Manipulations fiscales, évasion fiscale, optimisation fiscale : toutes ces expressions peuvent évoquer des poursuites pénales, mais elles n'ont pas non plus échappé à l'industrie automobile. Aujourd'hui encore, dans de nombreux pays, il est financièrement plus avantageux de conduire un véhicule utilitaire qu'une voiture particulière. Pourquoi ? Et comment Skoda s'est-il adapté à ce système dans le passé ? Une visite au musée Svet Skodovek vous le dira.
Svet Skodovek (« le Monde des Skoda ») est un musée situé juste à côté de Prague où l'on peut trouver un certain nombre de véhicules uniques. Parmi eux, un quatuor de breaks historiques qui ne sont pas seulement pratiques, mais qui ont contribué, en leur temps, à la fraude fiscale. Enfin, pas toutes, car vous pouvez aussi trouver, par exemple, un taxi-cargo ou un véhicule funéraire.
Skoda 1101 Tudor STW :
La Skoda Tudor avec une structure de caisse en bois a été fabriquée entre 1946 et 1952, et l’exemplaire exposé au musée, avec son moteur 1,1 litre de 32 ch, date de 1951. Ces modèles étaient badgés 1101 et 1102 et se déclinaient en plusieurs variantes, de la berline à l'ambulance ou au cabriolet, en passant par une version militaire et, bien entendu, le break ou « Stejsn » (de l’anglais Station Wagon écrit phonétiquement en tchèque).
Peu d'exemplaires de la gamme Tudor ont survécu, mais Svet Skodovek a trouvé celui qui est exposé en Finlande et qui nous raconte l'histoire de l'optimisation fiscale. À l'époque, il était fiscalement avantageux de conduire une voiture utilitaire. Les « Stejsn » sont donc arrivés en Finlande en tant que véhicules utilitaires (sous forme de fourgonnettes tôlées), mais...
L'astuce, c'est qu'à l'intérieur de la voiture se trouvait un kit de conversion pour en faire un véhicule de tourisme. Ainsi, un bricoleur remplaçait la tôle dure par des fenêtres et pouvait donc conduire une voiture particulière, mais en payant les taxes moins élevées du véhicule utilitaire.
Skoda 1201 STW :
C'est avec l'arrivée de la 1201 que la popularité des breaks a décollé un peu plus, surtout auprès des entreprises. Après la berline, les breaks étaient le deuxième style de carrosserie le plus répandu dans la gamme. Le citoyen moyen n'avait pas beaucoup d’options pour obtenir une 1201 STW.
Le modèle présenté ici date de 1957 et est équipé d'un moteur de 1,2 litre développant 45 chevaux. Il s'agit d'une réplique, mais d'une réplique exacte, d'un véhicule qui était utilisé pour transporter le sang entre les hôpitaux de Prague à la fin des années 1950 et au début des années 1960.
Fourgonnette Skoda 1201 :
Beaucoup d'entre vous ont déjà compris que la 1201 est en fait une sorte d'évolution du modèle Tudor (voir la première voiture), qui a été suivi en 1952 par la Skoda 1200 à carrosserie entièrement métallique, puis par la série 1201. Ces voitures modernisées ont été construites à 67,000 exemplaires.
Outre les berlines, les pickups, les ambulances et autres variantes, de nombreux breaks ont survécu en raison de la popularité de leur design, mais peu de fourgonnettes. Principalement parce qu'il s'agissait de pures fourgonnettes utilitaires et que leurs utilisateurs n'en avaient plus besoin.
La deuxième raison est l’astuce fiscale dont le 1201 a héritée du 1101. Ainsi, de nombreuses camionnettes ont cessé d'être des camionnettes lorsqu'elles sont arrivées au domicile de leur propriétaire et n'ont donc pas pu survivre en tant que tel.
Il convient de mentionner qu'une grande partie de la production des séries 1200 et 1201 a été exportée vers les pays capitalistes de l'époque, car la Tchécoslovaquie communiste aimait tout simplement les devises étrangères, qui étaient en partie utilisées pour alimenter son économie.
Le modèle exposé est cependant un rare utilitaire, et pas n'importe quel modèle. Il s'agit d'une taxi-cargo de 1962 dotée d'un moteur de 1,2 litre d'une puissance de 45 chevaux. Le véhicule possède encore son taximètre d'époque et, selon les informations de Svet Skodovek, il était exploité par la compagnie des transports de Prague.
Skoda 1202 Corbillard :
Ce corbillard Skoda n'est pas l'œuvre d'un garage renommé, mais un modèle normal de Skoda, qui en a produit 237 entre 1964 et 1968 à l'usine de Vrchlabí.
Pour mieux manipuler le cercueil, des rails extensibles ont été installés dans le plancher, tandis que la porte arrière a été dotée d'un panneau convexe en plexiglas pour permettre au pauvre défunt d'entrer dans la voiture.
Il est intéressant de noter que le premier propriétaire de la voiture était le service des pompes funèbres de la ville de Prague, situé sur la place de la Vieille Ville. Il est tout à fait possible que ces corbillards aient été garés sur cette place aujourd'hui touristique et que l'horloge astronomique de Prague leur ait tenu compagnie lorsqu'ils attendaient pour emmener leurs passagers pour leur dernier voyage.
Sur la portière latérale de la voiture, vous verrez un graphisme qui n'est pas original, mais qui est presque identique à celui utilisé par l'entreprise de pompes funèbres.
Légende des photos :
- Optimisation fiscale ? Oui, mais intelligemment.
- STW, c'est-à-dire break ou « Stejsn ».
- Aujourd'hui, une voiture de ce type s'appellerait certainement la Skoda Funebraq.
Lu sur : https://www.garaz.cz/clanek/reportaze-auto-moto-muzea-kombik-pro-delnika-i-funebraka-pamatujete-na-uzitkove-skodovky-ktere-se-vyuzivaly-k-danovym-podvodum-21012108
Adaptation VG