Vous pourrez dire ce que vous voulez mais l’Octavia, tout comme la Fabia, est un pilier de l’automobile tchèque. Son histoire a débuté le 3 septembre 1996 quand les premiers exemplaires sont tombés de chaîne en présence de Vaclav Havel.
Au début de la seconde moitié des années 1990, la production de la Favorit et de la Forman allait bien cesser, la Felicia était une nouveauté tout relative et le véritable tournant pour Skoda était venir. Depuis 1992, on avait commencé à étudier des nouvelles voitures utilisant largement la technologie Volkswagen. A l’origine, ces futurs modèles devaient être basés sur la VW Golf 3 mais, dès 1993, il a été décidé d’utiliser la plateforme de la VW Golf 4. Un modèle a donc été créé sur la plateforme PQ34, qui techniquement rejetait tout ce que Skoda avait pu faire jusqu’à présent et qui se rapprochait de ce qui se faisait de mieux au niveau mondial.
C’est le designer belge Dirk van Braeckel qui avait été chargé de dessiner la Skoda Octavia. Il est aussi connu pour avoir conçu la première Fabia, la Superb, l’Octavia de seconde génération et surtout les Bentley sorties entre 2004 et 2012. Jusqu’à ce jour il se souvient de ses collègues designers, des modeleurs et aussi de la vie passionnante de Prague. Le design de la Skoda Octavia semble aujourd'hui intemporel. Il misait l’accent sur la praticité. Dirk van Braeckel avait lui-même jeté les traits de la voiture avant qu’une équipe de 36 personnes se mette au travail. Il est intéressant de noter que la voiture n’a reçu le nom historique d’Octavia qu’une fois sa conception terminée. Le graphisme du nom du nouveau modèle a d'ailleurs été inspiré par l’architecture cubiste de Prague.
Dirk van Braeckel a déclaré l’année dernière : « Je pense l’Octavia de première génération a été formidable à tous points de vue. Elle est arrivée avec un design qui incarnait la tradition, la qualité et les ambitions sportives de la marque combiné à une espace exceptionnel et un prix très raisonnable ». C’était aussi la première Skoda entièrement conçue par CAO !
La production elle-même a commencé le 3 septembre 1996 dans un nouvel atelier de l’usine de Mlada Boleslav et c’est le président Vaclav Havel qui a coupé le ruban célébrant ce lancement. Le coût d’agrandissement de l’usine s’élevait à 11 milliards de couronnes tchèques, la production s’étendant sur 32,000 m2. Ce nouvel atelier de fabrication avait été conçu par le studio munichois de Günther Henn et permettait la production en flux tendu à partir de sous-groupes assemblés de moteurs et de sièges. Les voitures se déplaçaient sur une chaîne de montage à hauteur réglable de sorte que les employés n’avaient pas à travailler les mains au-dessus de la tête et pouvaient même grimper sur les plateformes accueillant les voitures pour éviter de courir derrière la voiture en-cours de fabrication.
A ses débuts, la Skoda Octavia était proposée avec des moteurs essence 1,6 MPI de 75 ch et 1,8 à cinq soupapes de 125 ch ainsi qu’un diesel 1,9 TDI de 90 ch. Au fil du temps, l’offre s’est par exemple enrichie d’un deux litres essence atmosphérique de 115 ch ou d’un 1,8 suralimenté de 150 ch également dérivé en version RS développant 180 ch. Il y a aussi eu un 1,9 SDI de 68 ch puis une version 1,9 TDI de 110 ch ensuite remplacé par les 1,9 TDI PD de 100 ch et 130 ch.
Avec sa carrosserie Liftback, la Skoda Octavia offrait un volume de coffre de 528 litres. L’Octavia Combi présentée en septembre 1997 au Salon de l’Automobile de Francfort est devenue très populaire auprès des clients orientés vers les aspects pratiques (et pas seulement en Tchéquie). Ce break est entré en production en février 1998 et, à titre de curiosité, il faut savoir que Skoda a utilisé sur sa presse d’emboutissage un poinçon pesant 63 tonnes pour former la tôle des flancs de ce break. En raison de l’intérêt des clients pour cette version, une nouvelle ligne de production a été mise en place dans l’usine de Vrchlabi en octobre 1998. Au cours de l’année 1999, une version 4x4 du break a été lancée ; elle n’a été disponible en 2001 pour la version Liftback qu’après le restyling datant de 2000.
Les versions phares de l’âge d’or de l’Octavia étaient la luxueuse Laurin & Klement et la sportive RS. Cette dernière passait de 0 à 100 km/h en 7,9 secondes et pouvait atteindre la vitesse de 235 km/h. Les modèles conservés en état d’origine sont assez rares aujourd’hui, et que dire de la version civile de la WRC au couleurs blanc-vert produite à seulement 100 exemplaires ! Selon les informations disponibles, nombre d’entre elles ont été détruites dans des accidents. Qu’est-ce que Skoda voulait célébrer avec elle ? Bien entendu ses succès sportifs en rallye car avec l'Octavia, la marque tchèque avait fait son entrée dans la catégorie supérieure du rallye automobile où elle rivalisait avec les constructeurs mondiaux.
Elle a remporté sa toute première victoire au Auto Stangl Bohemia Rallye en 1999 avec l'équipage tchèque Emil Triner/Milos Hulka . Le pilote allemand Armin Schwarz se souvient de la troisième place qu’il a remporté à son volant au Safari Rally au Kenya en 2001 : « Nous voulions montrer au monde à quel point l’Octavia WRC était durable et fiable. Le Safari Rally était parfait pour ça. Vous n’avez pas nécessairement besoin d’avoir la voiture la plus rapide au Kenya, mais elle doit certainement être l’une des plus solides » raconte-t-il. « Dès la première spéciale, longue de 120 kilomètres, j’ai réalisé le meilleur temps. Et nous avons encore accéléré pour pousser les autres dans leurs retranchements. Au Kenya, si vous conduisez plus vite que vous ne le souhaitez, il y a de fortes chances que vous cassiez la voiture. C’est exactement ce qui est arrivé à de nombreuses équipes. Cela faisait partie de notre plan. Même si nous n’avons plus gagné de spéciales, nous avons réussi à maintenir un rythme favorable » explique-t-il.
L’Octavia WRC a également connu des succès dans un certain nombre d’autres épreuves. « En 2001, elle était à son apogée. Les conditions étaient très difficiles à Monte Carlo, ce qui était bon pour nous. Beaucoup de gens ne s’en souviennent pas mais l’étape ne nous a échappé que de quatre secondes. Devant nous, il y avait François Delecour. Je me souviens très bien du rallye. C’était un combat tellement passionnant et l’Octavia s’est si bien comportée que la quatrième place finale est un résultat aussi précieux pour moi que la troisième place au Kenya » se souvient Armin Schwarz.
La première Skoda Octavia « moderne » a fêté son millionième exemplaire le 17 février 2004 et a été fabriquée parallèlement à la seconde génération pendant six longues années. La fin définitive est intervenue le 10 novembre 2010 après le chiffre respectable de 1,442,126 d'unités produites.
Lu sur : https://www.autorevue.cz/skoda-octavia-1u-1996-vyroba-vaclav-havel-mlada-boleslav
Adaptation VG