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Les Skoda de l’époque socialiste connaissent actuellement un regain de popularité, c’est peu de le dire. j'ai eu la possibilité de conduire une Skoda Favorit 136 L avec seulement 32,000 km au compteur ! Et ce n’est pas un poisson d’avril.

J’ai déjà conduit des voitures neuves qui ont roulé plus que cette Skoda Favorit. Après 30 ans passés entre les mains de son propriétaire né dans les années 1930, elle n’a parcouru que 32,000 km ! L’archétype du cliché du vieil homme qui ne sort sa voiture que pour aller à l’église le dimanche. Mais,je ne vois pas comment cette voiture n'a pu parcourir que mille kilomètres par an.

Pourtant, le temps a été impitoyable pour cette Favorit. Bien que les soubassements ne présentent aucun signe de corrosion, on constate que la peinture - sous les joints et les zones compliquées de la carrosserie qui retiennent l’eau - commence à virer à l’orange. Le vernis n’est pas non plus en forme et les plastiques auraient besoin d’être ravivés. La baguette de protection sur la portière se décolle et vous trouverez également quelques défauts à l’intérieur. Ajoutez à cela quelques entorses à l’état d’origine : les jantes sont celles qui étaient montées à l’usine, mais elles ont été repeintes à la main, l’inscription Favorit sur la calandre n’est pas d’origine et la sortie d’échappement ressemble à une blague d’adolescent effronté sur la youngtimer soignée de son grand-père.

A part cela, cette « Facek » n’a pas l’air mal du tout. En fait, je dois admettre que je commence à l’aimer un peu. Je ne peux pas défendre la Favorit parce j’ai une résistance intrinsèque à tout ce qui est socialiste. Le terrible régime de gauche n’a rien produit de bon, sauf la Tatra 603 d’une beauté surnaturelle, mais je dois admettre que j’aime le design de la Favorit. Surtout quand je réalise à quel moment elle est apparue. En 1987, personne ne se doutait que nous serions un jour (au moins temporairement) libres et qu'on roulerait dans une voiture tchèque conçue par le studio de design qui a signé une certaine Lamborghini Countach, cette icône qui ornait les posters des chambres de tous les enfants du pays !

Au fil du temps, la Favorit ne me semble plus aussi laide que je ne la voyais auparavant. Et si nous avons encore tendance à regarder la Favorit avec dédain, je m’aperçois qu’elle réunit de nombreuses solutions intéressantes au point de vue du design. C’est du Bertone sur chaque centimètre carré ! Miura, Stratos, Montreal… J’apprécie la calandre asymétrique, la ligne de caisse évidée qui parcourt toute la carrosserie, les feux arrière tout droit sortis d’une boîte de Lego ou la silhouette typiquement cunéiforme de la carrosserie.

Les formes géométriques droites s’étendent à l’intérieur. J’aime le tableau de bord avec son profil triangulaire d’où jaillit cette« boîte » avec sa ribambelle d’instruments et sa console centrale. Les boutons carrés et leur mouvement mécanique brutal accompagné d’un clic métallique m'incitent clairement à les enclencher et chaque claquement du relais de clignotant soulève un sourire sur mon visage.

Je suis également absolument fasciné par le fait que, non seulement chaque panneau du tableau de bord, mais peut-être même chaque partie en plastique de l’intérieur a une couleur complètement différente. Cinquante nuances de brun ! Je ne me lasse pas non plus d’une autre délicatesse de conception, à savoir le boîtier des pare-soleils dont ke revêtement marron recouvre intégralement les montants de pare-brise en combinaison avec le ciel de toit en vinyle blanc. La cerise absolue sur le gâteau est la garniture de porte à rayures diagonales où l’accoudoir avec poignée intégrée en reprend exactement la forme. Le design est vraiment ingénieux ! J’ai un système similaire dans ma Fiat Panda de première génération. Est-ce que Bertone aurait copié Giugiaro ?

Si mes goûts automobile se sont arrêtés quelque part dans les années 80, s’asseoir à l’intérieur de la Favorit est assez pénible pour moi. Malgré l’impossibilité de régler le volant (qui, soit dit en passant, manque de précision), la position au volant n’est pas si terrible mais après quelques dizaines de kilomètres, mon dos commence à me faire mal à cause des sièges bien trop mous. En quatre jours, j’ai parcouru 330 km à bord de cette Favorit et jamais je n’avais eu aussi mal au dos dans une voiture ! De plus, les appuie-têtes sont sans doute là juste pour faire beau. Il est difficile à croire qu’ils puissent réduire d’une manière ou d’une autre les blessures aux cervicales en cas d’accident.

