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Je me souviens d’un voyage en bateau jusqu’en Angleterre pour acheter ma première voiture. C’était en 1994. Acheter une voiture était un rêve lointain. Le dernier chic était les « Vosmerka » et « Deviatka » (VAZ-2108 et 2109), couleur « vert valjota » avec des ailes longues, si vous voyez ce que je veux dire.

Il est clair qu’avec nos niveaux de revenus, il était impossible d'acheter une voiture neuve. Mais on pouvait acheter une « Chetverka » ou une « Piaterka » d’occasion (VAZ-2104 et 2105). Une fois dans une bourse de vente, j’ai une vu une Lada pour un prix intéressant. Quand je suis monté dedans, j’ai été surpris par la double graduation du compteur de vitesse : miles et kilomètres ! Le vendeur m’a expliqué qu’il s’agissait d’une voiture provenant d’Angleterre, dont la conduite avait été repassée à gauche. De nombreuses Jigoulis avaient été vendues en Angleterre et elles étaient bien sûr vendues avec la conduite à droite...

Après avoir achetée d’occasion en Angleterre et, suivant une procédure de « réexportation », la transformation de la direction était effectuée à Saint-Pétersbourg par des artisans locaux. Certains virtuoses déplaçaient même le mécanisme des essuie-glaces et inversaient les phares. Et ces anciennes Lada à conduite à droite étaient très demandées, car elles étaient moins chères et mieux équipées.

Grâce à mes contacts à la Baltic Shipping Company, j'ai acheté deux billets passagers sur navire roulier Mekhanik Evgrafov. Et avec un copain, nous sommes partis pour ce voyage lointain.

Quand nous sommes arrivés à Kingston upon Hull, communément dénommée Hull, nous avons été surpris par la quantité de voitures d'occasion de fabrication soviétique. Suivant les conseils de marins expérimentés, nous avons décidé de ne pas nous précipiter dans notre choix et sommes partis nous promener en ville. Nous avons réservé un taxi en passant par un shipchandler et cela ne nous a pas coûté trop cher.

Bien entendu, nous sommes entrés dans les magasins. A cette époque à Saint-Pétersbourg, comme dans toute la Russie, les rayons étaient vides, surtout pour l’habillement. Je ne parle pas non plus des étals de marché. Ici c’était distingué, propre. De belles enseignes de magasins, des vêtements à la mode, de l’herbe verte et un grand nombre de lapins (sic). C’est ce qui m’a le plus frappé.

Le lendemain, il fallait prendre une décision. J’ai négocié une « Chetverka » pour un prix tout à fait raisonnable, 100-150 livres sterling. Je ne me souviens pas exactement. Le vendeur m’a fait une facture et les marins m’ont aidé à faire monter la voiture sur le bateau, par la rampe. Sur le pont, ils ont arrimé ma « Lada Riva », le nom de la Jigouli en Angleterre !

Sur le chemin du retour après les Détroit danois, nous avons été pris dans une tempête très puissante. Nous sommes restés à l’abri quelque part près du rivage pour attendre qu’elle passe. La tempête était bien réelle. Des marins expérimentés ont même refusé de manger. Nous avons dîné au mess des officiers avec le capitaine et le reste du personnel et je n’arrêtais pas de demander si, sur le pont, les sangles et les cordes qui sécurisaient ma voiture allaient tenir, ce qui amusait énormément les marins.

La voiture était en très bon état. D’ailleurs presque toutes les voitures, surtout les « Vosmerka » et « Deviatka » avaient des toits ouvrants de bonne marque, un volant sport et un bon autoradio. Pendant un certain nombre d’années, j’ai conduit des voitures venues d’Angleterre.

Plus tard, lorsque les Jigoulis anglaises ont commencé à arriver massivement à Saint-Pétersbourg, on m’a proposé (j’étais devenu docker) de les conduire dans un entrepôt du port et m’assurer que des dockers expérimentés (lire : véreux) ne démontaient pas sur les voitures les autoradios ou autres équipements intéressants.

Le business avec les voitures anglaises était bien établi. Je me souviens qu'elles arrivaient par centaines, sur des navires rouliers et mêmes des caboteurs fluvio-maritimes. Quelques revendeurs de Saint-Pétersbourg vendaient exclusivement ces voitures. Elles étaient plutôt en bon état mais avaient toutes un inconvénient : le climat en Angleterre était similaire à celui de Saint-Pétersbourg et presque toutes présentaient une légère corrosion. Habituellement, ce sont les passages de roues et le couvercle de coffre qui étaient concernés.

Mais globalement il s’agissait de bonnes voitures et qui faisaient leur temps sans trop de problèmes. En tout, j'ai eu trois Lada anglaises : un « Chetverka », une « Vosmerka » et une « Devianosto Deviatka » (VAZ-21099) et je m'en souviens avec beaucoup de chaleur. C'était de super voitures !

Légende des photos :

  • Transport de voitures sur un navire roulier de la Baltic Shipping Company.
  • C'est ainsi que les voitures soviétiques étaient exportées.
  • La Lada Riva, ou VAZ-2104 chez nous. Ma première voiture.
  • Une VAZ 2108 venue d'Angleterre avec une antenne, le toit ouvrant, le volant en cuir. C'était une super voiture. Même les essuie-glaces avaient été déplacés. Vous pouvez voir sur la photo les bouchons sur les anciens emplacements de leur mécanisme.

Lu sur : https://zen.yandex.ru/media/kovalev/za-mashinoi-v-angliiu-na-parohode-vspominaia-devianostye-61727de8d3bf1848d6d530f1
Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #Ambiance, #Economie, #Export, #UK, #Témoignage