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L'Usine Automobile de Minsk (MAZ) prépare le lancement d'un tout nouveau tracteur routier à cabine conventionnelle (capot long), le MAZ-6440RA. En Europe occidentale, les ensembles routiers avec ce type de tracteur sont pratiquement impossible à rencontrer car la limitation de la longueur totale à 16,5 mètres implique, si on veut les utiliser, de les coupler à des remorques très très courtes. Cela réduit le volume transportable et par conséquent la compétitivité du transport. Il y a pourtant des pays où la contrainte est moins forte. En Russie par exemple, les ensembles routiers peuvent mesurer au maximum 20 mètres. Les tracteurs à capot long peuvent donc circuler librement. Ces capots longs ont certains avantages par rapport aux tracteurs à cabines avancées (au dessus du moteur).
La plus évidente est un niveau de sécurité plus élevé pour le conducteur face aux accidents. Les deux mètres de châssis en plus et le moteur constituent une armure très efficace en cas de choc. De plus, le plancher est situé presque cinquante centimètres plus bas que dans une cabine avancée. A première vue, la différence n'est pas si marquée, mais observez comment un chauffeur routier monte dans la cabine, par exemple, d'un Renault Magnum : il grimpe une échelle en se tenant à des poignées (généralement pas très propres), avec les documents de transport... coincés entre les dents. S'il pouvait, il nous aurait probablement parlé du policier qui l'a arrêté un peu plus tôt, sur la route ou sur le prix des carburants... Enfin si l'on doit jeter un œil au moteur, il faut faire basculer la cabine. Il s'agit d'une manipulation automatisé mais tout ce qui se trouve dans la cabine va voler. Une cabine conventionnelle ne présente pas cet inconvénient.
Le MAZ-6440RA est conçu pour être attelé à une semi-remorque MAZ-975830 pour les transports longues distances. Dans cette configuration l'attelage fait une longueur totale de 18,45m. Cela signifie qu'en Russie, il y a encore de la marge et qu'on peut utiliser une remorque un peu plus longue. Le poids total autorisé en charge est de 63 tonnes.
Le moteur, conçu par l'Usine de Moteurs de Minsk (MMZ) l'a été spécialement pour ce camion : il s'agit d'un moteur V8 de 18 litres développant 600 chevaux à la norme Euro-4. La boîte de vitesse, une des nombreuses pièces importées, est une boîte automatique hydropneumatique "Allison 4500R". La suspension avant et arrière est pneumatique : cela améliore le confort et réduit la pression dynamique sur la route. Le chauffeur dispose d'un régulateur de vitesse, d'un tachygraphe, d'un toit ouvrant électrique, de rétroviseurs électriques et chauffants, d'un chauffage individuel, de la climatisation et d'un réfrigérateur. Ce camion moderne dispose naturellement de l'antiblocage, du contrôle de traction, d'un système de contrôle de stabilité, d'un système audio avec navigation GPS, lecteur DVD et tuner TV. La cabine dispose de deux couchettes.
Le pourcentage de pièces locales (originaire de Biélorussie donc) entrant dans la fabrication de ce tracteur est de 73% et il devrait augmenter dans le futur. Est-ce bon ou mauvais pour le consommateur ? C'est un point discutable. Si cela apporte un bénéfice en terme de qualité, tant mieux. Sinon... Mais MAZ n'a pas l'intention de soutenir à tout prix l'industrie locale. Le camion est un outil de travail et même s'il est incroyablement bon marché, il coûtera de l'argent à son propriétaire s'il est toujours en panne et immobilisé.
Za Roulem a pu essayer ce MAZ-6440RA sur une dizaine de kilomètres sur le polygone d'essais de Minsk. C'est peu mais cela permet déjà de se faire une petite idée. Il n'a pas été possible de jeter un œil sous le capot. Le mécanisme hydraulique était cassé et il n'était pas possible de le relever à la main. C'est mauvais signe pour un véhicule neuf ! Lors du salon "Komtrans-2011" cela fonctionnait : la photo qui illustre l'article a été prise à cette occasion. S'il fallait lui trouver une excuse on pourrait dire que ce camion n'est encore qu'un prototype.
La suspension semble sensible aux secousses malgré le fait que l'on roule en ville. Au début nous avons mis cela sur le fait que le réservoir était vide et qu'il n'y avait pas de remorque. C'est lorsque que le camion roule plus vite qu'on voit la différence. Le cabine est relié au châssis par des tampons en caoutchouc qui filtrent les vibrations à haute fréquence. Mais en série, on nous a promis que la suspension sera pneumatique.
C'est sur le centre d'essais de MAZ - une aire de jeu asphaltée avec une ligne droite d'environ deux kilomètre qu'on a pu enfin prendre le volant. L'ergonomie est au meilleur niveau et la place conducteur n'est pas pire que ce qu'on rencontre chez les concurrents étrangers. Il n'y a que la qualité de la finition, qu'on pourrait qualifier de low-cost : vis apparentes, revêtement bon marché de la couchette, plastiques bas de gamme. Mais si cela se reflète dans le prix final, qui n'a d'ailleurs pas encore été communiqué, on pourra considérer cela comme normal.
Il n'y a pas de levier de vitesse. A sa place on trouve trois boutons au tableau de bord : D - avant ; R - arrière et N - "neutral" et c'est tout. Le moteur de 600ch transforme le tracteur seul en voiture de sport. Sans limiteur, les 125 km/h sont atteints en quinze secondes. Le camion se conduit facilement et en douceur. Les freins sont meilleurs que sur bien des voitures. Les premiers freinages sont beaucoup trop forts, mais on trouve très vite la force à appliquer à la pédale. Il n'est toutefois pas très sage de conduire un tracteur sans sa remorque : ce n'est pas pour cela qu'ils sont conçus. Mais avant de pouvoir l'essayer plus longuement, il faudra terminer les finaliser les tests - ce qui était prévus pour fin 2011 - et l'homologuer.
Légende des photos :
- Le chauffeur est entouré par le tableau de bord, la colonne de direction est réglable.
- A l'avenir on prévoit d'installer les deux couchettes dans une cabine allongée, plus profonde et véritable petit studio.
- 600ch pour un moteur de 18 litres. Il y a encore de la marge.
- La boîte de vitesse automatique, outre qu'elle offre un confort accru pour le conducteur, augmente significativement la longévité du moteur et de la transmission.
- Les trois quart des pièces sont fabriqués en Biélorussie et ce pourcentage ne fera qu'augmenter.
- La cabine est montée "en dur". C'est une solution temporaire puisqu'en série une prévoit une suspension pneumatique.
- La hauteur de sellette peut être contrôlée pneumatiquement depuis la cabine.
Lu sur : https://www.zr.ru/content/articles/394684-maz-6440ra_krasnyj_nos/
Adaptation VG