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Cuba a l'intention (*) d'acheter plus de 500 Lada Vesta et Largus à la Russie, en plus des 344 voitures qui sont arrivées sur l'île de la Liberté il y a environ un an. Les premières voitures se sont ajoutées aux flottes de taxis, et il est maintenant prévu de les transférer à la police locale et aux agences gouvernementales. Les responsables sont convaincus que, tôt ou tard, les Cubains ordinaires achèteront eux aussi des Lada. Mais pour l'instant, ils préfèrent les Jigouli. Cette simple « classique » soviétique, a presque 50 ans, mais n'en paraît « que 15 ».

« Les Largus et Vesta sont très fiables pour nous en tant que taxis. Lorsque j'étais sur place en août, je l'ai moi-même essayé et j’ai parlé aux chauffeurs de taxi, qui en sont tous contents et satisfaits. Les voitures fonctionnent de manière très fiable, elles sont très solides, elles ne tombent pas en panne » - ces propos de l'ambassadeur cubain en Russie, Gerardo Penalvera Portal, lors de sa visite à Ijevsk, ont été récemment repris par de nombreux médias russes.

C'est peut-être vrai. Au cours des 12 années qui se sont écoulées entre les dernières livraisons de Lada à Cuba et celles d’aujourd’hui, les voitures russes ont changé au point d'être méconnaissables. Les berlines Vesta ont fait leurs preuves non seulement en Russie, mais aussi dans les pays de l'UE, et la Largus est à moitié une voiture étrangère, puisqu’à la base une Renault/Dacia. Bien entendu, pour Cuba, où l'on trouve encore des voitures américaines des années 1950 et des voitures soviétiques des années 1970, ces nouveaux produits s'apparentent à une autre révolution.

Mais il s'agit là de la théorie. Dans la pratique, il s'avère que les conducteurs locaux sont tellement habitués aux bonnes vieilles Jigouli qu'ils se méfient de la nouvelle Lada.

L'histoire cubaine des quarante dernières années peut être racontée à travers l'histoire de la Jigouli mieux qu'avec n'importe quel autre véhicule, écrivent les médias locaux. Et ils nous rappellent que les Lada (« Kopeïka », « Chesterka », « Semerka », VAZ-2102 et 2104 et les autres modèles) sont encore exploitées ici dans les services d'ambulance et de police, conduites par les agents de sécurité, accompagnent les cérémonies de mariage et les cortèges funèbres. Elles sont transformées en limousines en rallongeant leur carrosserie, et en cabriolets en enlevant le toit. Les jeunes transforment les Jigoulis en véritables discothèques nocturnes.

« Ces voitures carrées sont devenues les préférées de nombreux Cubains, convaincus qu'elles sont faciles à réparer et qu'il est encore plus facile de trouver des pièces de rechange. Et si la rouille (comme c'est souvent le cas) commence à ronger ses soubassements, il y a toujours un mécanicien pour la réparer. Et le moteur, tant qu'il fonctionne encore, peut être entièrement démonté et refait si nécessaire. Bien qu'il s'agisse d'une tâche titanesque et de longue haleine, s'il y a une chose qu'un Cubain possède en abondance, c'est le temps », écrit le journal cubain La Rioja.

La plupart des Lada cubaines ont près de 50 ans, mais grâce à l'ingéniosité de leurs propriétaires, la plupart d'entre elles ne paraissent avoir que 15 ans, plaisante le journaliste de Cubahora.

Elle est d’ailleurs l’objet de plaisanterie ici ! « La vieille Lada est comme un char d'assaut, raconte le chauffeur de taxi Lazaro Valdes, cité par 14ymedio. - Elle est laide mais solide, et vous ne la trouverez à l’abandon, car dans n'importe quelle partie de Cuba, il y a quelqu'un qui sait comment la réparer ».

