La Skoda Octavia, fabriquée entre 1961 et 1971, a été un grand succès. Non seulement sur son marché domestique, où elle était principalement populaire auprès des grandes familles et des propriétaires de maison de campagne, mais aussi à l’étranger. Elle a été aussi assemblée sous licence à l’étranger, par exemple, au Pakistan, la Turquie, l’Indonésie ou l’Islande. Grâce à sa construction solide, elle pouvait faire face aux conditions les plus difficiles. C’est pourquoi elle a été appréciée par les autorités chiliennes qui en ont même organisé sa production.
La Skoda Octavia sud-américaine a été assemblée (uniquement en carrosserie break) dans différents ateliers de production de la ville d’Arica, au nord du Chili à la frontière avec le Pérou. Seuls des locaux travaillaient dans cette usine, pour la plupart des Indiens qui n’avaient aucune expérience de la production automobile car ils étaient à la base agriculteurs ! Ils n’assemblaient que trois voitures par jour - dans les bons jours - et c’est pourquoi Skoda décida d’envoyer en 1970 un émissaire au Chili pour les aider à organiser la production de l’Octavia.
La proposition fut faite à Bohuslav Ctvrtecka. La marque tchèque qui célèbre cette année son 125ème anniversaire le définit comme « un homme qui porte Skoda dans son cœur et son âme ». Il avait 28 ans à l’époque. Il n’a pas réfléchi à deux fois et quand il accepta cette mission, il n’avait que quelques semaines pour apprendre les bases de l’espagnol. Mais, en tant que responsable du contrôle technique de l’atelier de soudure, il était un expert dans la production de la Skoda Octavia et c’est peu de dire qu’il en connaissait toutes les vis. « Avant de venir au Chili au début des années 70, certains modèles Skoda y étaient déjà assemblés. Quand je suis arrivé, j’ai vu une vieille camionnette 1201 sur la route » se souvient Bohuslav Ctvrtecka.
Au début l’usine chilienne faisait uniquement l’assemblage des voitures mais le gouvernement poussait pour intégrer une part de plus en grande de pièces locales dans les voitures. On a commencé à chercher des fournisseurs locaux pour des composants tels que les batteries et les pneus, mais il fallait aller plus loin et donc produire au Chili des pièces de tôlerie. Mais c’était un problème car il n’avait pas de presse. Les Chiliens ont donc conçu leur propre presse à l’aide d’une table avec des vérins hydrauliques, des planches et des moules en bois. Six personnes étaient nécessaires pour la faire fonctionner et les pièces qui étaient réalisées étaient d’une grande imprécision (les écarts entre chaque pièce se mesuraient en millimètres).
Bohuslav Ctvrtecka raconte : « Je me souviens que nous avons fait appel à un forgeron qui fabriquait auparavant des fers à cheval. Il n’y connaissait rien en automobile, mais il était vraiment doué avec ses mains… il a fait des miracles avec un matériel des plus basiques. Il a donné des instructions au reste du personnel : l'un tenait la bouteille de gaz, un autre frappait avec un marteau, et après un court instant on n'a plus pu faire la différence entre une pièce d'origine ou une fabriquée avec notre presse dans les conditions les plus élémentaires ».
La production de l’Octavia au Chili n’a pas duré longtemps. Elle a été stoppée dès 1971 et n’a jamais repris pour des raisons politiques. Entre trois et quatre cents Octavia Estate ont été fabriquées en deux ans. Bohuslav Ctvrtecka est rentré au bercail. Aujourd’hui retraité, il se souvient avec tendresse de la période qu’il a passé au Chili. Si vous avez de la chance vous pourrez le rencontrer à l’usine de Kvasiny où il officie toujours comme guide touristique.
Lu sur :
https://autobible.euro.cz/skoda-octavia-se-pred-50-lety-vyrabela-i-v-chile-staveli-ji-indiani-bez-zkusenosti/
https://noticias.autocosmos.cl/2020/08/19/bohuslav-%C4%8Dtvrte%C4%8Dka-el-hombre-que-se-vino-a-chile-a-armar-los-octavia-de-skoda
Adaptation VG