
A priori, il s’agit en Russie de la première GAZ-21 préparée pour les courses sur circuit modernes. Originaire de Voronezh, elle est arrivée à Moscou en très mauvais état et a été rénovée par la société « Staroe Vremia ».
Cette société a déjà douze ans d’expérience dans la restauration automobile. Elle s’est beaucoup occupée de Moskvitch et de Volga et depuis cinq ans elle s’est spécialisée dans la préparation de voitures pour le Moscow Classic Grand Prix, une série de courses amateur sur circuit destinée aux véhicules de collection. Elle en a construit des dizaines, mais toutes les Volga étaient des GAZ-24 et c’est la première fois qu’elle s’occupe d’une GAZ-21.
Pourtant à son époque la GAZ-21 faisait déjà du circuit. Elle a même participé à des rallyes. La majeure partie de ces voitures était proche de la série même si on comptait aussi quelques prototypes originaux. Aujourd’hui, un modèle de série ne pourrait pas respecter les normes de sécurité. Le règlement nécessite l’installation d’un arceau de sécurité, d’un baquet avec les ceintures adéquates, d’un système anti-incendie, d’un coupe-circuit doublé, du transfert de la batterie et du réservoir d’essence dans le coffre - les matériaux et les dimensions de ce dernier sont normalisées. Et ce n’est pas tout ce qui doit être fait.
Dans ses conditions, il est donc clair qu’il est impossible de préserver l’authenticité de la voiture d’origine. Car il n'est pas question de participer à des concours d’élégance mais à de véritables courses. Et si possible, cela ne doit pas coûter cher. Cette Volga on ne sait pas combien elle a coûté. Personne n’a compté. Mikhail Kalinine, le sous-directeur de « Staroe Vremia » qui en a supervisé la transformation estime que l’amélioration d’une voiture, surtout de course, ne prend jamais fin. Tout dépend du niveau que l’on veut obtenir. Ici, le but était d’obtenir une voiture d’apparence agréable capable, sans problème particulier, de s’engager dans une compétition.
Sur la Volga rapportée de Voronezh pratiquement tout était bon à jeter. Il est donc difficile de trouver des pièces de la voiture d’origine et ce n’est pas grave puisqu’elles ne sont pas adaptées aux compétitions modernes. On a tout simplement démonté toute la voiture et jeté tout ce qui était vieux, y compris la sellerie, pour ne garder qu’une caisse nue. Après l’avoir restaurée et repeinte, on a remonté des pièces de diverses voitures russes, principalement de marque GAZ, mais de modèles plus récents. En termes techniques, cette GAZ-21 s’avère donc très proche des GAZ-24 engagées depuis trois ans dans le Moscow Classic Grand Prix : moteur ZMZ-409, boîte de GAZ-24, carburateur K11 utilisé sur les GAZelle, système de freinage l’embrayage, le démarreur et l’alternateur de Volga... Et comme il se doit dans une voiture de course, on démarre le moteur en appuyant sur un bouton !
Si vous regardez attentivement, vous verrez des pièces qui ne viennent pas de chez GAZ. Les joints de vitres par exemple viennent d'une Jigouli (le pare-brise identique par ses dimensions à celui d’origine a été commandé auprès d’une firme spécialisée et est chauffant). Le radiateur est adapté d’un UAZ. Quelques petits éléments sont empruntés à la Samara. Les jantes sont un modèle tuning pour Niva (il fallait augmenter autant que possible les voies). Parmi les pièces étrangères on ne trouve que les amortisseurs Koni qui sont monnaie courante sur n’importe quelle voiture de sport. C’est pourquoi les créateurs de cette Volga estiment que 90% des pièces employées sont d’origine russe.
Certains éléments ont nécessité un peu de savoir-faire. Les supports moteur ont été modifiés pour le reculer 4 cm en arrière, ce qui est utile pour la répartition des masses. La boîte de vitesses a également bougé pour modifier l’emplacement du levier de changement de vitesses. Le mécanisme de la GAZelle convenait ensuite parfaitement. Le pédalier est également amélioré : il faut dire que sur le modèle de base, la disposition des pédales n’est pas trop adaptée à la conduite sportive !
Une des fiertés de « Staroe Vremia » est l’installation d’une colonne de direction en deux parties, ce qui a permis de positionner le volant de manière plus sportive. Il peut maintenant être ajusté en hauteur. La suspension a également été retravaillée pour obtenir un angle de chasse de trois degrés (la valeur d’origine n’est pas très adaptée à la course). Les ailes peuvent se démonter rapidement, la calandre a été modifiée et à la place du chauffage d’origine, on trouve une paire de ventilateurs permettant de lutter contre la buée. Au final, presque tout a été modifié.
La voiture a fait sa première apparition publique à l’occasion de la Journée de l’Astronautique et elle a pu faire quelques tests sur le circuit. Ses créateurs ont indiqué que, comme il fallait s’y attendre, son comportement rappelle les GAZ-24 de course et que ses performances sont quasi identiques. Mais la GAZ-21 aura sa propre épreuve au Moscow Classic Grand Prix. Il est prévu que trois GAZ-21 participent à la première étape de la saison, dont deux préparée dans les ateliers de « Staroe Vremia ».
Légende des photos :
- Il a fallu sacrifier les pare-chocs, les baguettes de carrosserie et la calandre. Mais le logo d’origine sur le capot a pu être conservé.
- Tout ce qui était inutile a été retiré de l’habitacle, y compris les garnitures de portes. L’inscription « Tirer », là où se trouvait auparavant la poignée d'ouverture, permet aux pilotes-amateurs de sortir de cette voiture inconnue.
- Tout a été fait pour conserver l’authenticité du tableau de bord mais l’instrumentation a dû être remplacée. Et complétée.
- Dans la mesure du possible, le rétroviseur intérieur a été restauré et laissé à sa place d’origine. Mais pour la course, il ne convenait pas.
- Les éléments de sécurité obligatoires accessibles de l’extérieur : le bouton du système anti-incendie et le coupe-circuit.
- Comme le réservoir de carburant a été déplacé à un autre endroit, il n’y plus besoin de la trappe. Elle a été condamnée.
- Sous le capot, vous ne trouverez rien de spécial. Presque toutes les pièces et éléments mécaniques sont empruntés à des voitures russes plus ou moins modernes.
- Voilà à quoi ressemble le coffre préparé pour la compétition : réservoir, filtre, pompe, batterie. Rien que du classique.
- A l’arrière, on trouve encore les feux d’origine mais l’éclairage de plaque a disparu et est remplacé par un élément décoratif qui en imite la forme.
- C’est dans cet état que la voiture est arrivée de Voronezh. En principe, dans cet état, les restaurateurs ne considèrent pas la carrosserie comme irrécupérable.
- L’intérieur aussi était totalement délabré. On ne sait pas combien de kilomètres cette Volga avait, mais il est clair qu’elle avait déjà beaucoup servi.
Lu sur : https://www.zr.ru/content/articles/906698-gaz-21-volga-xxi-veka/
Adaptation VG