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Lors du défilé du premier mai 1960, les employés de FSO avaient présenté avec fierté le prototype de leur première voiture de sport. Pourtant un deuxième prototype était resté dans les réserves du bureau d'études du constructeur polonais. Et il allait rester des années dans l'ombre de la Syrena Sport. Il s'agissait aussi d'une première : cette Syrena Mikrobus était la première tentative de l'industrie automobile polonaise de véhicule dans une catégorie désignée aujourd'hui par les termes de minivan ou de MPV (pour Multi Purpose Vehicle).

Avec la reprise économique à partir de 1959, le pays avait besoin d'un véhicule de ce type pour les petites entreprises, les coopératives de production, les communes, le secteur de la santé ou la poste. Comme la Pologne n'en produisait pas, il en importait : Skoda, Standard Vanguard, Renault et DKW. Mais l'achat de ces véhicules et des pièces détachées pour leur entretien coûtait extrêmement cher. Ces fourgonnettes étaient avant tout des bêtes de somme et elles devaient donc associer simplicité, fonctionnalité, fiabilité et prix de revient relativement faible. Pour pouvoir produire une camionnette dans le pays, il fallait donc envisager une simplification des process de production, comme ceux que l'on rencontrait pour la Warszawa.

C'est pourquoi, les premières hypothèses écartaient la production de ce véhicule chez FSO. Les travaux portèrent sur la conception, la réalisation d'un prototype et la préparation de la documentation technique nécessaire à sa production. Afin de minimiser les coûts de mise en place et les coûts de production futurs, il fut envisagé d'utiliser au maximum la base technique de la Syrena et les installations de production existantes. Il fallait donc concevoir ce véhicule en écartant la possibilité d'investir dans de coûteuses presses d'emboutissage, lesquelles avaient constitué un gros problème aux débuts de FSO, sans parler des autres entreprises nationales.

Le projet était pris en charge par la même équipe que celle qui avait travaillé sur la Syrena Sport et était dirigé par Karol Pionnier. La voiture devait être fabriquée sur la même base que la Syrena. La seule différence était qu'elle devait pouvoir transporter sept passagers (et non plus quatre ou cinq) et leurs bagages (dans la limite de 435kg). Elle devrait aussi pouvoir servir d'ambulance ou comme mentionné plus haut de fourgonnette.

Lors de la conception de la Syrena Mikrobus ont été employés certains éléments de transmission que l'on a retrouvé ensuite sur la Syrena 101 produite à partir de 1960. On reprenait aussi une grande partie de la suspension de ce modèle. On retrouvait donc la même suspension avant indépendante avec des amortisseurs télescopiques et le même mécanisme de direction, à l'exception de la colonne de direction. Le système de freinage inchangé était celui des Syrena 100 et 101, ce qui peut paraître aujourd'hui une décision audacieuse quand on sait que le poids total autorisé de la Syrena Mikrobus était de 1385kg soit 100kg de plus. Le cadre du châssis adapté à la nouvelle carrosserie était entièrement nouveau, de même que la suspension arrière de conception nouvelle. Il importait en effet pour un véhicule utilitaire d'obtenir un plancher plat qui faciliterait les chargements et l'aménagement de l'intérieur. La suspension dessinée pour les futures Syrena répondait à cette problématique.

La construction du prototype a débuté fin 1957 et sa présentation officielle au Ministère de l'Industrie lourde a eu lieu à l'automne 1960. Plus tôt, en mai 1960, le prototype de cette Syrena Mikrobus, avait été dévoilé par l'hebdomadaire "Motor" :

"Après la Syrena Sport, un autre modèle intéressant est une fourgonnette basée sur la Syrena. Le châssis inchangé a seulement été rallongé dans sa partie arrière. On note que le remplacement de l'essieu arrière avec des attaches de suspension relativement basses a permis d'obtenir une plancher de chargement parfaitement plat. Bien entendu, ces modifications de structure impliquent également le changement de l'angle de la colonne de direction et du pédalier. Le réservoir de carburant ne se trouve plus sous le capot mais sous le plancher entre les longerons. On prévoit le montage du moteur bicylindre de 750 cm3 développant 27ch ou d'un trois cylindres de 850 cm3 de 35ch. La carrosserie est constituée d'une armature en bois recouverte de feuilles d'acier. On a essayé au maximum d'éviter les surfaces complexes pour faciliter la fabrication.

