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La Russie a beaucoup fait pour sauver et développer son industrie automobile nationale. Dans le même temps, un très grand nombre de marques étrangères ont installé dans le pays des usines d'assemblage. Le gouvernement promet également d'attirer les grands sous-traitants mondiaux de l'automobile. Mais ne s'agit-il pas d'une menace pour les marques locales ?
La question est simple : est-ce que les marques russes ont encore un avenir ? Si nombreux sont ceux qui répondent par la négative, les représentants du gouvernement pensent le contraire. L'un des plus optimistes est Alexeï Rakhmanov, le chef du département automobile au Ministère de l'Industrie et du Commerce de Russie. Bien sûr son poste l'oblige à être optimiste, mais il existe un plan concret pour sortir l'industrie automobile russe de la crise.
L'année 2010 s'est très bien terminée pour le marché russe : les ventes de voitures neuves ont fortement augmenté. La croissance a été de 29,9% par rapport à 2009. Alexeï Rakhmanov estime qu'en 2011 le marché des voitures particulières et des utilitaires légers va croître de 14,8%. En 2011 seront vendues 2,19 millions de voitures, soit 300,000 de plus qu'en 2010.
Certes, le Ministère de l'Industrie et du Commerce met la main à la pâte : l'un des principal moteur de la croissance est constitué par le certificat de mise à la casse (435,000 délivrés à ce jour). Quant au soutien au crédit, il n'est pas terminé et il continuera à avoir une influence sur le marché. Cette aide a représenté 18% du volume des ventes de voitures neuves. C'est AvtoVAZ qui a bénéficié le plus de ces mesures : 80% des certificats de mise à la casse portent sur l'achat d'une Lada. Ensuite viennent par ordre décroissant, Renault, Ford, UAZ, GAZ, VW etc…
En 2011, le Ministère mettra un terme à ces différentes mesures. Mais en douceur. Ainsi, la prime à la casse s'arrêtera en avril, mais ceux qui possède un certificat mais n'ont pas encore acheté de voiture neuve pourront toujours prétendre participer à ce programme. Cependant, il est fort à parier qu'une incitation à la mise à la casse perdurera et constituera l'un des principaux outils permettant de renouveler le parc automobile de la Russie. "Nous étudions un nouveau concept en ce sens. Les conducteurs russes auront de sérieux motifs pour changer leur veille voiture pour un véhicule neuf" a indiqué Alexeï Rakhmanov.
Certes, il n'a pas encore été décidé quelles seront les modalités de ce nouveau programme, mais on parle d'un système d'assurance progressif, où il deviendrait de plus en plus cher d'assurer une voiture ancienne. La responsabilité de la mise à la casse devrait aussi être transmise au constructeur ou à l'importateur du véhicule.
Mais les apparatchiks du Ministère de l'Industrie et du Commerce ont d'autres leviers. Un autre mécanisme pour le développement de l'industrie automobile dans le pays est la mise en place de nouvelles conditions pour les usines de montage. Ces nouvelles mesures ont provoqué l'émoi des fabricants étrangers qui sont en train de s'installer en Russie. La plupart d'entre eux ont critiqué l'obligation de faire au moins 300,000 voitures par an. Selon Ivan Bonchev, du cabinet Ernst&Young, les constructeurs étrangers ont toutefois trouvé une solution pour contourner cette obligation : ils créeront des alliances entre eux pour atteindre ce volume. "Par exemple, VW assemble déjà 150,000 voitures. Pour doubler ce chiffre, il lui suffira de s'allier avec une autre entreprise ayant les même volumes de production" précise-t-il.
En investissant, les constructeurs étrangers seront également capables de répondre à cette contrainte. Mais la nouvelle réglementation ne se limite pas à ce point. Les compagnies russes peuvent être partenaires. Renault, Nissan et AvtoVAZ ont déjà présenté leurs projets communs. Une alliance similaire pourrait avoir lieu chez GAZ et Sollers. Au sein du Ministère on estime que l'avantage que l'industrie automobile peut tirer de ces alliances sera d'attirer les producteurs de composants de haute qualité. Il manque encore en Russie des sous-traitants de niveau mondial.
Avec l'énorme croissance de la production, ces sous-traitants auront besoin de s'installer dans des usines proches des nouveaux sites d'assemblage. Selon Alexeï Rakhmanov, ce processus a déjà commencé et de nombreuses entreprises sont prêtes à signer des accords d'investissement sur le territoire russe.
Cela peut paraître pessimiste, mais si les meilleurs sous-traitants pouvaient fournir pour les Lada Kalina ou les UAZ Patriot des pièces plus modernes et donc plus coûteuses, ces modèles resteraient-ils encore concurrentiels par rapports aux voitures étrangères ? A prix égal, l'acheteur russe préfèrera sans doute choisir une marque étrangère, condamnant ainsi les constructeurs russes à perdre encore des clients... Et là, on pourra légitimement se poser la question de l'avenir de l'industrie automobile russe !
Il est évident que les entreprises russes ont besoin d'une technologie qui va les aider à maintenir des prix bas. Mais les principaux acteurs du secteur ne sont pas pressés à s'en séparer et sans elle, il est difficile d'imaginer une voiture russe compétitive... Bref, la bonne équation sera dure à trouver.
Lu sur : https://www.zr.ru/content/articles/288511-kakaja_nacionalnost_budet_u_rossijskogo_avtoproma_video/
Adaptation VG