :
http://www.curbsideclassic.com/curbside-classics-european/curbside-classic-lada-\ niva-pickup-truck/
Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #Lada, #Niva, #Pick-up, #Canada, #Australie, #Utilitaire, #Export