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L'histoire de la traction avant soviétique.

On considère habituellement que la première traction avant soviétique est la « Vosmerka », la VAZ-2108 (la Samara 3 portes). Mais on oublie qu’avant la production en série en 1984, il y a eu énormément de tentative et de nombreux prototypes. En fait l’histoire de la traction avant soviétique a débuté vingt ans plus tôt... Za Roulem nous raconte cette histoire.

Le modernisme de l’industrie automobile soviétique était pourtant au point mort. Dans les années 60, il n’était pas question de penser à la traction avant. Ainsi, au milieu des années 60, Vladimir Andreevitch Mironov, l’un des nombreux ingénieurs russes partisans de cette technique, s’était vu répondre par le Ministre de l’industrie automobile de l’URSS : « Tu veux travailler dans l’automobile ? Oublie la traction avant ! ». Malgré tout, et heureusement, l’Institut de recherche NAMI travaillait déjà sur le sujet.

Mais au début des années 70, même Iouri Aronovitch Dolmatovski, célèbre designer soviétique et « vulgarisateur » de l’automobile restait septique alors qu'il avait en 1936, avec A.U Peltser, connu plus tard pour les voitures de record « Zvezda », et B. N. Popov, dessiné la voiture portant le nom de PDP (leurs initiales). Il s’agissait d’une traction avant avec un moteur de motocyclette PMZ-A750 d’une puissance de 15ch qu’ils prévoyaient de produire à Podolsk. Un projet pourtant resté sans suite. Et c’est peut-être ce mauvais souvenir qui empêchait Dolmatovski de prêcher en faveur de ce mode de propulsion.

Avant la Seconde Guerre Mondiale, il y avait encore peu de voitures à traction avant dans le monde et à la fin du conflit on avait tout d’abord choisit de s’inspirer de l’allemande DKW comme voiture à produire en URSS. Mais elle s’avéra finalement inadaptée à la rudesse des conditions russes, le pays manquant encore largement de routes carrossables. Les ingénieurs relevèrent parmi les défauts de la DKW, le manque de traction dans les fortes côtes, la complexité de la construction et en particulier de sa traction avant.

A l’époque dans le monde, c’est la VW Coccinelle et son moteur arrière qui avait le plus de succès. En URSS, cette architecture fût d’ailleurs longtemps considérée comme la meilleure, au moins pour les voitures compactes. Les tractions avant Citroën et les Panhard françaises et la Saab suédoise étaient considérées comme exotiques, presque comme des curiosités technologiques. Ce n’est qu’au début des années 60 que l’on commença à s’intéresser à la traction avant en URSS, lorsque l’Institut NAMI reçut pour l’étudier une Mini anglaise. La création d’Alec Issigonis impressionna les ingénieurs soviétiques. Et même si le trajet jusqu’à Melitopole en Ukraine avait tué sa suspension à éléments en caoutchouc (la Mini n'avait un débattement de suspension que de 90mm à l’avant et 110mm à l’arrière), NAMI se mit au travail.

Mais le règne de VAZ commençait. Beaucoup considéraient que le choix de produire la Fiat-124 en URSS n’était pas le meilleur car le modèle n’était pas des plus récents (NDT : à relativiser puisque la voiture n'avait que 4 ans). On dit que Leonid Brejnev, avait remis en place A. A. Lipgart, alors directeur de NAMI, en lui rappelant l’importance politique d’un partenariat avec l’Italie.

Lorsqu’il fallu adapter la Fiat-124 aux conditions de l’URSS, l’Institut NAMI faisait déjà des tests de l’Autobianchi Primula, produite par une filiale de Fiat (nota: réputée comme étant la première traction avant moderne). Elle servit de base au premier prototype soviétique, la NAMI-017. Cette version reçu, on ne sait pas pourquoi, le nom de « Vassilki », et disposait d’un moteur expérimental 1,1 litre de 52ch.

