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En 2010 sera mis en vente la plus brutale des voitures russes : le Tigr-233001. Il s’agit de la version civile et luxueuse du véhicule militaire Tigr. Za Roulem nous le présente en détails.
Cela tombe bien, cette version va être commercialisée durant l’année du tigre (selon le calendrier chinois). On peut être sûr qu’elle impressionnera à chaque sortie car même le bruit de son moteur diesel rappellera le ronronnement du félin à rayures rassasié d’un bon repas. Le poids du Tigr finira de vous couper la voix : 6 tonnes ! Et si ce n’est le poids, ce sera le prix. Aucune voiture russe produite actuellement ne dépasse dans sa version de base le prix de 3,5 millions de roubles.
Les noms de félins sont une longue tradition dans le monde mécanique : ils sont souvent utilisés pour les voitures, les avions, les hélicoptères, les sous-marins et même les chars d’assaut. Quand l’Usine de construction mécanique d’Arzamas, patrie des BTR, a décidé de produire un tout-terrain militaire, le nom du plus dangereux des prédateurs a été naturellement choisi. Ne serait-ce que pour ses capacités : le Tigr peut franchir des fossés de 50cm de large, des parois verticales de 40cm et accepter des pentes de 20°. Sur terrain accidenté il peut rouler jusqu’à 80km/h et sa vitesse maximale est donnée pour 140km/h (les essayeurs de l’usine affirment même qu’il peut aller plus vite). Le Tigr n’a pas peur de l’eau et peut franchir une rivière grâce à son schnorkel qui domine à près de deux mètres du sol sur le montant de pare-brise droit. Cependant il n’aimera pas la plongée car sa carrosserie n’est pas hermétique.
Son châssis aux longerons très rigides, les roues, les barres de suspension, les ressorts, les réducteurs proviennent du BTR-80 et d’autres véhicules militaires. La version finale du Tigr a été si réussie qu’il a été décidé d’en proposer une version civile. Elle n’est pas faite pour la guerre car la carrosserie cinq portes n’est pas blindée, et il n’y a pas de supports pour les mitrailleuses, les lance-grenades ou l'émetteur radio. Pour le reste, cette version est identique à la version militaire, et coûte la bagatelle de 5,5 millions de roubles (environ 135,000 euros).
A la place d’un vendeur de Tigr, je vendrais cette voiture uniquement après un court essai pour ne pas avoir à endurer les secousses du roulage là où justement il est fait pour rouler. Car la technique embarquée à de quoi provoquer les envies de franchissement les plus folles : deux treuils avec une capacité de traction de 4 tonnes et 20 mètres de câble (il n’y a qu’un treuil dans la version de base). Des pneus strictement identiques aux modèles militaires avec un dispositif de gonflage centralisé. La galerie de toit est équipée de phares longue portée, et il y a également un phare de recherche. Et que dire de la peinture rappelant le pelage d’un tigre. Vous comprendrez pourquoi il est inutile d’admirer longuement le Tigr et qu’il reste inactif. Une seule envie : prendre son volant pour longtemps.
Au tableau de bord, à droite des deux indicateurs de pression des pneus, le bouton (!) de démarrage du moteur diesel « Cummins » américain de 205ch. On prévoit à partir de janvier 2010 de monter le 4 cylindres diesel IaMZ-534, moins cher et développant 68ch de plus. Les deux moteurs disposent d’un équipement utile : un chauffage autonome. Installé confortablement après avoir réglé le siège, un coup d’œil dans le rétroviseur et sur l’instrumentation, j’appuie sur « Start ». Le moteur rugit et les cinq mètres du Tigr commencent à bouger. Vous ne pouvez pas imaginer les sensations que peut vivre un homme adulte quand il s’assoit pour la première au volant de ce gros jouet vivant ! J’ai même failli crier « A l’attaque, cap sur Berlin ! ». C’est vrai que 2010 n’est pas seulement l’année du tigre, mais aussi le 65ème anniversaire de la Grande Victoire Patriotique (la Seconde Guerre Mondiale)...
