Le président Ronald Reagan a vu le mur de Berlin debout sur un podium derrière deux vitres de verre à l'épreuve des balles et a prononcé ces mots célèbres : « M. Gorbatchev, démolissez ce mur ! ». Le 9 novembre 1989, le mur de Berlin est tombé, mettant fin à la Guerre Froide entre l’Allemagne de l’Est et l’Allemagne de l’Ouest.
Ensuite, le 10 novembre, une colonne de voitures longue de 40 km a traversé Checkpoint Charlie en direction de l’Allemagne de l’Ouest. Les moteurs à deux temps faisaient un énorme bruit, les voitures crachant une fumée âcre rendant le nouveau souffle de liberté presque irrespirable. Presque toutes ces voitures étaient des Trabant, cette petite voiture qui était devenue le symbole du communisme.
En Allemagne de l'Est, près de 3,1 millions de Trabant ont été produites de 1957 à 1990 par la VEB Sachsenring Automobilwerke Zwickau. La chaîne CNN, qui a acheté une Trabant pour couvrir le 25ème anniversaire de la chute du mur de Berlin, a rapporté qu’il y avait eu quelques modifications de conception en 1962 - mais fondamentalement, la voiture n’a jamais vraiment changé. Le nom Trabant a la même signification que le mot russe Spoutnik : compagnon de voyage. Mais presque tous les propriétaires l’appelaient affectueusement Trabi.
Aujourd'hui, la « terrible » Trabant est souvent considérée comme l'une des pires voitures jamais fabriquées, mais en RDA c'était un symbole de statut. Si vous vouliez acheter une nouvelle Trabi, le délai d'attente était de 11 à 18 ans. Elle coûtait jusqu'à un an de salaire. Cela peut sembler beaucoup d’argent mais la Trabi avait une durée de vie moyenne de 28 ans, car si vous aviez la chance d’en posséder une vous en preniez soin, comme l’écrit Kyle James dans un article écrit en 2007 pour les 50 ans de la voiture : « Go, Trabi, Go! East Germany’s Darling Car Turns 50 ».
La Trabant était fabriquée dans un matériau inédit, le « Zwickauer rennpappe » comme disaient les Allemands de l’Est. On peut traduire cela comme du carton de compétition de Zwickau mais le constructeur vous aurait dit que ce n'est pas techniquement du carton. Ce matériau était fabriqué à partir de déchets de coton venu d’Union Soviétique et de résines provenant de l'industrie de la teinture de RDA, le tout étant renforcé avec des fibres. Le nom technique de cet amalgame était Duroplast.
Egalement utilisé dans la fabrication de lunettes de toilettes de luxe, le Duroplast était aussi comestible. De nombreuses Trabi ont été abandonnées dans les champs lorsque le mur est tombé. Quelques propriétaires sont retournés à leur voiture quelques semaines plus tard pour constater que la plupart de leurs Trabi avaient été mangées par des cochons ou des chèvres. Belle légende urbaine n'est-ce pas ?
Ce qui est sûr, c'est que vous pouvez entendre une Trabant venir de loin. Son moteur bicylindre à deux temps émet un vacarme caractéristique « pocketa, pocketa, pocketa » et un panache de fumée nocif. Imaginez la tondeuse Dream Mower XT de 1956 de votre oncle avec un joint de culasse mort. La Trabi produit huit fois plus de monoxyde de carbone qu’une voiture européenne moyenne, rapportait The Telegraph. Et avec ses 26 chevaux, elle passe de 0 à 60 mph (l’équivalent de 96 km/h) en 21 secondes. Josef Czikmantory, un passionné local, affirme toutefois que la sienne a une vitesse de pointe de 62 mph (soit 100 km/h) !
À titre de comparaison, la vitesse maximale du véhicule blindé de transport de troupes utilisé par la Stasi, le PSzH-IV avec des mortiers de 120 mm, des canons antichars de 100 mm et des canons antiaériens ZU-23 était de 64 mph ! Mais la consommation de la Trabi était bien meilleure que n’importe quel véhicule de la police secrète : environ 7 litres aux 100 km (34 mpg). Un chiffre approximatif parce que les Trabant n’ont pas de jauge à carburant.
Oui, la Trabant était une voiture « terrible » car non seulement elle était lente, étriquée, inconfortable et bruyante, mais elle manquait aussi de beaucoup d’équipements que nous considérons normaux.
Par exemple, alors que la Trabant disposait effectivement d’un réservoir de liquide lave-glace, il fallait le pulvériser manuellement avec un petit piston.Comme la Trabant n’avait pas de pompe à carburant, le réservoir se trouvait au-dessus du moteur. Et comme c’était un deux cylindres à deux temps, vous deviez vous assurer de mélanger la bonne quantité d'huile avec l'essence. Et pour couronner le tout, en l'absence de jauge de carburant à l'intérieur de la voiture, il était impossible de savoir combien il en restait sans ouvrir le réservoir et vérifier manuellement avec une jauge !
Pourtant, la Trabant avait quelques petites choses pour elle. C'était une traction avant et elle avait une suspension indépendante. De plus, sa carrosserie en plastique était fixée sur un châssis en acier. Lorsque le Trabant a été introduite à la fin des années 1950, elle était assez avancée. A la fin de sa vie, cela faisait longtemps qu'elle était dépassée...
Lu sur :
https://www.ocregister.com/2017/01/01/a-tribute-to-the-terrible-trabant/
https://www.roadandtrack.com/car-culture/classic-cars/videos/a31507/trabant-wonderfully-terrible/
Adaptation VG