Les spécialistes capables de réparer une Jigouli, par exemple, à l'aide d'un cintre, sont respectueusement appelés à Cuba des « ladologues ». Il existe non seulement divers ateliers, mais aussi une production clandestine de pièces détachées, fabriquées à partir de matériaux improvisés. Ils ne toucheront pas aux nouvelles Lada dans un avenir proche. Et ce n'est pas seulement parce qu'elles ne sont pas sensées tomber en panne - le contrat passé avec la Russie implique également la fourniture de pièces détachées.

Les « ladologues » sont apparus ici également parce que les Jigouli, bien qu'appelées « voitures des pauvres », sont loin d'être bon marché. Les prix des VAZ d'occasion commencent à 12,000 dollars et vont jusqu'à 25,000 dollars - pour des versions améliorées en bon état, équipées de l'air conditionné et de roues provenant de voitures étrangères. À titre de comparaison, vous pouvez acheter un appartement de deux pièces à La Havane pour cette somme ! Toutefois, la Lada reste le modèle le plus abordable. Quand on sait qu’une banale Hyundai Accent - l’ancienne Solaris - coûte ici près de 45,000 dollars et une Peugeot 508 - près de 260,000…

La faute en revient au marché automobile fermé depuis longtemps et au régime de sanctions de l'Occident, qui fait que rien n'est attendu ici, à l'exception des Lada de la mère patrie (comme les Cubains de la mère patrie appellent la Russie en plaisantant) et des voitures chinoises. L'embargo sur la vente de voitures neuves a été introduit sur l'île de la Liberté en 1959 et n'a été levé qu'en 2013. Et bien que les habitants soient désormais autorisés à acheter des voitures, celles-ci ne sont accessibles qu'aux stars du sport local et aux fonctionnaires, écrit Cibercuba.

D'aileurs on ne sait pas combien coûtent les Lada Vesta et Largus Cross dans le pays. Ces nouveautés ne sont pas encore arrivées et ne seront pas en vente libre - elles sont destinée à des flottes de taxis et à des entreprises touristiques. Les Cubains, en particulier les habitants de La Havane, testent en masse ces voitures. Comme l'écrit le journal Granma, rien que pour le premier leur premier mois d’exploitation, en février 2018, les 344 voitures ont transporté pas moins de 270,000 clients. Et nous n’avons pas pu trouver dans les médias de critiques dithyrambiques des conducteurs. C'est juste qu'ils doutent encore que la nouvelle Lada soit capable des mêmes exploits que les Zhiguli.

« Elles sont plus confortables et ont de l’électronique, mais ce sont des voitures conçues pour un temps et pas pour une vie, comme les autres », déplore Alexis, l'un des « ladologues » locaux.

« Jusqu'à récemment, la Lada était considérée comme une voiture robuste, mais laide et peu esthétique, explique Maria Antonia, chauffeur de taxi de 20 ans d'expérience, qui connaît bien les capacités de la Jigouli et qui est passée d'une Peugeot produite en Argentine à la Lada Vesta. - Celles qui sont arrivées ont l'air modernes, mais nous devons maintenant voir s'ils seront aussi solides que les anciennes ».

Quoi qu'il en soit, les chauffeurs de taxi cubains commencent à tirer parti des avantages des nouvelles venues. Certains collègues de Maria Antonia ont rajouté à leurs cartes de visite : « Lada modernes et confortables avec un coffre spacieux ». L’un d’entre eux a écrit avec humour « Lada capitaliste », soulignant qu'il s'agit d'une voiture complètement différente. Après tout, si les chauffeurs de taxi peuvent rester nostalgiques des « Jigouli » aussi longtemps qu'ils le souhaitent, les passagers s'habitueront rapidement aux bonnes choses.

Lu sur : https://rg.ru/2019/02/09/kapitalisticheskaia-lada-pochemu-na-kube-ceniat-zhiguli-vyshe-vesta.html
Adaptation VG

(*) Cet article date de 2019.

 

Tag(s) : #VAZ, #Lada, #Jigouli, #Vesta, #Cuba, #Ambiance