Conduire cette voiture n’est pas plus difficile qu’une autre et on s’habitue rapidement à sa largeur inhabituelle. Et en plus, elle est assez confortable. Vous vous y sentirez en sécurité. Ce qui n’est pas étonnant quand vous saurez que seules des grenades anti-chars peuvent endommager sa suspension. Le petit volant au style moderne n’est pas forcément à sa place. Il ne s’accorde pas au style général de l’engin mais c’est quand même mieux que le volant de GAZ Sobol de la version de base. L’assistance de direction ne semble pas non plus très puissante. Histoire de rappeler que vous n’êtes pas au volant d’une voiture de sport. A son volant j’ai compris ce que signifie une garde au sol de 40cm : « Attention au trottoir ! Quel trottoir ? ». C’est simple, pour aller en butée de suspension, il faut vraiment le vouloir. Mais pas ici, pas sur l’asphalte.
Quel bonheur. Sur l’autoroute tout le monde me laisse passer. Même ceux qui roulent dans des voitures étrangères hors de prix, même les patrouilles de police. Des policiers en uniforme ont jeté un œil sur moi et sur le Tigr et ont porté la main sur leur arme de service. « Du calme les gars, c’est un blindé pacifique ! ». J’avais envie d’emmener le Tigr dans les bois, dans le désert, dans les chemins boueux, traverser des bosquets... Impossible ! Interdiction de salir son pare-choc. Il s’agit là de l’unique exemplaire civil du Tigr, qui devait être présenté à l’expostion « Interpolitex ». Ses fabricants m’ont promis d’organiser un peu plus tard un véritable essai en tout-terrain. Je pourrai alors vous parler des qualités de franchissement de cette bête.
Si vous prévoyez d’acheter le Tigr avec une boîte de vitesse manuelle, il vous faudra retenir quelques conseils : la première se trouve à la place de la seconde, et la marche arrière à la place de la première. On retrouve la même grille que sur le UAZ. Le Tigr reprend également du tout-terrain d’Oulianovsk la disposition des réservoirs à essence (un de chaque côté). Un autre détail : chaque essuie-glace à son propre moteur. Ils travaillent donc de manière désynchronisée, ce qui finalement pimente la vie des jours de pluie. Durant l’essai, la caméra de recul est tombée en panne (il faudra fiabiliser cet équipement). Lors des manœuvres et pour éviter d’écraser quelqu’un car il faut tout de même reconnaître que ses dimensions énormes sont inhabituelles, j’ai utilisé le klaxon... un vrai signal de locomotive.
La consommation réelle de carburant est de 20 litres aux 100km (sans trop appuyer). Le constructeur propose en option la boîte automatique, l’ABS et tout ce que vous voulez... Seuls vos fantasmes pourront peut-être limiter la liste. Ainsi, toute les teintes de carrosserie, y compris métallisées, sont possibles. Mais l’usine affirme qu’elles ne seront jamais demandées, car tout le monde souhaitera avoir un camouflage militaire.
Quels sont les perspectives de vente ? Le constructeur du Tigr-233001 affirme avoir une capacité de 400 véhicules par an. Actuellement 35 voitures sont en cours de construction. Il n’y a qu’un seul point de vente : la « Compagnie de l’industrie militaire ».
Un point rebutera peut-être les acheteurs potentiels. Pour conduire le Tigr-233001 il faudra posséder le permis de conduire catégorie C. Mais cela ne sera peut-être pas un problème pour eux. Quant à moi, après avoir rendu l’engin, où vais-je trouver l’argent pour en acheter un ? Je n’ai plus que mes yeux pour pleurer...
Fiche technique :
Dimensions, mm :
- Longueur : 5100
- Largeur : 2200
- Hauteur : 2200
- Empattement : 3100
- Voies AV/AR : 1840/1840
- Garde au sol, mm : 400
Poids total, kg : 6300
Capacité de chargement, kg : 1500
Vitesse maxi, km/h : 140
Capacité des réservoirs, l : 136
Consommation en cycle urbain, l/100km : 15
Moteur : 6 cylindres en ligne diesel, 5,9l, 153kW/205ch à 2600 tr/min.
Transmission : boîte de vitesse à 5 rapports, boîte de transfert, blocage central de différentiel, différentiels inter-pont autobloquants.
Freins à tambours.
Pneus : radiaux avec chambres à air, 12,00R18
Lu sur : http://www.zr.ru/a/121636/
Adaptation VG