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Volga GAZ-3102 : sa majesté.

L’usine GAZ de Nijni-Novgorod n’est pas seulement connue pour ses Volga. Un autre modèle est aussi fabriqué par le constructeur russe, même si cela fait bien longtemps qu’il n’est plus à proprement parlé produit en série (NDT : cet article date de 2000). Bon an mal an, on en assemble une dizaine d’exemplaires. Ce modèle, c’est la GAZ-3102. Une vraie voiture exclusive. Même Ferrari produit en plus grande quantité ses modèles. Elle coûte de 1000 à 1500 dollars de plus que la Volga 3110 avec l’option intérieur cuir. La revue Koleso s’est penchée sur ce modèle pour savoir si l’acheteur potentiel en avait pour son argent.

Pour commencer, il faut revenir sur l’histoire de la GAZ-3102. Au milieu des années 70, la nomenklatura commença à ressentir un vide entre la prestigieuse Tchaïka destinée aux cadres supérieurs et la Volga, accessible en principe au commun des mortels. C’est la raison pour laquelle il fut demandé à GAZ, principal fournisseur en voiture officielles, de concevoir une voiture destinée aux fonctionnaires soviétiques. En 1980, la GAZ-3102 termine ses tests d’homologations et les premiers exemplaires de pré-série sont fabriqués au printemps 1981, pour l’ouverture du XXVI ème congrès du PCUS. Le premier exemplaire produit est même destiné au garage personnel du Secrétaire Général du PC, Leonid Brejnev.

La GAZ-3102 avait tout ce que l’on attendrait aujourd’hui de la GAZ-3111. C’était alors la voiture la plus avancée de la production nationale et elle n’avait pas à rougir face à la concurrence étrangère. Ses phares rectangulaires, les clignotants débordant sur les ailes, les grands feux arrière (cette mode ne toucha l’occident qu’une décennie plus tard), la découpe des vitres avant sans déflecteur et les poignées de portes intégrées lui permirent d’être dans le coup pendant quelque temps. A l’intérieur on pouvait dire la même chose du volant rembourré et des compteurs en retrait sur le tableau de bord, de sa sellerie en velours ou de son accoudoir arrière généreux. De plus, côté motorisation, la GAZ-3102 se distinguait de la Volga GAZ-24 par son moteur de 98ch, de sa suspension et sa direction légèrement modifiées et ses freins arrière à disques. Pour le transport de personnes vip, on fabriquait sur commande une version équipée du moteur V8 de la GAZ-14 couplé à une boîte automatique et disposant de la direction assistée, de la climatisation, de l’intérieur cuir et du pack électrique. Il faut aussi signaler que chaque exemplaire fabriqué subissait un contrôle qualité accru et rappeler que la voiture n’était pas en vente libre, même sous dérogation. Ce n'est qu'en 1986 que la GAZ-3102 a commencé à se démocratiser, lorsque la GAZ-24-10 modernisée a reçu une partie de son équipement.

La Perestroïka a été synonyme de l’arrivée massive de voitures étrangères de toutes catégories et de toutes marques, mais aussi d’une baisse sans précédent de la qualité de la production soviétique. La GAZ-3102 n’y a pas échappé, le point d’orgue étant atteint en 1997 quand les modèles 3110 et 3102 ont été rationalisés. Ils ne se distinguaient désormais plus que par leur carrosserie, le reste de la mécanique étant identique. Toutefois, la GAZ-3102 avait encore le droit lors de sa fabrication à une sélection plus rigoureuse des pièces et une attention particulière sur la chaîne.

Aujourd’hui la GAZ-3102 est proposée par l’usine en dix versions. La version 411 ouvre la liste avec son moteur dégonflé ZMZ-4021 marchant à l’essence A-76 et son petit réservoir de 55 litres. Ensuite on trouve trois versions avec le moteur ZMZ-402 8 soupapes et six versions avec le moteur ZMZ-4062 16 soupapes. Les versions les plus luxueuses sont les 106 et 108 avec la direction assistée, la climatisation, les vitres teintées, les jantes alliage et un réservoir de 70 litres. La sellerie en velours est en série sur toutes les versions. Mais en fait, il n’y a aucune limite, et des petites sociétés de Nijni-Novgorod ont des spécialistes capables de faire monter le prix de la voiture à 20,000 dollars et plus en installant des moteurs Rover ou Toyota, des boîtes automatiques, en renforçant la transmission et la suspension et bien entendu en modifiant l’intérieur.

Koleso a donc pu essayer une GAZ-3102 de série en se focalisant sur ce qui la différencie d’une « vulgaire » GAZ-3110. Et malheureusement, il n’y pas tant de différences que cela.

