Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

L'histoire d'aujourd'hui, qui date des années 1990, est à la fois typique et atypique de son époque. Comment « attirer » l’acheteur tchèque vers une voiture neuve ? Eh bien, avec un prix bas ! Mais trop c’est trop, quelle que soit l’attractivité du prix. Les lettres « NE » (NDT : lire ici, « NON » en tchèque) dans le nom de la Premier 118 NE illustrent de manière éloquente la supplique des clients tchèques qui, en 1992, se sont prononcés sur cette nouveauté très attendue vendue seulement 99,000 couronnes. NON, ils ne l'ont pas achetée...

Les spécialistes marketing dirigés par Marek Prchal auraient probablement été enthousiasmés par la campagne passionnante d'une certaine société de Liberec qui, en 1992, dans le célèbre magazine automobile de l'époque, Svet Motoru, promettait aux lecteurs la voiture neuve la moins chère de Tchécoslovaquie et d'Europe. Ce Graal devait avoir un prix imbattable de 99,000 couronnes, ce qui était terriblement moins que la Skoda Favorit la moins chère d’alors (136,800 couronnes).

Mais la bombe a explosé d'une manière quelque peu différente de ce que les acheteurs enthousiastes avaient imaginé. Lors du salon de l'automobile de Prague en 1992, une étrange voiture blanche aux formes étonnantes était exposée dans un espace restreint près des vestiaires de ce qui était alors le Palais de la Culture. Sa calandre portait l'insigne PAL (pas la célèbre firme aéronautique tchécoslovaque mais Premier Automobiles Limited), qui désignait le constructeur indien de la Premier 118 NE.

Les rêveurs naïfs de la voiture miracle avaient même versé un acompte de 51,000 couronnes avant d'en voir la splendeur. Il est difficile de dire à quel point ils ont dû être déçus lorsqu'ils ont vu une nouvelle réincarnation de la Fiat 124 des années 1960, qu’ils connaissaient déjà largement avec la Jigouli venue d’URSS. En outre, ils ont appris que l'importateur n'avait même pas essayé d'homologuer la voiture dans le pays et que la direction était à droite !

Devant se fiasco, l'importateur, dont les motivations pour importer cette machine infernale étaient quelque peu mystérieuses, s'est comporté de manière inhabituellement juste pour les années 1990 et a remboursé l'argent versé par l'ensemble des acheteurs potentiels, avant même de baisser le rideau sur ce tragicomique épisode des débuts de l'économie de marché dans l’ex-Tchécoslovaquie.

Comme nous l'avons déjà mentionné, la Premier 118 NE était basée sur la Fiat 124 italienne, mais son voyage vers l'Inde n'avait certainement pas été direct - après tout, elle n'est entrée dans le royaume de la vache sacrée qu'en 1985. Elle n'était pas venue d'Italie ou d'URSS, mais de Martorell en Espagne, où l'on venait de dire adieu à une décennie de production de la Seat 124, qui n'était rien d'autre qu’une Fiat, partenaire du constructeur espagnol avant son rachat par Volkswagen.

Ce véhicule déjà archaïque, avec son architecture classique à moteur avant et pont arrière rigide, semblait encore trop sophistiqué pour les Indiens. Elle aurait pu avoir le moteur 1,400 cm3 Seat double arbre, qui transformait cette voiture légère en lance-pierre, mais en Inde, un vieux 1,200 cm3 Nissan (d'où l'abréviation NE = Nissan Engine) de 53 ch prenait place dans le compartiment moteur couplé à une boîte manuelle à quatre vitesses de même origine.

Cette mécanique japonaise était, après tout, la partie la plus qualitative de la voiture. La qualité de fabrication était désastreuse, malgré l'importation de toute la chaîne de production espagnole. Les plastiques tombaient, la corrosion sévissait immédiatement après peinture et les arêtes vives de la tôle brute qui menaçaient d'amputer des membres humains en de nombreux endroits illustraient bien le désespoir général de ce modèle.

Alors que la production de la Premier s'est poursuivie en Inde, croyez-le ou non, jusqu'en 2001, il ne reste en République Tchèque qu'un seul exemplaire importé. Un habitant de Liberec, peut-être apparenté à l'importateur d'origine, a essayé de la faire rouler après l'avoir convertie en conduite à gauche, en disant qu'il s'agissait d'une Lada. Mais il n'a pas réussi à tromper les techniciens des services chargés de son immatriculation et il l’ a donc vendue à un autre passionné de Most, d'où elle a rejoint la collection du Strnadice Retroautomuz. Elle y est fièrement exposée jusqu'à aujourd'hui.

Nous ne pourrons pas vous conseiller l’achat d’une voiture identique à celle-ci - car, heureusement, il n'y a pas d'autres Premier en Europe !

Lu sur : https://www.autosalon.tv/novinky/retro/retro-nejlevnejsi-auto-90-let-melo-stat-99-tisic-korun-vyklubal-se-z-nej-indicky-zigulik
Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #Premier, #Inde, #Tchéquie