La Niva Legend Bronto est de retour dans la gamme. Qu’est-ce qui a changé dans cette version et pourquoi payer une telle somme ? Voici les questions que se sont posés les rédacteurs d’Auto.mail.ru avant de la tester.
La Lada Niva Legend Bronto est une version améliorée du tout-terrain russe, qui est produite par la société VIS-Avto, une filiale d’AvtoVAZ. Pendant un certain temps sa production avait été arrêté, mais en septembre, la Niva la plus « cool » est revenue sur la chaîne. Il est vrai que la Bronto coûte beaucoup plus cher que la Lada Niva Legend Urban - 1,009,900 roubles contre 735,900. Il était donc particulièrement intéressant pour nous de tester cette « Niva à un million » ! Est-ce que cela vaut la peine de dépenser autant d’argent pour une Niva ?
Vadim Garagine, rédacteur d’Auto.mail.ru :
Le « pik-pik » après avoir appuyé sur le bouton du porte-clés est exactement le même que dans le film « Black Widow » ou l’héroïne Scarlett Johansson conduit une Niva. Je ne pense pas que l'actrice ait ressenti de la nostalgie en ouvrant la première fois la portière et en manipulant la poignée archaïque, mais je me suis remémoré de ces sentiments avec plaisir. Après tout, il y a 20 ans, j'ai appris les bases de la conduite en « Niva » et j'avais l'habitude de tremper mes amis en roulant dans les flaques d'eau au milieu des garages !
Humm, cette odeur de tapis en caoutchouc, la petite clé qu'il faut insérer dans la serrure à gauche du volant dans une position strictement définie, le long levier de vitesse avec une drôle de boule molle, les vibrations fermes au ralenti... Aujourd'hui, les mêmes notes nostalgiques n'existent que dans le Mercedes « Gelik », où au changement de génération les ingénieurs ont laissé les anciennes serrures de porte privant les propriétaires du coûteux SUV de la possibilité d'un accès sans clé. Cela lui donne une valeur inattendue dans la masse grise des voitures modernes.
Pourtant, beaucoup de choses ont changé sur la Niva. La principale est le nouvel intérieur. Le volant n’a plus le diamètre de Jupiter, vous ne ferez plus tomber votre thermos de thé du porte-gobelet en rétrogradant, et des boutons rotatifs ont fait leur apparition pour régler la climatisation (oui, elle a la clim !). Les sièges sont devenus plus confortables et j’ai remarqué l’étiquette Airbag sur le siège conducteur. La Niva a reçu un seul airbag latéral il y a de cela deux ans car il est nécessaire, avant tout, au bon fonctionnement du système ERA-GLONASS. La Niva n’a pas d’airbags avant.
La pompe de la direction assistée gémit dans les positions extrêmes - les roues avec des pneus « dodus » Kama I-520 Piligram en 235/75 R15 sont un peu trop lourdes pour elle. Ces pneus tout-terrain sont l’une des caractéristiques distinctives de la Bronto. La voiture est faite pour évoluer hors des chaussées goudronnées. Les performances n’impressionnent pas - 18 secondes pour accélérer de 0 à 100km/h et 137 km/h en vitesse maxi, mais elle est étonnamment facile à conduire dans les embouteillages. Le rapport de pont de la Bronto est de 4,1 au lieu de 3,91 pour la Niva standard, ce qui permet de démarrer facilement en seconde.
Certes, ce processus s’accompagne de hurlements de transmission de toutes sortes, et au-delà de 100 km/h vous aurez l’impression d’être dans un avion au décollage. Mais à l’exception du bruit et de la nécessité de frôler la jambe du passager avant pour passer la cinquième vitesse, la conduite sur autoroute est assez confortable - la voiture roule bien droit et la consommation durant toute la durée de notre essai n’a pas dépassé les 12 litres aux 100 km.
Les grandes roues permettent d’oublier ce qui se dressera sur votre chemin. La Bronto ne remarquera pas du tout les nids de poules, les raccords de chaussée, les plaques dégouts et les ralentisseurs. Et en franchissement pur c’est la Reine ! La garde au sol a été portée à 240 mm, l’essieu arrière et les ressorts avant sont renforcés et deux autobloquants ont été ajoutés au différentiel central. Un croisement de pont ? Facile. Une ornière profonde remplie d’eau ? Elle va passer ! L'empattement réduit (2,200 mm) et le poids de 1,285 kg permettent à la Niva de franchir les obstacles, là où les « Crusaks » (Toyota Land Cruiser) ne passent pas. Et la gamme de rapports courts ne font pas regretter la faiblesse du moteur 1.7 et ses 83 chevaux.
Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que, par ses résultats de vente sur les 10 premiers mois de l’année, la gamme Lada Niva (qui comprend depuis peu le Niva Travel, ex-Chevrolet Niva) se situe… à la septième place ! Sur le marché, il n’y a pas d’alternative à ce tout-terrain léger et sans prétention, et le nouvel intérieur à rendu la Niva - dépassée depuis longtemps, plus confortable. Définitivement, la Bronto est destinée à ceux qui utilisent cette voiture comme elle est censée l’être, c’est-à-dire régulièrement en dehors de sentiers battus. En outre, il n’y aura pas de problèmes avec la police : la voiture est de série donc elle ne comporte pas de modifications « illégales ». Et avec ses extensions d’ailes et la rampe de phares Hella sur le toit, elle est cool. C’est un excellent jouet, bien que coûteux.