Commençons par l’extérieur. J’ai été submergé par mes souvenirs d’enfance quand j’ai récupéré la voiture pour l’essai. Quand j’étais petit, j’étais amoureux de cette voiture et ma mère a contribué à cette passion et je tiens aujourd’hui à l’en remercier. Un jour pour ne pas faire la queue pour un taxi (ce qui n’était pas rare au milieu des années 80), ma mère a décidé de héler une voiture dans la rue et son choix c’est délibérément porté sur une berline sombre, brillant au soleil. Ce qui m’avait le plus marqué dans la voiture, ce sont les sièges moelleux couleur vert foncé et le sentiment d’espace. Quand nous sommes ressortis de la voiture, ma mère m’a dit « Tu as vu, c’est ça une voiture ! » et j’ai couru vers l’arrière et j’ai été littéralement horrifié par l’écriture sur le coffre : « Volga ». Mon deuxième souvenir date également de cette période. Une scène majestueuse de la série télévisée « TASS est autorisé à déclarer » est restée gravée dans ma mémoire. Celle d’une GAZ-3102 noire roulant dans le centre désert de Moscou (le temps du tournage bien sûr) et dégageant un sentiment de supériorité. Le triptyque du pouvoir était là : des bâtiments gouvernementaux massifs, de larges avenues et la Volga.

Quinze années ont passé et la GAZ-3102 n’a rien perdu de sa superbe car elle a eu beaucoup de chance. Elle a réussi à s’embellir, vieillir et enfin devenir un classique de l’automobile. Aujourd’hui on peut dire ce qui a inspiré cette voiture : la Mercedes-Benz W123 de 1976. Le dessin caractéristique des phares, l’embouti de capot et la forme du couvercle du coffre à bagages, la calandre chromée, les pare-chocs chromés avec des buttoirs en caoutchouc, il n’y a pas l’ombre d’un doute. Malgré des dimensions plus petites, la Volga ressemble presque à une Rolls-Royce. Et si son aspect monumental ne suffit pas, rajoutez 2 gyrophares sur le toit, les petites antennes, les phares anti-brouillard jaunes, les vitres teintées couleur bronze plus une immatriculation d’intouchable et vous verrez.

L’exemplaire essayé est une version 103. Cela signifie que la voiture est équipée d’un moteur de 150ch, de la direction assistée, de la climatisation et du réservoir de 70 litres. La première GAZ-3102 avec le moteur ZMZ-4062 a été présentée en août 1993 : il s’agissait de la GAZ-3102-12. Celle-ci n’a été mise en vente libre qu’en 1997. Si ce n’est que par ses commandes de la climatisation, l’intérieur de la GAZ-3102 ne diffère de celui de la GAZ-3110 que par quelques détails comme les garnitures de portes ou la sellerie plus agréable. On retrouve la même faible hauteur de plafond, les mêmes sièges moelleux, le même tableau de bord agréablement dessiné et le même espace pour les passagers arrière.

Tout est comme dans la GAZ-3110 : les vibrations au ralenti, le bruit du moteur à haut régime, le bourdonnement de la transmission, les freins durs et manquant de consistance, la direction peu informative avec une démultiplication importante. On trouve aussi le couple généreux à bas régime, le moteur énergique au dessus de 3,500 tr/min et la boîte de vitesse bien étagée. Mais il y a tout de même une différence, et elle joue en faveur de la GAZ-3102. Cette dernière est plus confortable : elle absorbe mieux les irrégularités de la route (les petites comme les grandes) sans doute parce qu’elle est plus lourde que la GAZ-3110 d’une cinquantaine de kilos. Au-delà de 100km/h, les surfaces plates de sa carrosserie font office de spoiler qui la plaque au sol et lui procure une meilleure stabilité sur la route. Le chauffeur de la GAZ-3102 a moins de correction à apporter au volant, ce qui améliore directement la sécurité et réduit la fatigue de conduite. Le porte à faux arrière accru de 16cm devrait augmenter la propension à survirer, mais il n’en est rien.

Au final que doit-on conclure ? Comparé une GAZ-3110, vous ne paierez que pour l’image et pas du tout pour l’équipement ou pour les qualités routière (ou si peu). Les quelques milliers de roubles que vous consentirez à son achat serviront donc à vous offrir ce design conservateur et un assemblage et des pièces de meilleure qualité que pour une Volga de base. Et ce n’est pas rien, puisque la GAZ-3102 reste pour l’instant le modèle russe le plus prestigieux en production. Nous pouvons donc en recommander l’achat à ceux qui ont la possibilité de s’offrir une voiture ayant tous les attributs d’une voiture gouvernementale et qui ne veulent pas acheter une vulgaire Mercedes Classe S.

Lu sur : http://www.kolesa.ru/article/2004/01/22/38_12
Adaptation VG

Tag(s) : #GAZ, #Volga, #3102, #Essai