Le tribunal en a décidé ainsi, Super-Avto a été déclaré en faillite (*) et les employés de la société ont été licenciés. C’est ainsi que s’achève l’histoire de l’entreprise, qui produisait en petite série certains modèles Lada.
Confier à une petite entreprise, la production a petite échelle d’une version pas très populaire, mais demandée par les clients, est assez courant chez les grands constructeurs automobiles. Dans la seconde moitié des années 90, la direction d’AvtoVAZ a également décidé de « développer » plusieurs « unités structurelles » de ce type, qui travailleraient sous son égide. Le résultat de cette décision a notamment été l’apparition de la société Super-Avto, enregistrée le 24 janvier 1997.
En quoi ces entreprises étaient avantageuses ? AvtoVAZ est une énorme machine bureaucratique. En externalisant la production en petite série de certaines versions, le géant de l’automobile se débarrasse des coûts liés aux essais et à l’homologation et enrichit sa gamme avec des modèles qui ne seraient pas rentables à produire en raison des faibles volumes.
Super-Avto n’était pas seulement un atelier d’assemblage mais plutôt un bureau de développement et de conception « externe ». A plusieurs reprises, les ingénieurs de la société ont travaillé à la création et à la construction de prototypes : du monospace Nadezhda, de la Niva cinq portes, de la 2112 à trois portes et de la 2110 à empattement long (cette dernière est de devenue la carte de visite de la société).
Mais les produits les plus célèbres étaient les « Deciatka » 1,8 litre et les « Piatnachki » à 16 soupapes. Alors que ces dernières avaient un moteur VAZ, le moteur 1,8 litre avait été développé et était fabriqué par Super-Avto. En 2009, selon l’institut Samarastat, Super-Avto était devenue l’une des plus grandes entreprises de la région de Samara et en 2012, l’année la plus faste de l’entreprise, 280 employés ont produit près de 15 mille voitures, dont la majeure partie était les modèles les plus puissants de Samara.
Lorsque AvtoVAZ a cessé la production de la gamme Samara-2, Super-Avto a décidé de produire une Priora 1,8 litre avec une moteur atmosphérique fondamentalement nouveau (130 ch et 170 Nm). Les prototypes de ce moteur ont passé avec succès des essais au blanc et la préparation de leur production a été réalisée conformément aux normes de qualité de l’Alliance Renault-Nissan.
La production en petite série de la Lada Priora 1.8 a commencé chez Super-Avto vers la fin de 2014. Tout allait bien au début… Mais lorsque l'économie russe a été secouée par la crise, les ventes de la Priora - y compris la version 1.8 - se sont effondrées. En conséquence, Super-Avto n'a tout simplement pas eu le temps de rentabiliser les coûts de préparation de la production et d’homologation de ces voitures.
Super-Avto a également dépensé ses propres deniers pour développer et tester le moteur 1,8 litre (93 ch, 150 Nm), basé sur le moteur Niva type 21214 à huit soupapes. Quand le principal initiateur du projet, le directeur de l'Ingénierie Alain Diboine, a quitté AvtoVAZ, le constructeur a instantanément abandonné l’idée de produire une version plus puissante du tout-terrain - le projet a été gelé.
La situation aurait pu ne pas être aussi difficile si AvtoVAZ avait poursuivi la production de pickups et de voitures spéciaux basés sur la Lada Niva. Cependant, les carrosseries de ces véhicules étaient réalisées par l’atelier prototype OPP, et malgré le transfert des équipements de soudage sur la chaîne principale, la production n'a pas encore repris. En conséquence, Super-Avto a fait faillite. Le pays a perdu une production, certes petite, mais entièrement nationale...
Théoriquement, le « phoenix » pourrait renaître de ses cendres... Tout d'abord, Super-Avto est capable de fournir le moteur de 93 ch susmentionné pour la Chevrolet Niva. Deuxièmement, Avtovaz prévoit de produire des Vesta et des Largus fonctionnant au méthane, qui seront évidemment des produits uniques et dont l'assemblage sur la chaîne de montage principale n'est pas rentable. Troisièmement, les Kalina et Granta 1,8 litre, pour lesquelles la marque Lada n'a tout simplement pas donné son feu vert afin de ne pas interférer avec sa propre gamme Sport, sont prêtes.
Le géant de l'automobile a-t-il lui-même besoin d'une telle entreprise ? L'ancien président Bo Andersson pensait que même les plus petites versions devaient être produites sur la chaîne principale - le constructeur ne ferait aucune marge sur ces modèles, mais cela permettrait de charger la chaîne. C'est pour cela qu’on a commencé à transférer la production des pickups VIS ou des modèles Lada Sport. C’est ce qui conduit aujourd’hui à la faillite de Super-Avto.
Pourtant, récemment, les transferts ont été annulés : VIS continue à fabriquer des utilitaires, Lada Sport continue à fabriquer des Granta et Kalina sportive. Super-Avto est le seul à se démarquer. Mais la position du nouveau directeur Nicolas Maure est toujours inconnue et les représentants de l’usine, lors de sa prise de fonction, ont refusé catégoriquement de commenter le sort des sociétés mentionnées ci-dessus.
Les capacités de production restent toutefois intactes. Faire revivre le bureau d’études de Super-Avto après cette mort clinique - bien sûr, sous un nouveau nom - ne sera possible qu'avec l'apport d'une commande sérieuse et payée partiellement à l’avance. Tous les espoirs sont placés dans la nouvelle direction d’AvtoVAZ, ainsi que chez GM-AvtoVAZ, qui doit soutenir par tous les moyens la demande de la Chevy Niva au moteur de 80 ch désespérément peu puissant.
Lu sur : https://auto.mail.ru/article/61011-priora-18-i-drugie-ladyi-kotoryih-bolshe-ne-budet/
Adaptation VG
(*) PS : article datant de juin 2016.