Après l'effondrement de l'URSS, les bus d'occasion ont afflué en Russie depuis l'Europe. Il s'agissait généralement de vieux Mercedes-Benz et MAN allemands : à une époque, on en trouvait probablement dans toutes les grandes villes de la partie européenne de la Russie. Mais il y avait quelques exceptions. Par exemple, à Toula, à la fin du siècle dernier, une centaine de vieux autobus de marque Renault et Heuliez étaient en circulation. Ces véhicules ont assuré l'essentiel du transport de passagers de la ville pendant les quelques années qui ont suivi.
L’assortiment des véhicules arrivés de France était très riche : 10 versions différentes, simples ou articulés, diesel ou diesel-électrique. Ce dernier, un bus en accordéon Renault PER180H était capable d’utiliser les câbles aériens de trolleybus déjà en place. Aujourd’hui, nous nous souviendrons d’autobus encore plus insolites, des Renault SC10 qui se distinguaient par leur design rétro. S'ils avaient d’ailleurs été produits en 1979/81, leur conception remontait au début des années 1960 sous le nom de Saviem.
En termes de période de conception et de dimensions, le Renault/SAVIEM SC10 était l’équivalent de l’autobus soviétique LiAZ-667. Mais leur architecture était radicalement différente. Tout d’abord, à la place du moteur à essence, on trouvait sur l’autobus français un diesel MAN à cylindres horizontaux. Un moteur situé à l’avant, mais pas à droite du conducteur, mais sous celui-ci sur le côté gauche. De ce fait, le siège du conducteur était positionné beaucoup plus haut que le reste des passagers qui de fait, disposaient de plus d’espace. Le plancher était nettement plus bas que sur le LiAZ.
Une autre solution inhabituelle était l'essieu arrière à roues simples qui permettait de réduire par deux la taille des passages de roues. Le Renault SC10 avait aussi une suspension pneumatique qui permettait de rabaisser la hauteur de plancher aux arrêt de bus pour faciliter l’accès des passagers. À l'époque, même les autobus russes les plus récents ne pouvaient se targuer d'une telle caractéristique.
L'habillage de la carrosserie du Renault SC10 était en duralumin, ce qui le rendait insensible à la corrosion. L'intérieur était revêtu d'un tissu résistant, plus confortable. Mais bien sûr, il avait aussi des inconvénients. Le système de freinage faisait souvent l'objet de critiques, et a même été la cause d’accidents, par exemple lorsqu’un employé de la Toulagoravtotrans a été écrasé dans le garage de la compagnie. Et sa vitesse de pointe de 55 km/h laissait beaucoup à désirer.
En raison de leur âge vénérable et de leur kilométrage important, les Renault SC10 ont été retirés du service plus tôt que les autres autobus français. Deux d'entre eux ont été démontés pour pièces presque immédiatement, et d'autres ont été réformés et mis à la ferraille entre 2003 et 2006. Il est toutefois intéressant de noter qu'un Saviem est toujours en service à Tula ! Il ne s’agit pas d’un bus mais d’un camion qui été ramené de France à la même époque et qui sert à dépanner les bus.
Ce camion est le plus ancien de tous les véhicules achetés en Europe à l'époque : il a été produit en 1975. Mais il a survécu sans encombre à une centaine de bus français et dépanne désormais des trolleybus Trolza et des bus NEFAZ et LiAZ.
Légende des photos :
- Une image habituelle de Toula au début des années 2000 : au terminus, un seul Ikarus de l'époque de l'Union Soviétique, entouré de quatre bus français.
- Un lot de Renault SC10 en Biélorussie lors d'un transfert de Lyon vers Toula. Au total, la ville en a acheté 18.
- Un autobus Renault SC10 en service à Toula (en 2003 et photos suivantes).
- Ce Saviem SM340 VTT, construit en 1975, est toujours en service à Toula en tant que tracteur pour les autobus et les trolleybus en panne. Il a l'air aussi fringant que sur cette photo de 2003 !!!
Lu sur : https://dzen.ru/media/mmariya/nazad-v-1990e-vspominaem-o-staryh-francuzskih-avtobusah-rabotavshih-v-rossii-5deeb2ae9ca51205c53fb10d
Adaptation VG