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Le journal Vedomosti, qui, selon ses propres termes, dispose d'initiés dans les endroits les plus savoureux et les plus inattendus, a appris que le géant russe de l'énergie Gazprom envisageait d'entrer dans le capital du constructeur de voitures de luxe Aurus. Pas moins de trois sources anonymes ont partagé cette information brûlante avec le média susmentionné.

La première a déclaré que la décision de principe avait déjà été prise au niveau gouvernemental, mais qu'elle ne connaissait pas le calendrier du projet. La deuxième a déclaré que la transaction se ferait en espèces, mais qu'elle ne connaissait pas le montant de la part à racheter. Le troisième a laissé entendre qu'à la suite de la transaction, l’Institut subordonné au ministère de l'industrie et du commerce augmenterait sa participation dans le constructeur à 40 %. Bref, les rumeurs vont bon train...

Ce n'est pas la première fois que des informations de ce type sur Aurus font surface. En janvier 2022, une ressource automobile très connue avait assuré que Sollers et NAMI quittaient les partenaires du projet et que leurs parts seraient transférées à une structure de Rostec. Le portail avait écrit ce qui suit : « Selon nos sources, la raison des changements dans la structure du projet Aurus réside dans les problèmes de production des berlines et limousines Aurus Senat, officiellement lancées à l'usine d'Elabuga le 31 mai 2021. Depuis lors, la production n'a pas atteint le rythme prévu et la qualité des exemplaires de préproduction ne correspond pas à la catégorie de véhicules dans laquelle évolue Aurus. En outre, à ce jour, Aurus n'a reçu qu'une soixantaine de commandes prépayées, alors que selon les plans, l'usine d’Elabuga devrait produire plus de 600 berlines par an ».

Cette fois, les événements ont pris une tournure légèrement différente. La liste des participants au projet n'a pas changé. Cependant, le journal est très clair sur la cause des problèmes internes de l'entreprise. Toute structure commerciale a deux façons de rester à flot : soit mener une activité entrepreneuriale efficace et en tirer des bénéfices, soit se mettre sous la coupe de l'État, motivée par l'importance idéologique de sa mission.

Apparemment, les fondateurs d'Aurus ont d'abord misé sur la première option. Ce n'est pas sans raison qu'ils ont élaboré des projets de production non seulement de limousines gouvernementales, mais aussi de modèles haut de gamme « accessibles » au public. Et les Arabes, en la personne du Fonds Tawazun pour la défense, la sécurité et le développement, ont été attirés par les fondateurs, très probablement non pas pour l'argent - qu'est-ce que 10 millions d'euros aujourd'hui ! - mais pour pénétrer les marchés des Émirats arabes.

Cependant, quelque chose n'a pas fonctionné et l'entreprise n'a pas réussi à réaliser le chiffre d'affaires requis. La situation défavorable du commerce extérieur a probablement eu un impact. Les ventes en Russie ont également été faibles : 31 voitures de la marque ont été vendues en 2022, et en 2023 - 54. On est très loin du seuil de rentabilité, ce qui a été souligné à la fois par le portail susmentionné et par des experts de l'automobile. En particulier, Sergueï Bourgazliev qui a estimé qu'Aurus devrait vendre plus de 500 voitures par an pour atteindre son seuil de rentabilité.

Pour l'instant, l'entreprise est purement déficitaire. Les derniers bilans financiers publiés pour 2021 font état d'une perte nette de 953,6 millions de roubles pour un chiffre d'affaires de 370,1 millions de roubles. Compte tenu de l'importance réelle de l'entreprise pour la Russie, la solution est assez logique : le soutien de l'État.

Il semblerait que personne ne soit mieux placé que Gazprom pour jouer le rôle de soutien financier. Cependant, il y a une nuance : la baisse des recettes provenant des ventes de gaz à l'exportation, la croissance des investissements en capital et la dépréciation du rouble ont fait que l'activité gazière de la société d'État s'est également avérée non rentable au cours du premier semestre de l'année. Selon l'agence TASS, il manquait 255 milliards de roubles à la société mère, contre un bénéfice net de 996,6 milliards de roubles pour la même période de l'année précédente.

La question de savoir si l'État obligera Gazprom à maintenir Aurus à flot est donc très, très incertaine.

Lu sur : https://www.avtovzglyad.ru/avto/avtoprom/2023-10-31-ne-vse-to-zoloto-chto-aurus-spasetsja-li-avtoproizvoditel-ot-kraha/
Adaptation VG

Tag(s) : #Aurus, #Economie