Cette fourgonnette d'une capacité de 300kg devrait être produite en plusieurs versions. La première est une camionnette fermée conçue pour les entreprises de restauration, le transport du courrier, etc. La seconde est une version passagers avec des vitres sur les côtés et sur la porte arrière. Elle permettra d'emmener 5 personnes plus le conducteur. On pourra enlever les sièges pour transporter des marchandises. D'ailleurs en n'ôtant les sièges que d'un côté il sera possible de transporter encore 2 ou 3 personnes. Elle pourra aussi être transformée en ambulance. Pour l'instant un seul prototype a été fabriqué et aucune décision n'a encore été prise pour la suite".

Il faut rappeler qu'à l'époque les véhicules de ce type n'existaient pas sur le marché. Il faudra attendre 1984 pour voir apparaître les premiers vrais monospaces : Chrysler Voyager et Renault Espace. Visuellement la Syrena Mikrobus ne ressemblait en rien à la berline de base même si elle en reprenait le châssis. La carrosserie reposait sur une structure en bois et le capot moteur était fait dans la même matière plastique que celle utilisée pour la Syrena Sport : une trame en fibre de verre imbibée d'une résine époxy à deux composant portant le nom polonais de PWS pour polyester renforcé).

Le prototype avait trois portes, deux latérales et une à l'arrière avec des charnières visibles à l'extérieur. Mis à part le pare-brise incurvé des Syrena de série, toutes les autres vitres étaient plates et dans un soucis de simplification celles des portières étaient simplement coulissantes. Les autres vitres étaient fixes. Le pare-choc avant était entièrement nouveau (il n'y avait pas de pare-choc arrière), de même que la grande calandre et les encadrements de phares.

Les premiers essais routiers ont confirmé les caractéristiques fonctionnelles de la Syrena Mikrobus. Malgré la présence d'une structure en bois plutôt anachronique, la voiture ne présentait pas de traits négatifs selon les personnes qui ont eu l'occasion de la conduire. Durant tous les essais effectués, aucun problème n'a été rencontré. De plus, pour un prototype, la position de conduite était très confortable. La première tentative de rallongement de la colonne de direction avait été la bonne. En raison de la polyvalence de sa configuration intérieure, ce prototype rencontrait un vrai succès et les employés de FSO se "battaient" pour avoir le droit de l'emprunter le samedi ou le dimanche. Le seul problème grave était l'inadaptabilité des pneus à la charge et c'est pour cette raison que de sept elle s'est transformée en cinq places.

Alors, pourquoi si cette voiture était si bonne a-t-on décidé de mettre fin à son développement ? Pourquoi n'a-t-on pas essayé d'en fabriquer d'autres avec un autre style ou un autre moteur ? Pourquoi après cette première tentative n'a-t-on pas essayé de remplacer la structure en bois par de l'acier et n'a-t-on pas poursuivi la rédaction de la documentation technique pour la produire en série ?

La réponse est simple : ni la Commission de planification, ni le Ministère de l'Industrie lourde, ni le Syndicat de l'Industrie automobile n'ont été en mesure de trouver un endroit approprié pour produire cette Syrena Mikrobus ! Il y avait aussi un autre problème. A cette époque, l'industrie polonaise ne produisait pas de pneus à haute résistance à la charge et l'on ne pouvait donc pas, comme prévu, tirer pleinement parti de la voiture en particulier dans le contexte du remplacement du moteur S15 par le S31. Il aurait donc fallu acheter des pneus à l'étranger et ces dépenses en devises était un argument de poids pour un certain nombre d'opposants...

Comme la Syrena Sport et plus tard la Warszawa Ghia, la Syrena Mikrobus aura donc été un grand gâchis de l'histoire de l'automobile polonaise.

Lu sur : https://www.auto-swiat.pl/wiadomosci/aktualnosci/syrena-mikrobus-pierwszy-polski-minivan/sbtsyxh
Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #FSO, #Syrena, #Mikrobus, #Prototype