L’heure est venue de démarrer le moteur. Le 1300 cm3 est équipé d’un carburateur mais vous ne trouverez pas ici de starter mécanique classique. C’est bien, car généralement j’ai du mal à ne pas « noyer » ma tondeuse à gazon, alors imaginez avec une voiture ! La Favorit dispose d’un starter automatique et tout ce que vous avez à faire est d’appuyer un peu sur l’accélérateur avant de démarrer, ce qui est toujours une peu une loterie. Vous avez une belle poussée d’adrénaline car parfois vous avez l’impression que vous n’allez pas pouvoir partir, mais le moteur démarre toujours à chaque fois. Lorsqu’il est froid, le starter injecte un mélange très riche et le ralenti est inhabituellement élevé à tel point que vous pouvez démarrer qu’en ne relâchant l’embrayage.

La puissance est de 63 chevaux et le couple de 100 Nm. La première valeur est obtenue à 5,000 tr/min et la seconde à 3,000 tr/min mais il faut suivre le régime à l’oreille car il n’y a pas de compte-tours. Au lieu de cela, une horloge de marque Prim se trouve à droite du compteur de vitesse. Revenons au moteur. Malgré ses performances peu éblouissantes, il est assez souple et avec un poids de seulement 840 kg, il n’est pas à la peine. Vous vous déplacerez rapidement en ville et vous n’aurez pas besoin d'éviter les autoroutes.

La limite sera toujours le châssis. L’absence de barres stabilisatrices est à blâmer et la prise de roulis très importante vous découragera de prendre les virages encore plus vite. On trouve encore les pneus d’origine, des Barum, sur les jantes. Une fois j’ai frôlé les limites d’adhérence et j’ai été surpris qu’ils résistent toujours bien. La Favorit n’est pas franchement sous-vireuse et quand on coupe les gaz, elle répond par une déviation assez agressive de la poupe.

La réponse à la direction est très lente et étonnamment, malgré l’absence de direction assistée, elle est très légère. Heureusement les freins sont assistés mais ils nécessitent de la détermination lors de la première pression. Mais dès que vous appuyez sur la pédale, elle freine décemment. Le guidage du levier de vitesse dans la grille est étonnamment bon. Certaines voitures récentes pourraient prendre exemple sur la Favorit. Ainsi que pour le mécanisme de certaines commandes comme la réponse ultra-rapide de l’accélérateur ou le fonctionnement magnifique des commodos.

Heureusement les voitures d’aujourd’hui, non seulement de la catégorie de la Favorit mais aussi dans la catégorie inférieure, sont beaucoup plus avancées. Plus confortables, plus rapides, plus économiques, plus maniables et plus sûres. Et aussi beaucoup moins chères ! Nos parents ont dû économiser 30 mois de salaires pour la Favorit. Aujourd’hui vous pouvez acheter une Skoda Fabia décemment équipée pour combien ? Huit, dix salaires ?

Au final, peu importe à quel point j'ai apprécié cette voiture durant ces quelques jours, parce que la conduire était parfois un défi. Peut-être je ne conduirai plus jamais de Favorit. J’aime beaucoup les vieilles voitures mais cette Skoda était déjà obsolète quand elle était produite, bien que l'on pense généralement qu'il s'agissait d'une voiture moderne pour l'époque. Elle était terrible quand elle était neuve, elle est terrible encore maintenant, et elle le restera pour toujours.

Alors, est-ce qu’elle vaut beaucoup d’argent ? En raison de son kilométrage et de sa carrosserie exempte de corrosion, c'est une base intéressante pour une légère restauration et la conserver dans son garage. Pas pour la conduire. D'une part parce que vous ne voudrez pas abimer une pièce aussi rarement conservée et d'autre part parce que la Favorit est terrible à conduire. Je laisserai donc à chacun le soin de calculer par soi-même si les prix actuels des Favorit en bon état sont le reflet réel du marché ou simplement exagérés.

Si vous avez des souvenirs agréables associés à cette voiture alors elle aura probablement un prix pour vous. Durant cet essai, une personne a même voulu me l'acheter. Le cliquetis typique des soupapes et le cliquetis de la chaîne de distribution m’ont également évoqué des souvenirs d'enfance oubliés depuis longtemps quand je voyageais dans la Skoda 120 de mon père et plus tard dans ses Favorit et Felicia, mais il a été content de les vendre !

Maintenant excusez-moi, je vais aller me faire masser…

Lu sur : https://www.autoweb.cz/test-skoda-favorit-136-l-padesat-odstinu-hnede/
Adaptation VG

Tag(s) : #Skoda, #Favorit, #Essai, #Rencontre