Vint ensuite la NAMI-0132, proche extérieurement de la ZAZ-966, avec le même moteur mais les roues avant motrice et une suspension à double triangulation. L’Institut NAMI réalisa même une variante du moteur de la Zaporojets avec refroidissement liquide. On considérait ce moteur plus adapté pour une voiture à traction avant.

Dans la seconde partie des années 60 on fabriqua un prototype basé sur la carrosserie de la Fiat-124 mais utilisant une mécanique de Peugeot 204. Il avait été décidé de tester la fiabilité des voitures à traction avant sur toutes les catégories de véhicules. Les ingénieurs de NAMI réalisèrent même la NAMI-0173 : une carrosserie de Volga GAZ-24, un moteur de Moskvitch-412 installé longitudinalement, une boîte de vitesse originale utilisant le maximum de pièces de la Volga. Le principal problème resta les cardans impossibles à réaliser avec une qualité suffisante.

Pourtant les constructeurs les plus importants commençaient eux-aussi à avoir de l’intérêt pour la traction avant. Le premier prototype de VAZ-E1101, une voiture compacte connue sous le nom de « Cherubachka » a été fabriqué à la fin de l’année 1972, et la NAMI-0132 servit de base à l’arrivée de la traction avant à Zaporojié. Le ministère était désormais d’accord pour accorder des moyens à VAZ et à ZAZ : l’un des précurseurs de la Tavria est la VAZ-ZE1101 « Ladoga » avec une carrosserie dont le dessin est dû à Igor Galchinski.

IZH étudia son propre modèle en même temps que Togliatti à la fin de l’année 1972. La IZH-13 « Start » (aucun rapport avec le microbus de des années 60) avait une carrosserie hatchback, inhabituelle à cette époque en URSS. Un maximum des pièces provenait de la Moskvitch-412. Le directeur de IZHmach, I. F. Beloborodov réussit à trouver des alliés, dont le ministre de l’industrie de défense, S. A. Zverev, mais il n’a jamais pu présenter la voiture au Comité Central.

De son côté l’Institut NAMI travaillait sur une petite voiture. Ses ingénieurs permutèrent le moteur d'une Polski-Fiat 126p pour la transformer en traction avant. Ensuite ils travaillèrent pour l’usine de Serpoukhov et une voiture tout d'abord destinée aux handicapés. Tout s’accéléra lorsque en 1983 VAZ s’associa au projet. Le premier prototype d’Oka, encore avec un moteur de Fiat-126p a été fabriqué en 1984.

Quant à la voiture que l’histoire retient comme la première traction avant soviétique, la VAZ-2108 Spoutnik, il faut savoir que son premier protoype a été construit à la fin de l’année 1978, quand le monde entier roulait déjà dans des Volkswagen, des Ford, des Opel, des Renault et des Fiat aux roues avant motrices. Mais avant de voir apparaître en série la « Vosmerka » il fallu attendre encore sept longues années !

Légende des photos :

  • NAMI-0107 : prototype basé sur l’Autobianchi Primula italienne. La première traction avant soviétique (1966).
  • Zaporojets-NAMI-0132 traction avant, avec un moteur modernisé de 36ch, suspension à ressorts, freins avant à disques (1967).
  • VAZ-E1101 surnommée « Cheburachka » équipée d’un moteur expérimental de 0,9 litre et 50ch (1972).
  • IZH-12 avec suspension arrière à torsion. Son moteur est le Moskvitch-412 légèrement modernisé. Cette voiture passait de 0 à 100km/h en 19s (1972).
  • Prototype de Moskvitch 2141. Les premières photos datent de juin 1979.
  • NAMI-SMZ-1101. Un des ancêtres de l’Oka. La voiture était avant conçue pour les handicapés (1981).
  • Le 31 décembre 1978 : fruit d’un travail en commun avec Porsche. L’un des premiers prototypes de VAZ-2108.

Lu sur : http://www.zr.ru/content/articles/16711-istorija_otechestvennogo_perednego_privoda_vektor_tagi/
Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #NAMI, #VAZ, #ZAZ, #IZH