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L’article au titre philosophique « Comment cela se fait ? » publié dans le numéro 8/1976 de Za Roulem ne peut pas être qualifié autrement que de contre-publicité pour la Jigouli et appelle le lecteur à bien réfléchir s’il doit acheter une voiture de ce type, ou s’il ne vaudrait pas mieux rester sur quelque chose de plus simple comme la Moskvitch. Curieuse aujourd’hui, cette problématique était pourtant tout à fait d’actualité ces années-là et était dictée par la triste expérience de conducteurs « provinciaux » qui avaient acheté sans hésiter une Jigouli - dernière voiture à la mode - et avaient ensuite rencontré des problèmes avec leur entretien.

Le fait est que même six ans après son lancement, il était encore très compliqué de se procurer des pièces de rechange ou des fluides et trouver un service qualifié pour entretenir ou réparer le « miracle de la technologie italienne ». Si à l’époque, les voitures soviétiques étaient principalement réparées dans les cours d’immeuble et partageaient largement leurs consommables, des conditions particulières étaient souvent requises pour s’occuper de la Jigouli dont de nombreuses pièces étaient généralement conçues pour n’être remplacées que par du neuf, sans possibilité de réparation (impossible par exemple de remplacer le roulement de la pompe à eau). Si le problème de pénurie d’essence « 93 » pouvait être plus ou moins bien résolu en passant au « 76 » disponible partout, le moteur de la Jigouli refusait catégoriquement de fonctionner avec de l’huile AS-8 (M-8B), principale huile utilisée à cette époque. L’Italienne exigeait des huiles spéciales du groupe G quand le moteur de la Moskvitch « digérait » assez facilement cette huile AS-8. Ces différences se retrouvaient partout et à cause de tout cela, il y avait même des régions d'URSS dans lesquelles la Jigouli n’était officiellement pas vendue du tout.

Extraits de l’article de Za Roulem de 1976 (entre crochets des rajouts de l’auteur de l’article) :

« Pour entretenir ma Jigouli, je dois prendre deux ou trois jours de congés » écrit V. Lochak de Ienisseïsk à la rédaction. « A chaque fois, je dois parcourir près de mille kilomètres ».

« Que dois-je faire s’il n’y a pas de magasin vendant des pièces détachées dans ma ville de Verkhniaïa Salda, région de Sverdlovsk et que le garage le plus proche se trouve dans la ville voisine ? » écrit G. Neroslov. La situation de V. Rivanov de Sourgout, région de Tioumen, est encore plus compliquée : « Il n’y a pas de garage dans la ville. Le plus proche se trouve à Tioumen à 660 kilomètres mais il n’y a pas de route et il n’y a pas non plus moyen d’y transporter une voiture par chemin de fer ».

Oui, de telles lettres arrivent à la rédaction. Et les propriétaires de Jigouli demandent : Comment cela se fait ? Que faire ? Ils demandent de l’aide. Mais le comité de rédaction ne peut en aucun cas les aider. Si la voiture tombe en panne ou s’il nécessaire de faire son entretien, alors il faut faire inspecter la voiture dans un garage ou chez soi, identifier le problème, remplacer les pièces défectueuses, les huiles usées, les fluides, etc… Vous pouvez acheter tout cela uniquement dans les magasins de pièces automobiles ou dans les stations-service de la marque. Et si vous n’avez ni l’un ni l’autre à proximité, ce n’est pas d’un coup de baguette magique, que vous les trouverez. Le cercle, comme disent les automobilistes qui se trouvent dans une situation difficile, se referme.

Alors essayons de comprendre la situation actuelle.

Une voiture moderne, telle que la Jigouli, a une conception plutôt complexe ce qui explique ses hautes performances et sa fiabilité. Mais ces avantages ne sont possibles que dans le strict respect des règles de fonctionnement et d’entretien et sont associées à l’utilisation d’huiles spéciales, de lubrifiants, d’essence de haute qualité et d’un service qualifié. C’est pourquoi l’Usine Automobile de la Volga (VAZ) recommande fortement que l’entretien soit réalisé par une station-service de la marque, malgré le fait qu’avec une certaine habileté, les conducteurs pourraient effectuer eux-mêmes certaines opérations. Ce n’est que dans les conditions d’un garage, où des personnes qualifiées travaillent sur des postes spécialisés, qu’un bon service est possible.

Le réseau des stations-services de la marque s’agrandit chaque année. Déjà plus de trente centres automobiles spécialisés et plus d’une centaine de stations-services de l’Usine Automobile de la Volga ont été construits. Dans un avenir proche, il est prévu d’ouvrir le même nombre de stations. Ainsi la capacité de réparation du réseau augmente régulièrement, tout comme sa densité. Mais, bien sûr, il faut du temps pour terminer ce travail. [C’est pourquoi il ne faut pas se précipiter pour acheter une Jigouli]. D’ailleurs dans la « Procédure de réception des gains » de la loterie (NDT : qui était un moyen d’obtenir une voiture en URSS), il est écrit : « Dans les républiques et régions autonomes où les voitures Jigouli ne sont pas encore vendues… le propriétaire du billet gagnant reçoit une voiture Moskvitch-412 ». [Et on ne le vend pas dans ces zones car il est encore impossible de garantir un service et une réparation qualifiés…]

Alors que faire ? Cette question ne peut pas être répondue sans équivoque. Chacun résoudra son problème à sa manière : l’un, peut-être, vendra sa voiture, l’autre l’emmènera dans différentes villes et dérangera ses amis à la recherche de pièces de rechange, le troisième continuera à faire rouler sa voiture comme il peut et [ceux qui auront lu ces lignes, abandonneront leur projet d’achat afin d’acheter une voiture plus adaptée et moins exigeante].

Chacun répondra bien sûr à sa manière mais nous avertissons tout de même les futurs acheteurs : lors du choix d’une voiture, étudiez bien la question, [essayez d’évaluer objectivement les possibilités de son exploitation dans votre région afin de ne pas avoir à vous demander quoi faire plus tard].

D’ailleurs, il est intéressant de noter qu’à l’époque la Moskvitch-412IE était plus chère que la VAZ-21011. 6,376 roubles contre 6,030. Donc si on parle d’argent, le gagnant de la loterie qui obtenait une Moskvitch au lieu d’une « Onzième » était vraiment gagnant…

Lu sur : https://zen.yandex.ru/media/dl24/antireklama-vaza-v-sovetskoi-presce-ne-toropites-pokupat-jiguli--61318253a502d20436657176
Adaptation VG

Tag(s) : #VAZ, #Lada, #Jigouli, #Moskvitch, #Anecdote, #Ambiance, #URSS