Après avoir choqué le public en 1998 avec le concept-car Lada Rapan, AvtoVAZ ne s’est pas arrêté là et a recommencé quelques années plus tard avec un autre prototype de salon portant le nom mystérieux de Lada Peter-Turbo.
Contrairement au Lada Rapan qui avait un intérieur assez tangible et un moteur électrique, la Lada Peter-Turbo n’était qu’une maquette avec laquelle il était possible de juger les préférences stylistiques des designers de VAZ au tournant du troisième millénaire. Présenté au public du Salon international de l’automobile de Moscou en 2000, le prototype de grande berline futuriste n’avait même pas de vitres transparentes. Et pourtant, il a captivé les visiteurs.
Les réactions du public russe ont motivé la direction d’AvtoVAZ, qui a décidé de la montrer au monde entier lors du Mondial de l’automobile de Paris la même année. La Lada Peter-Turbo y avait été affinée. Elle disposait désormais de vraies vitres, d’éléments extérieurs supplémentaires et d’un pseudo-intérieur qui permettait de mieux appréhender les idées de ses créateurs, une équipe créative de designers du centre scientifique et technique d’AvtoVAZ dirigée par Sergueï Sinelnikov. On ne peut pas dire que le public européen ait été marqué par le « miracle russe » aussi bien que les visiteurs du Salon de Moscou mais le concept-car a tout de même suscité un certain intérêt. Les journalistes et les designers occidentaux s’y sont intéressés et la rumeur veut que le maestro Giugiaro lui-même ait accordé une attention accrue lors de sa venue dans les allées de l’exposition. Il y avait une raison. La Lada Peter-Turbo, après la Rapan, brisait avec audace les stéréotypes d’austérité, pour ne pas dire de banalité, inhérents aux productions russes de l’époque. Elle démontrait clairement au monde entier, et avec force, qu’il y avait en Russie des stylistes capables de se tourner vers l’avenir et de le voir !
On commençait tout d'abord par admirer la Lada Peter-Turbo par sa partie avant. Les solutions adoptées étaient simples en apparence : un aspect massif avec une calandre intégrée, des phares et des feux de positions étroits, un capot court et arrondi. Mais l’ensemble ne manquait pas d’élégance.
Les créateurs de ce concept-car s’étaient surtout lâchés sur la ligne de caisse. Discrète dans le nez de la voiture, elle poussait rapidement sur les flancs et atteignait son apogée sur la poupe en se transformant en un spoiler impromptu. Cette arrête divisait visuellement la carrosserie en deux moitiés, supérieure et inférieure, et constituait un élément marquant du style de la voiture. Près des montants avant on trouvait les rétroviseurs intégrés dans une partie du panneau de portière. Qu’il s’agisse d’une idée originale ou d’une refonte radicale de ce qui avait fait sur l’Opel Vectra de seconde génération, cela s’avérait en tous cas, très efficace.
Un autre point fort était le bloc des poignées de portes. Il laissait clairement entendre qu’à l’avant elles s’ouvraient de manière classique mais qu’à l’arrière elles s’ouvraient dans le sens inverse.Il faut d'ailleurs noter que les portières n’ont commencé à s’ouvrir qu’après des modifications opérées « post-Paris ». La cinématique était d’ailleurs curieuse : non seulement la portière pivotait sur un certain angle mais elle s’avançait également sur sa charnière. Coïncidence ou pas, quelque chose de similaire a rapidement fait son apparition sur l’avant-gardiste Renault Avantime.
La poupe de la Lada Peter-Turbo n’était peut-être pas du goût de tout le monde mais elle incluait un autre élément de la « ligne de flottaison » à savoir un large feu stop intégré dans le spoiler, renforçant son impact visuel. Les extracteurs d’air dans les portières avant avec de fines baguettes longitudinales, reprennaient le style de la calandre. La solution semblait toutefois s’inspirer de la célèbre Ferrari Testarossa.
Une autre caractéristique intéressante de la Lada Peter-Turbo était son toit légèrement concave. Ce n’était pas tant une démarche esthétique qu’une solution fonctionnelle pour améliorer son aérodynamisme. Le coefficient de traînée (Cx) était de 0,2 ce qui est un excellent indicateur. Pour la Lada Priora il est par exemple de 0,32. La Dodge Viper affiche la même forme de toit. La couleur biton noir et bleu ciel du concept-car était en harmonie avec sa carrosserie épurée. Et ce look futuriste s’accompagnait de pneus larges montées sur de gracieuses jantes en alliage.
Le design intérieur de la Lada Peter-Turbo n’avait rien d’exceptionnel ce qui est pardonnable sur une maquette de style. Mais ils illustraient les grandes idées de ses concepteurs à savoir les cinq sièges séparés, un volant mono-branche, un tableau de bord minimaliste en forme d’ailes de mouette, les grandes surfaces vitrées, etc… On ne pouvait pas deviner ce que cachait le capot de cette prometteuse berline. Mais le préfixe « Turbo » dans le nom de la voiture et le double échappement arrière suffisaient à comprendre ce qu’il était prévu d’installer comme moteur.
Enfin, le nom de ce concept-car s’expliquait simplement. Le nom de Peter-Turbo était largement inspiré du roman de Vassili Axionov, « L'île de Crimée », dont le protagoniste conduit une voiture unique portant ce nom. Ce n’est pas une berline mais une « bête sportive rouge vif avec une queue saillante ». L’idée originale transparait dans les deux voitures. L’une a pris vie dans les pages d’un livre et l’autre n’est restée qu’à l’état de maquette.
Lu sur : https://5koleso.ru/articles/obzory/lada-peter-turbo-vazovskij-konczept-kotorym-mozhno-gorditsya/
Adaptation VG