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Vous vous souvenez comment commence l’intrigue du mélodrame soviétique « Romance de bureau » sorti en 1977 ? Iouri Samokhvalov revient à Moscou après avoir travaillé pendant deux ans à Genève. Il se rend à son nouveau lieu de travail, un institut de statistique à bord d’une Volga GAZ-24. Son ancien camarade de classe Anatoli Novosseltsev assis à côté de lui s’exclame « C’est un petit appartement ! ». Quand sa collègue, qu’il tente de séduire lui dit qu’un ami l’a emmenée dans sa propre Volga, il rétorque : « D’où a-t-il tout cet argent ? ».

En un mot, la GAZ-24 était une voiture moderne, à la mode, chère et rare. Des millions d’automobilistes rêvaient de la Volga mais peu pouvaient se l’acheter. En général, elle était destinée aux structures gouvernementales et du Parti, aux services spéciaux et aux taxis. C’était une voiture de prestige qui pouvait être achetée par des personnes proches des autorités : artistes célèbres, musiciens, scientifiques et cosmonautes. Les simples mortels roulaient en Zaporojets… D’ailleurs, le principal créateur de la Volga GAZ-24, Vladimir Reoutov a lui-même conduit une Zaporojets pendant très longtemps. Il n’a pu obtenir une Volga qu’avec beaucoup de difficultés dans les années 1980.

Sans passer par les files d’attente, il était possible de s’acheter une voiture dans les magasins Bériozka où l’on pouvait payer avec des coupons du Vnechposyltorg. Il y avait une autre possibilité : acheter une voiture d‘occasion. Mais les spéculateurs multipliaient le prix « usine » de la voiture par deux. Et ce prix était déjà monumental pour une majorité de gens. Officiellement, la Volga GAZ-24 coûtait 9,150 roubles quand l’ingénieur moyen gagnait environ 100 roubles par mois !

Au moment de son apparition, la GAZ-24 qui avait remplacé la GAZ-21 était une voiture moderne. Deux groupes, menés par Lev Eremeev et Lenia Tsikolenko avaient travaillé sur le dessin de la nouvelle Volga. L’ensemble des constructeurs automobile mondiaux s’inspiraient alors des voitures américaines : larges chromes, pare-brises panoramiques, énormes ailerons à l’arrière. La première équipe a suivi cette voie et les stylistes de la seconde ont préféré le style européen.

« Eremeev était le représentant de l’école américaine » raconte Vladimir Nossakov, adjoint au chef du bureau d’étude de GAZ entre 1993 et 2001. « Il aimait les formes pompeuses, accrocheuses, impressionnantes. Tsikolenko et Kireev ont proposé une forme européenne, sportive, plus légère. Pas simple mais plus humble. Et c’est elle qui a été choisie. J’ai d’ailleurs voté pour elle ».

Lorsque le style américain est passé de mode, la GAZ-24 étaient encore dans l’air du temps. A propos, le bossage sur le capot n’était pas du tout un artifice des designers. Alors que la voiture était quasiment prête on s’est aperçu que le filtre à air ne passait pas le capot et il a donc fallu en changer la forme !

L’intérieur de la voiture se distinguait par sa décoration modeste et son équipement simple. Le tableau de bord plat et sans prétention avait un étrange - pour nous aujourd’hui - compteur horizontal sur lequel la vitesse était indiquée non pas par une flèche mais par un ruban rouge « rampant » de gauche à droite. Après 1975, il a été remplacé par un compteur traditionnel. La voiture était par contre équipée d’un autoradio à trois voies.

La perception de confort dominait en raison des sièges larges et confortables. Les premières Volga GAZ-24 pouvaient d’ailleurs accueillir jusqu’à six personnes. Relevés, les larges accoudoirs à l’avant et l’arrière transformaient les sièges en banquettes pour trois. Mais en 1977, avec l’installation des ceintures de sécurité, cette commodité a été supprimée.

Reprenant l’expérience de la GAZ-21, de nombreuses versions dérivées ont été déclinées : conduite à droite, ambulance, break, services spéciaux et export. Plus tard, l’usine a essayé de construire une version « surélevée » à quatre roues motrices, la GAZ-24-95. Mais elle n’a jamais été fabriquée en série. Les vibrations et le bruit dépassaient les limites acceptables et cela coûtait trop cher de les éliminer. Au total, cinq exemplaires ont été assemblés : Brejnev en conduisait une dans son domaine de chasse de Zavidovo, le Comité régional de Gorki en a obtenu une autre, une autre est restée à l’usine, une autre a été testée par la police et l’armée.

Officiellement, la GAZ-24 a été présentée en 1966 mais il a fallu attendre pour la voir produite en série : il était nécessaire de moderniser sérieusement l’usine. Ce n’est que le 15 juillet 1970 que la dernière Volga GAZ-21 est tombée de chaîne pour laisser sa place à sa remplaçante.

La GAZ-24 a connu de nombreux dérivés et est considérée comme la dernière voiture particulière produite en masse de l’histoire de l’Usine Automobile de Gorki. Cette Volga était largement diffusée en Scandinavie et dans certains pays d’Europe occidentale. On lui reprochait sa direction lourde et son manque de maniabilité mais on louait sa douceur de fonctionnement pour laquelle elle était surnommée populairement la « Barge ». C’était une voiture de prestige, adaptée pour une utilisation sur mauvaises routes et peu exigeante sur la qualité de carburant. Comme la GAZ-21, elle était élégante et fiable. C’est pourquoi, la « vingt-quatre » compte encore aujourd’hui de nombreux fans qui recherchent les exemplaires les plus rares et les restaurent avec amour.

Lu sur : https://pravda-nn.ru/articles/na-volge-shirokoj-sozdatel-legendarnoj-mashiny-byl-vynuzhden-ezdit-na-zaporozhtse/
Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #GAZ, #GAZ-24, #Volga