Le légendaire Muraveï peut être comparé à n'importe quelle voiture de tourisme soviétique, et même la surpasser. C'est compréhensible. À l'époque, posséder sa propre voiture était un luxe sans précédent. On pourrait même dire que c'était un signe d'élitisme. Il était beaucoup plus facile d'acheter un tricycle à moteur. D'autant plus qu'il était aussi plus utile, surtout pour les habitants des campagnes, qui étaient alors nettement plus nombreux qu'aujourd'hui.
Le Muraveï était à la base un vrai scooter. En fait, on le transformait en tricycle avec un essieu porteur à la place de la roue arrière. La conception était aussi simple que possible. Ce miracle de l'ingénierie soviétique était propulsé par un moteur à essence de 199 cm3. Selon les données officielles, la vitesse maximale du Muraveï était de 60 km/h et sa charge utile de 250 kg.
Il a connu un tel succès qu'il est resté sur la chaîne de montage de 1959 à 1995. 46 ans ! Pendant tout ce temps, il a été produit à l'Usine de construction de machines de Toula. Le nombre d’exemplaires produits a été impressionnant. Et encore aujourd'hui encore, il est possible d'acheter un Muraveï dans son état d'origine. Le prix moyen est d'environ 50,000 roubles.
Quel est donc le rapport avec le Manul évoqué dans le titre ? En fait, vous avez là le projet d’un minuscule véhicule utilitaire qui se veut aussi populaire que le Muraveï.
Il n'y a pas ni grande entreprise ni holding derrière ce projet. Nous sommes en présence d'une startup créée par des gars d’Ijevsk, la capitale de l'Oudmourtie, qui veulent voir leur véhicule produit en série, mais qui n'ont pas d'usine de construction de machines derrière eux. Pour l'instant, ils sont à la recherche d'investisseurs qui pourraient les aider à le produire en masse. Ses concepteurs assurent d'ailleurs qu’il a été entièrement conçu en Russie, ce qui pourrait constituer un argument supplémentaire pour trouver des fonds.
L'équipe des développeurs du Manul est composée de trois personnes. L'une d'entre elles était d'ailleurs le concepteur du célèbre Chmel - un autre tricycle à moteur qui aurait pu devenir le successeur du Muraveï, il y a quelques années. Mais les choses n'ont pas marché pour lui à l'époque.
Pour le Muraveï, les trois camarades ont d'abord imaginé le concept même de la machine, puis ont assemblé un prototype en 2019. Récemment, ils ont trouvé un investisseur pour réaliser la deuxième version du Manul en métal et en plastique en tenant compte des défauts du premier exemplaire.
Selon les normes d’homologation, le Manul est un quadricycle. Il dispose d'une cabine biplace en matériaux composites. À l'intérieur, il n'y a que le volant, des pédales, la combinaison la plus simple d'instruments, un allume-cigare et une commande des phares. Il y a aussi un chauffage autonome installé pour les jambes du passager plutôt qu’un chauffage classique. Le volant a été emprunté à une VAZ-2106. Pour être totalement exact il ne s’agit pas du volant dont elle disposait en série. On peut également noter la présence de filets à l'intérieur des portes. Voilà pour l'équipement.
Le Manul est propulsé par un moteur à essence d'origine chinoise Loncin 170MM. Ce moteur de 250 cm3 à refroidissement liquide développe 17 chevaux. Il est associé à une boîte de vitesses manuelle à 5 rapports provenant d'une moto. Cette combinaison permet à ce petit utilitaire d'accélérer jusqu'à 65 km/h. La capacité de charge est de 400 à 450 kg.
Derrière la cabine se trouve un plateau avec des ridelles en acier. Il est à peu près de la même taille que sur le Muraveï. Peut-être un peu plus grand. Bien sûr, ce n'est pas une GAZelle, mais si la cargaison est légère, elle peut monter très haut. D'ailleurs, si l'on se souvient des Muraveï originaux, qui roulaient autour des villages, on a parfois l'impression qu'ils transportaient encore plus de choses que les GAZelles. Normal pour des fourmis me direz-vous (la traduction de Muraveï en russe) !
Le prototype en photo est fidèle à ce que pourrait être un exemplaire de série. On pourra disposer d’une cabine à 2 ou 4 places avec des portières s’ouvrant dans le sens opposé à la marche.
Qu’est-il prévu pour la suite ?
Les financements grâce auxquels ce deuxième prototype a été assemblé, ont permis de louer un site pour le mettre en production. Il ne reste plus qu’à trouver des clients pour en lancer la production.
Le prochain objectif de l'entreprise est d'atteindre une production stable de 5 à 10 véhicules par mois. Un plan plus ambitieux est d'en assembler 1,000 à 1,500 par an. On parle aussi d’un prix de 700,000 roubles pour une petite série. Une production en masse pourrait avoir un effet positif sur son prix. Il faudrait pouvoir descendre à 400,000 roubles soit 2 à 2,5 fois moins que la Lada Granta.
Affaire à suivre,
Lu sur :
https://dzen.ru/a/Zg5nvP_PYFJQfeWL
https://dzen.ru/a/ZfsS2K_SImF83Xvf
Adaptation VG