Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Les berlines GAZ-24 n’étaient vendues qu’à des acheteurs « méritants ». Mais seuls les « méritants des méritants » pouvaient acheter la GAZ-24-02. Le break Volga fut la voiture la plus prestigieuse et la plus inaccessible de son temps et elle reçut rapidement le surnom blessant de « palais ». Mais ce surnom n’a affecté en rien son image. Sa carrosserie monocoque cinq portes et son intérieur sept places transformable surpassaient en termes de capacités les Jigouli et les Moskvitch qui face à elle ressemblaient à des pygmées. Le « palais » de Nijni-Novgorod pouvait transporter jusqu’à 400 kg !

Dans le pays, la polyvalence de cette voiture était un avantage : elle pouvait être utilisée à la fois pour se rendre au travail et pour transporter des sacs de pommes de terre. A l’arrière, les deux rangées de sièges rabattus dégageaient une plateforme de chargement longue et plate. 400 kg de charge utile, c’était une centaine de kilos de plus que ce que les breaks Jigoulis et Moskvitch offraient. Et dans la pratique, la Volga emmenait parfois près d’une tonne de marchandises…

Mais pour réaliser de tels exploits, le confort de la voiture avait été sacrifié. Pour obtenir une plateforme de chargement régulière, l’épaisseur des dossiers des sièges arrière avait été réduite au maximum. Mais personne ne s’en plaignait : dans cette voiture, les personnes respectables essayaient de s'assoir au premier rang.

Si les places de la deuxième rangée étaient, pour le dire poliment, inconfortables alors que dire de celles de la troisième rangée ! Elles étaient coincées entre les deux passages de roues et nettement plus hautes que les autres. On pouvait facilement frotter sa tête contre le plafond. Sortir de la voiture n’était pas non plus des plus faciles : la partie droite de la banquette médiane pouvait basculer vers l’avant. Pourtant, comme l’expliquaient les ingénieurs de Nijni-Novgorod dans le numéro 3 de 1973 de Za Roulem : « la troisième est destinée… aux enfants ! Ils s’installeront là-bas sans problème et ne pourront pas ouvrir la portière durant le voyage ». Et sur courte distance, un passager adulte pouvait facilement supporter tous les inconvénients...

Le break Volga GAZ-24-02 a été produit de 1972 à 1987. Son équipement de base comprenait une roue de secours et plein d’outils et pour ne pas gâcher l’impressionnant espace de chargement plat, tout cela se cachait dans un logement séparée fermé par une trappe située sous le hayon ! Il est clair qu’un tel « plancher technique » augmentait la hauteur de chargement mais, au moins, pour remplacer une roue crevée, il n’était pas nécessaire de vider le coffre.

Aucune autre voiture particulière soviétique n’avait un tel « peigne » sur le toit. La légende qui a immédiatement couru était qu’il s’agissait d’un spoiler ou d’un aileron qui permettait de coller la voiture à la route à grande vitesse. Mais bien-sûr cela n’avait aucun sens puisque le « palais » n’était pas conçu pour rouler à vitesse élevée. La raison de la présence de ce dispositif est beaucoup plus simple : sur les premiers prototypes où il n’existait pas il s’est avéré absolument nécessaire d’améliorer la ventilation dans l’habitacle et, dans une moindre mesure, de réduire l’encrassement de la lunette arrière. Ce déflecteur est donc apparu sur le toit du break GAZ-24-02. A noter que la lunette arrière n’était pas chauffante. Les propriétaires du break essayaient de se procurer celle d’une ambulance qui l’était de série.

Au cinéma, le « palais » n’a pas souvent été vu. Il a principalement eu des rôles d’ambulance (« Cela ne me regarde pas » (1976)), de voiture de police (« Evènement nocturne » (1980)) ou de taxi (« Interception » (1986)). Mais le statut de la voiture est souligné par d’autres rôles où la GAZ-24-02 se trouve entre les mains de particuliers. Ainsi, dans la comédie « Danger de Mort » (1985) de Leonid Gadaï, une sorte de « surhomme », polyglotte et inventeur, roule dans son « palais » personnel. Et dans le court-métrage « On attend le froid et la neige », le héros carriériste conduit une GAZ-24-02. Il aurait été trop honteux pour lui de conduire une Moskvitch.

L’un des propriétaires les plus célèbres de « palais » était bien sûr Iouri Nikouline. L’artiste russe n’avait vraisemblablement eu aucun problème pour acheter cette voiture et il l’avait même ramenée personnellement de l’usine à Moscou. Il se souvenait de ses premières impressions de conduite : « Lorsque j’ai conduit cette Volga neuve de Gorki à Moscou, il s’est avéré qu’il n’y avait pas d’huile dans la boîte de vitesses. Et presque tout l’antigel avait fui. Deux semaines plus tard, j’ai été pris sous une averse et l’intérieur a été inondé. Puis c’est l’antenne qui a refusé de se déplier. A la fin de la première année le lève-vitre était cassé et la carrosserie commençait à rouiller ». A cela on peut rajouter qu’il a également dû remplacer le moteur… Mais cela n’a nullement affecté le prestige de la voiture…

En Tchéquie on a transformé le break Volga en draisine. Un dispositif unique était utilisé permettant de soulever la voiture sur les rails et de la faire pivoter de 180 degrés pour changer de direction !

Aujourd’hui, presque tous les «palais » vendus sur le marché de l’occasion sont dans un état plutôt pitoyable. Les prix peuvent varier de 20,000 à 250,000 roubles et il faudra voir au cas par cas s’ils sont appropriés.

Légende des photos :

  • C’est en effet un palais - et plutôt énorme. Les dossiers de sièges minces sont clairement visibles.
  • Une telle solution n'avait jamais été vue auparavant sur d'autres breaks soviétiques - même sur le break GAZ-22 qui l’avait précédé.
  • Fragment du film « Danger de Mort ». Il deviendra bientôt clair que le propriétaire de cette voiture très rare n'est pas du tout un escroc, mais un membre de la société très positif.
  • Le déflecteur d'admission d'air est visible sur le toit.
  • On disait de lui qu’il pénétrait facilement dans n'importe quel bureau. Cela ressemble à la vérité.

Lu sur : https://www.zr.ru/content/articles/925161-saraj-dlya-izbrannykh-gaz-24-02/
Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #GAZ, #GAZ-24, #GAZ-24-02