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Augmentation de la participation dans Lada : mauvaise affaire ?

Il y a quelques jours, une nouvelle faisait les gros titres de la presse russe : Carlos Ghosn venait d'annoncer que Renault allait utiliser la plateforme de la Kalina pour ses modèles. Une nouvelle sensationnelle ? En fait, non.

Les Français s'intéressent depuis longtemps à la technologie d'AvtoVAZ que ce soit en matière de moteurs ou de carrosserie. La dernière série de crash-tests latéraux et arrière de la Kalina ont démontré que la voiture russe est en mesure d'obtenir une quantité décente de points à l'Euro-NCAP. Et dans certains domaines, elle obtient de meilleurs résultats que la Logan et la Sandero.

Le fait que les futurs modèles de VAZ seront vendus sous trois marques est connu depuis longtemps. C'est clairement indiqué dans la stratégie de développement de l'usine jusqu'en 2020. Cela s'applique avant tout à des voitures qui seront fabriquées sur la plate-forme de la Logan. Mais si la Lada Granta (et donc la Kalina) montre des résultats aussi intéressants en matière de sécurité passive, nous pourrions la vendre également sous la marque Renault et même Nissan. Là aussi, à Togliatti on sait depuis longtemps que les Français regardent avec intérêt la Kalina. La seule question en suspens est de savoir s'ils lui appliqueront leur propre style (ce qui est le plus probable) où s'il s'agira simplement d'une Granta rebadgée.

Il n'est d'ailleurs pas exclu que cette Renault Granta soit vendue également sur les marchés étrangers. Pas des pays proches comme les pays de la CEI, mais des pays un peu plus lointains comme l'Europe de l'Est et du Proche Orient. Ce qui est totalement sûr c'est que l'on ne transfèrera pas la production de la Kalina dans une usine Renault à l'étranger qui fabrique aujourd'hui des milliers de Logan.

Si les Français vont au bout de leurs idées et produisent une version "francisée" de la Kalina, cela permettra de résoudra la moitié des problèmes d'AvtoVAZ, comme le manque d'engagement de l'appareil productif. Tous les plannings de production devront être révisés à la hausse et le très convoité chiffre du million de véhicules par an pourrait être atteint dès 2013.

Maintenant si on observe une baisse des ventes liées à la prime à la casse, VAZ va terminer l'année avec de très bons indicateurs, meilleurs que ce qui était prévu. Et même si cette prime se poursuit, elle ne représentera plus une partie significative des ventes. Toutes les couches sociales inférieures ont déjà remplacées leur vieilles Jigouli pour une nouvelle. C'est pourquoi VAZ a besoin d'une injection rapide de sang neuf. En principe, ce rôle ne sera pas dévolu au break R-90 car il ne joue pas dans la même catégorie de prix. La Granta pourrait être celle qu'on attend mais pour l'acheteur russe, la Granta ne remplacera pas totalement la Jigouli. Bien que c'est le rôle qu'elle doit précisément jouer dans la stratégie d'AvtoVAZ. Elle ne la remplacera pas parce qu'elle coûte beaucoup plus. Elle sera vendue 235,000 à 240,000 roubles selon les derniers chiffres circulant dans l'usine. Et si les ingénieurs font des efforts et que les comptables acceptent de réduire les marges, elle ne pourra pas descendre sous les 220,000 roubles. 7000 dollars... Pour une Lada d'entrée de gamme c'est beaucoup, mais pour une Renault c'est cadeau ! A ce prix là une voiture sous la marque française se vendra comme des petits pains à l'étranger. Et les Français ne sont pas idiots. Comme on le disait plus haut, ils utiliseront donc la plateforme de la Kalina/ Granta.

Ce qu'il y a de marrant, c'est que même en réduisant ses marges au minimum, VAZ en reversa une certaine partie aux Français qui vendront aussi la Kalina sous leur propre marque. A Togliatti on a fait de nombreux cadeaux à Renault puisqu'après avoir acheté à son actionnaire sa technologie, ce dernier en tirera bénéfice. Maintenant, Carlos Ghosn discute avec Poutine de l'augmentation à 50% de la part de Renault dans AvtoVAZ. Mais on ne sait pas encore si c'est 50% plus une action, ou 50% moins une action. Pour faire court, si ce sont les actions de Troïka Dialog, alors Renault n'aura pas encore le contrôle mais peut-être pourront-ils acheter le reste sur le marché libre...

Jusqu'à présent les Français rejetaient de toute leur force l'idée de racheter totalement AvtoVAZ. Et maintenant qu'ils pourraient avoir la majorité de contrôle, ils sont convaincus qu'ils peuvent faire de la Kalina une voiture compétitive. Avec cette majorité des parts, leur marge de manoeuvre sera plus facile. Il est possible que Carlos Ghosn avait déjà cette idée quand il est venu voir Poutine. Une idée qu'il a fallu enrober de formules telles que : "Oui, d'ailleurs, nous nous sommes dits que nous pourrions investir un peu plus dans AvtoVAZ". Alors pourquoi pas ? Si bien sûr le prix est acceptable.

Ne vous inquiétez pas. Le prix sera acceptable. Et il sera celui que fixera Poutine. Cela fait longtemps que le premier ministre aspire à refourguer cette valise sans poignée aux étrangers pour un bon prix. Et Renault n'y perdra pas au change : rien qu'avec le projet Granta (et peu importe la marque qui y est associée), ils vont faire des bénéfices en peu de temps. Supposons que VAZ vaille actuellement 1,7 milliard de dollars et de manière plus réaliste un peu moins. Pensez-vous que Renault ne réussira pas trouver 420 millions de dollars ? C'est moins que le coût de développement d'une voiture équivalente à la Granta et deux fois moins que ce qui avait été investi par Renault en 2008. Et quand on sait le marché prometteur que représente la Russie... Si la Renault Granta n'arrive pas en Europe, il n'est pas improbable que la Granta vendue sous la marque française se vende mieux que l'originale badgée Lada en Russie. Pourquoi ? Parce que le propriétaire de l'usine aura tout loisir de jouer sur les prix et sur les équipements. Par exemple, on refusera la boîte automatique à la Lada et elle sera en option sur la Renault. De cette manière, la moitié du marché sera pour les Français.

Mais il est possible que VAZ soit vendu aux Français pour encore moins cher, 350 millions de dollars. Sergueï Tchemezov et Vladimir Poutine vendront également leurs parts pour n'en conserver que 25%. Il est probable que Igor Komarov restera Président d'AvtoVAZ mais que le directeur général sera Hugues Desmarchelier. Après avoir observé pendant un ou deux ans comment les Français gèrent le trésor national russe, le gouvernement consentira à leur donner une majorité de contrôle...

Lu sur : http://rusautomobile.livejournal.com/121762.html
Adaptation VG

Tag(s) : #Lada, #Renault, #Analyse, #Rusautomobile