Comparez aujourd’hui une voiture russe à une voiture étrangère, la première en ressortira toujours KO. Alors pourquoi ne pas faire monter sur le ring deux voitures russes ? Et plus précisément, 2 berlines : la Samara 2115 et la Kalina 1118. Qui l’emportera ? C’est le combat qu’a organisé le journal Za Roulem.
Les combattantes sont déjà montées sur le ring. Nombreux sont ceux qui parieraient sur la Kalina : elle est plus jeune et essaie d’être au niveau de ces concurrentes modernes. Les résultats seront-ils au niveau de ses espérances ?
1er round : l’âge. Ce n’est pas la première excuse pour expliquer une défaite car c’est aussi le gage d’une certaine expérience. Pouvez-vous dire combien de fois la Samara a changé de volant et de tableau de bord ? Pas nous. L’intérieur actuel ne brille ni par sa beauté, ni par son style. Il n’en a pas la prétention. Mais en vous installant vous constaterez que les sièges sont confortables et luxe suprême sont chauffants (c’est un privilège de la version haut de gamme). Ils pourront accueillir sans mal un boxeur de grande taille. Pour être totalement parfait, il aurait fallu ajouter des maintiens latéraux pour ne pas s’accrocher au volant dans les virages mais on ne va pas être vache : vous pourrez passer des heures au volant sans craindre pour votre colonne vertébrale. Dommage que la banquette arrière ne soit pas aussi confortable : il y a peu de place pour les jambes et la garde au toit un peu faible. Cela sera bon pour un junior ou un poids léger.
Comme nous l’avons déjà dit, le tableau de bord est sans prétention : toutefois la partie supérieure n’est pas en plastique dur. Les compteurs sont parfaitement lisibles et l’ordinateur de bord est prêt à vous donner une masse d’information. La Samara marque encore des bon-points. Il y a quand même des défauts : les commandes de vitres avant électriques, situées sur la portière conducteur, sont trop petites. Vous ne les atteindrez qu’à force de tâtonner. Les curseurs de réglage de chauffage sont passés de mode. Dernier défaut : le volant. La jante pourrait être plus épaisse et en plus elle se déforme entre les mains !
Et puis ce n’est pas parce qu’on est tolérant qu’il ne faut pas remarquer d’autres défauts. Pouvoir passer un doigt entre le couvercle de la boîte à gants et le tableau de bord est une honte sur une voiture actuelle. L’absence d’au moins un airbag est également impardonnable au 21ème siècle. Alors, c’est le KO assuré ? Peut-être pas, mais il faut bien avouer qu’un certain nombre de points sont en faveur de la concurrente.
Quel est le contraste quand on monte à bord de la Kalina ? Au premier abord, c’est clair. On est dans une voiture beaucoup plus moderne : le dessin et l’agencement de la planche de bord, les boutons de chauffage beaucoup plus pratiques, le volant à la jante épaisse et intégrant l’airbag. On voit que les ingénieurs ont fait de gros efforts d’ergonomie. Est-ce que cela suffit pour faire pencher la balance en faveur de la Kalina ? Non. Il est trop tôt pour parler de victoire. On ne peut pas apprécier ce plastique dur qui de surcroît absorbe la saleté comme une éponge. En fermant la porte, vous aurez peur que la poignée ne vous reste dans la main. L’espace entre les différents éléments du tableau de bord est également important et l’habillage de la console centrale ne veut décidément pas rester en place. Il faut ajouter qu’il n’est pas aisé de lire les informations de l’ordinateur de bord sur le tout petit écran.
Mais en quoi la Kalina surpasse sa concurrente ? Dans son agencement intérieur. A peine sortis de la Samara vous constaterez qu’ici l’habitacle est beaucoup plus grand. A l’arrière pas de crainte à avoir : la garde au toit est élevée et la largeur aux coudes permettra de s’installer à trois (mais ne faite pas monter à gauche un joueur de rugby : il se coincera les jambes). Cet espace est d’autant plus étonnant que la Kalina est 290mm plus courte que la Samara et que son coffre est très pratique et très vaste puisqu’il ne rend que 27 litres à sa concurrente.
2ème round : sans étonnement vous entendrez le même bruit au démarrage. Elles ont pratiquement les mêmes moteurs. Mais elles ont un caractère totalement différent : la Samara démarre sans à-coup et n’accélère pas trop mal. La frustration viendrait plutôt du grondement du moteur, mais il est compensé par le caractère dynamique de la voiture. Pas moins importants sont les freins efficaces : il est facilement de doser la force à exercer sur la pédale. Même sur la neige la voiture a ralenti progressivement, sans blocage ou dérapage. Le toucher de l’embrayage est un vrai plaisir et il faudra passer les vitesses en douceur, en particulier pour ne pas vous cogner le genou en enclenchant la première. Par contre, rien à faire pour la marche arrière : vous vous cognerez à tous les coups !
La Kalina démarre avec à peine plus de rapidité ou de dynamisme. Et encore ce dynamisme est purement subjectif. La boîte de vitesse n’appelle aucun défaut. Pas de soucis avec la première ou la marche arrière. Il n’y a que la troisième qui demandera un peu d’habitude : un peu à droite, en avant et un peu à gauche. Les freins sont un peu plus durs : la course de la pédale est plus courte et cela freine plus fort. Heureusement cela n’influe pas sur l’efficacité. Autre point, la suspension : la Samara absorbe sans problème les petites inégalités de la route, que vous ressentirez fortement dans la Kalina (avec des bruits peu agréables). Mais la Samara est bien pire sur les chaussées fortement dégradées : avec elle il faudra bien regarder où vous mettez les roues.
Dans les virages, la Samara se montre calme, docile et prévisible. Vous avez toujours suffisamment de temps pour remettre les gaz et vous sortir d’une situation difficile. L’absence de direction assistée ne fera pas de vous un body-builder et les remontées d’informations sont suffisantes.
La Kalina est plus « joueuse ». Les manœuvres brusques troublent son équilibre au risque de vous faire partir dans une belle glissade. La direction est trop légère : dans les trajectoires, c’est le regard qui vous aidera plutôt que le toucher de volant.
Au final : le combat a été plus difficile qu’il n’y paraissait. La Samara est certes vieillissante, mais elle s’est bonifiée avec l’âge et offre un bon confort de marche. Mais il lui manque un certain nombre d’équipements, comme l’ABS et l’airbag, pour lutter à parts égales. Bien qu’elle tienne moins bien la route, la Kalina est plus proche d’une voiture moderne. Elle a l’ABS et en fonction de son niveau de finition elle peut recevoir deux airbags et la climatisation. Et ce n’est pas que du détail, sa meilleure ergonomie peut faire la différence au moment du choix.
Pourtant nous laissons le résultat final à l’appréciation du public. Denis Arutiounian qui a mené cet essai pour Za Roulem souligne : « Le choix entre la Samara et la Kalina est difficile : l’une a vieilli, mais elle est agréable et confortable, l’autre souffre encore de maladies de jeunesse. C’est donc le porte-monnaie qui décidera ».
Lu sur http://www.zr.ru/articles/58906
Adaptation VG