Sergueï Oudachin, rédacteur en chef d’Auto.mail.ru :
Le modèle de l’état émotionnel des personnes confrontées à une situation fatale ou dystopique, proposée en 1969 par Elizabeth Kübler-Ross, sommité de la psychologie américaine, correspond de manière tout à fait inattendue à la description de la gamme de sentiments ressentis quand on croise la version la plus extrême de la Lada Niva Legend, la Bronto et son prix de départ stupéfiant de 929,900 roubles. On l’appelle aussi la « Niva à un million ».
La voiture testée correspond à ce surnom à plus de 100%. Elle est basée sur la finition Prestige, plus chère (à partir de 984,900 roubles) avec des pare-chocs en pastique et des phares antibrouillards intégrés, des élargisseurs d’ailes et aussi un « chandelier » en option (coûtant plus de 25,000 roubles) - une barre transversale sur le toit surmontée de quatre phares supplémentaires. Et si l’on tient compte du système d’alarme installé avec le verrouillage central et piloté par télécommande, on atteint les 1,009,900 roubles.
Laissez-moi expliquer à ceux qui sont loin de la psychologie. Le modèle de Kübler-Ross comporte cinq étapes d'acceptation de l'inévitable par le patient : le déni, la colère, le marchandage, la dépression et l’acceptation. Il m'a fallu littéralement deux jours d’essai au volant de ce tout-terrain noir à l'allure robuste, équipé de pneus "crantés" effrayants, en 235/75 R15, sur des jantes noires, pour les vivre toutes.
Cette voiture, imaginée l'année même où Elizabeth Kübler-Ross a présenté au monde sa théorie et qui n'a pas radicalement changé depuis, ne peut pas coûter aussi cher. En fait, en plus d'une garde au sol respectable, d'une transmission intégrale, d'un réducteur dans la boîte de transfert, d'un blocage de différentiel central qui sont à la base de ses immenses capacités en tout-terrain, l’argument de poids en faveur de la Niva a toujours été proposée à prix démocratique. Maintenant, l'argument n’est vrai que pour la version de base, où il n'y a même pas d'appuie-tête sur la banquette arrière !
Quoi qu'il en soit, l'agacement dû à la mauvaise ergonomie du siège du conducteur (il date des années 1970), au volant non réglable, à la boule du levier de vitesses mécanique aux cinq rapports flous, ainsi qu'aux vibrations et aux grondements généralisés, effacent les interrogations sur le prix élevé et marquent la transition entre les étapes du déni et de la colère, puis du marchandage avec la dépression et l’appréciation !
Quelqu’un dira : « N’importe quel Niva a ces prétentions ». Les améliorations se cachant sous le beau logo Bronto rappelant les armoiries de la famille et le logo de l’entreprise Christian von Koenigsegg, ne les ont affectés en aucune manière. Il ne suffit pas d'avoir un SUV moderne dans une version haut de gamme juste pour avoir l'air cool et pouvoir se débattre dans la boue. Si les spécialistes de "VIS-Auto" avaient amélioré ces points, et s'ils avaient aussi installé un moteur plus performant ou tout du moins un moteur turbodiesel, le prix d'un million serait beaucoup plus facile à comprendre et à pardonner.
Par contre, si l'on arrête de déprimer sur ses imperfections, on peut tout à fait se contenter du tout-terrain soviétique le plus avancé ! Il est même possible de trouver quelque chose de positif dans son archaïsme. Par exemple, l'indifférence de la suspension et des pneus « dodus » aux bosses et aux dos d'âne, ou la douceur extraordinaire de ces sièges d'apparence simple et chauffants. De plus, extérieurement, la Niva a toujours l'air élégante. Avec ce kit-carrosserie et ces roues tout-terrain, elle est également très sympa. Les regards approbateurs, au moins des propriétaires de Priora et autres connaisseurs de Lada, seront garantis.
En guise d’excuse pour ceux qui accepteront de payer un million de rouble pour cette Niva au lieu de s’acheter un « Cruzak » de 20 ans ou un Pajero de 15 ans, il faut dire que ce prix - apparemment déraisonnable pour un modèle à quatre roues motrices avec une garde au sol de 24 cm, une gamme de rapports courts, des différentiels autobloquants sur les deux essieux et un rapport de pont plus grand - reste insignifiant comparé à d’autres vrais et honnêtes véhicules tout-terrain. Un Hunter privé de confort est vendu à partir de 1,007,000 roubles et un Patriot « nu » à partir de 1,084,000 roubles. Et les prix du petit Suzuki Jimny débutent à 1,859,000 roubles...
Légende de photos :
- Le tableau de bord avec ses boutons de climatisation plus modernes au lieu des anciennes tirettes, est plus esthétique. Mais ce n'est pas suffisant pour effacer de l’habitacle l'odeur de l'héritage soviétique.
- La moquette et autres matériaux similaires sont absents à l’intérieur du Bronto - il n’y a que des revêtements en caoutchouc et du plastique partout. « C’est un vrai tout-terrain » vous diront les fans du modèle. Le confort sonore à l’intérieur est donc un luxe, même à basse vitesse en ville.
- Le volume du coffre varie de 265 à 585 litres, selon la position du dossier de la banquette arrière. On remarquera la goulotte du réservoir du lave-glace.
- Sous le capot avec une épaisse couche d’isolant, on trouve toujours la roue de secours.
Lu sur : https://auto.mail.ru/article/83123-niva-bronto/
Adaptation VG