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Brouillard sur l’Oka.

Le manque de moteurs pour la petite Oka est déjà devenu une fable de quartier. Cela ne fait qu’un an que ZMA, à Naberejnie Tchelny, s’est mise en quête d’une alternative au petit bicylindre VAZ. Nous avons déjà parlé de la petite série d’ « Okatavria », l’Oka avec le moteur 4 cylindres de la Tavria dans une précédent numéro (traduction suivra). Il y a peu de temps on nous a montré d’autres prototypes de voitures d’autres motorisation, y compris un trois cylindres d’origine Suzuki … produit en Chine !

Récemment, et parce les négociations pour la recherche d’un nouveau moteur se font le plus souvent avec des étrangers, on a accroché sur les portes de l’usine ZMA-KamAZ, un panneau rédigé à la hâte en anglais – Small Car Plant. Probablement que personne n’a encore signalé aux dirigeants de la société que Small Car Plant signifie : petite usine de voitures.

Mais ZMA n’est pas aussi petit qu’il peut le paraître à première vue. En effet, on y produit en effet chaque année 40000 voitures. Et la capacité de l’usine est de 75000 voitures par an. Et si on n’atteint pas cette capacité, c’est uniquement en raison du manque de moteurs. Avtovaz a depuis longtemps atteint sa capacité maximale de production de moteurs bicylindres pour l’OKA : 60000 par an. Et 20000 sont destinés à SeAZ à Serpoukhov qui est détenu à 100% par Avtovaz. Il ne reste donc que 40000 moteurs pour ZMA.

Où trouvez les moteurs manquants ? En Ukraine ? Ou pourquoi pas en Chine ?

Il existe en effet une alternative avec le moteur trois cylindres JL368Q3. Ce 796cm3 de 38ch est fabriqué sous licence Suzuki (il équipait autrefois la petite Alto) par le groupe industriel chinois China North Industries (Norinco), qui produit du matériel électronique, des moteurs, des armes et mêmes des tanks. Le moteur a fait ses preuves, il est fiable (Suzuki a une bonne expérience des moteurs de petite cylindrée), et il est équipé d’un arbre d’équilibrage pour réduire les vibrations. La boîte de vitesse à quatre rapports est également d’origine Suzuki et produite en Chine.

Deux prototypes d’Oka « chinoises » ont déjà été fabriquées par ZMA et nous avons réussi à en essayer un. Hélas seulement sur les pistes de l’usine et avec des pneus été. C’est sans doute pour cela qu’il était difficile de sentir les cinq chevaux supplémentaires. La boîte nous a étonné par la mauvaise sélection des vitesses et par la longueur de la transmission. Par contre on note que ce moteur compact s’installe facilement sous le capot de l’Oka (même la roue de secours conserve sa place) et le poids de la voiture n’augmente que de 10kg. Les ingénieurs de ZMA assurent que le moteur chinois est plus silencieux, plus économique, plus fiable et aura une durée de vie plus élevée que le bicylindre Avtovaz. De plus, le Norinco KL368Q3 fonctionne à l’essence A-92 et possède l’injection, ce qui couplé avec un catalyseur lui permet de passer les normes Euro-2.

Et oui, même ZMA commence à penser aux changements écologiques ! Ils nous ont montré un prototype d’Oka standard avec l’injection et le catalyseur. Ce moteur fonctionne de manière plus régulière, sans à coups, consomme 5% de moins. On dit d’ailleurs qu’Avtovaz serait prêt à produire ce modèle en série.

L’Ukraine aussi est sur les rangs pour équiper l’Oka d’un moteur quatre cylindres 1100cm3 MeMZ-245 à injection et catalyseur. Pour l’instant l’Oka à moteur Tavria à carburateur est produite par la société « tuning » de Tchelinsk sous l’appellation d’Astro-Kar. Nous avons conduit cette Oka il y a unemois et lui avons trouvé un grand nombre de défauts – du carburateur mal monté, à la grille de sélection de boîte inversé. Mais sur le modèle qui était montré cette fois-ci aux journalistes, la plupart de ces défauts ont disparu. Le moteur est désormais fixé sur un berceau standard et il n’y a plus d’à-coups de transmission. On a décidé de modifier la sélection de boîte : les ingénieurs sont en train d’élaborer un nouveau mécanisme avec un dessin normal et un débattement réduit du levier de vitesses.

D’ailleurs nous rappellerons que nos mesures d’accélération de la super-Oka étaient modestes. Cette voiture de 49ch n’a pas fait mieux que 17,5s pour atteindre 100km. Mais maintenant à Naberjnie Tchelny on réussit à faire une Oka-extrème avec le moteur MeMZ-3071 de la Slavuta. C’est une 1300cm3 injection de 67 chevaux ! Sur les routes hivernales, cette « chaude » Oka patine sur tous les rapports ! Ce court essai nous a permis de voir que la voiture demande une mise au point sérieuse de son châssis, ce qui risque de tirer le prix vers le haut. C’est la raison pour laquelle ZMA a l’intention de produire cette 67ch uniquement sur commande et la vendre comme une « sportive pour débutants » !

L’année prochaine, outre les 40000 voitures à moteur Avtovaz, ZMA prévoit d’assembler 3000 voitures avec le moteur chinois, et 3000 autres avec le moteur ukrainien. L’Oka à moteur chinois coûtera 550$ plus cher que l’Oka standard et celle à moteur ukrainien environ 500$. Cela signifie que les prix de ces Oka alternatives débuteront à 3500$. Il faut ajouter que le passage aux normes Euro-2 du moteur VAZ augmentera aussi le prix de l’Oka d’un minimum de 400$.

Et ensuite ? Les Chinois sont prêts à livrer environ 30000 moteurs par an, et les Ukrainiens aussi. En principe cela permettra de se passer du moteur Avtovaz. Mais ces Oka à moteurs chinois ou ukrainiens se vendront-elles ? N’y aura-t-il pas de problèmes avec l’entretien, la garantie et les pièces de rechange ? C’est la raison pour laquelle on a aussi pensé à quelqu’un d’autre : parmi les partenaires potentiels on trouve désormais l’usine de moteurs d’Oufa (UZAM). L’ancien fournisseur de Moskvitch et de IZH s’occupe désormais seulement de la fabrication de pièces de rechange, mais il serait prêt rapidement à la demande de ZMA à mettre en production un trois cylindres sous licence européenne (dont on ne connaît pas le nom).

Mais ZMA n’a pas qu’un problème de motorisation. Les lecteurs d’Autoreview se rappelleront que les résultats du crash-test EuroNCAP de l’Oka ZMA ont été encore pire que ceux de l’Oka SeAZ. La carosserie de cette voiture n’avait pas été assemblée chez ZMA mais dans l’usine KamAZ, avec un non respect évident des normes de montage. C’est la raison pour laquelle après ce crash-test il a été décidé d’optimiser le processus de soudure de la carrosserie aussi bien chez ZMA que chez KamAZ. Mais les collaborateurs de ZMA se plaignent que seules les carrosseries qu’ils produisent sont soumises à des tests draconiens ! Mais l’usine KamAZ vit sa vie … Pour résumé, les acheteurs d’une Oka « KamAZ » n’auront aucune garantie de sécurité.

ZMA n’est pas encore prêt à introduire des changements sérieux pour la sécurité passive dans la structure de l’Oka … C’est trop cher. Imaginez qu’on a même pas de place pour installer des barres de sécurité dans les portières de l’Oka. ZMA ne veut pas changer les presses au titre de la sécurité. Mais serait prêt à le faire pour le design ! L’an prochain, l’usine envisage d’investir 30 millions de dollars pour industrialiser une Oka restylée. La société « Kora » a déjà dessiné des nouveaux phares, pare-chocs, capot et ailes. Ils veulent fabriquer l’Oka modernisée parallèlement à l’actuelle. On ne sait rien du prix, mais il est clair que pour rembourser 30 millions de dollars quand on ne produit que 40000 voitures par an, devrait avoir une répercussion non négligeable sur le prix de base…

Ces nouveaux moteurs et ce restyling longtemps attendus devraient prolonger la vie de l’Oka pour de quelques années encore. Ensuite ? Tout est encore un peu dans le brouillard. L’Oka-2 dont on a beaucoup parlé depuis deux ans nécessitera pas moins de 120 millions de dollars d’investissements. Pour l’instant on ne sait pas où les trouver et c’est pourquoi l’Oka-2 ne devrait pas voir le jour avant 2010. Si jamais elle voit le jour car ZMA est déjà en négociation avec des partenaires étrangers pour produire une voiture sous licence. Comme d’autre entreprises avant elle, ZMA pourrait donc bien se transformer en une vulgaire usine de montage.

Lu sur : http://www.autoreview.ru/new_site/year2004/n24/oka/1.htm
Adaptation VG

Tag(s) : #Oka, #Economie, #Analyse