
Helga Vogel s'est reconnue sur une photo du journal Sächsische Zeitung. Lorsqu’elle avait 22 ans, c'était un mannequin recherché.
C’était un vrai rituel ! Pendant près d’une heure, Helga Vogel avait dû sourire devant l’appareil photo avec une des toute première Trabant produite. « Ma mâchoire était complètement crispée et je n’étais pas assise très confortablement sur le capot » se souvient cette Allemande âgée aujourd’hui de 82 ans. Ces prises de vue datent d’il y a 60 ans ! Lorsque cette photo, qui à l’époque a fait la couverture de DDR-Revue, a été publiée le 6 novembre dernier en première page de Sächsische Zeitung, elle s’est remémorée la scène.
Elle était si heureuse de revoir cette photo qu’elle a contacté le journal. Personne au Sächsische Zeitung ne savait que c’était une femme de Dresde qui posait avec la Trabi. La rédaction a donc décidé de la rencontrer.
Etait-elle mannequin professionnel à l’époque ? Helga Vogel rigole de bon cœur en entendant cette question : « J’étais secrétaire à Dresdner Verlag Zeit im Bild ». Cette maison d’édition imprimait DDR-Revue, un magazine envoyé à l’étranger dans les pays capitalistes et dans lequel la RDA était présenté sous les couleurs les plus éblouissantes. « Il était imprimé sur du bon papier glacé » raconte Helga Vogel en montrant quelques pages de ce magazine qu’elle a soigneusement conservées dans un cahier.
C’était sa première photo de presse, un avant avant que la Trabant P 50 ne soit produite en grande série. Rapidement, la jeune secrétaire a eu la réputation d’être très photogénique. Elle n’a donc pas fait campagne uniquement pour la petite voiture est-allemande. L’industrie textile de la RDA devait également être connue à l’étranger : Lederol, Deern ou Wolpryla apportaient de la couleur à la mode Est-allemande plutôt monotone. Par exemple sur la couverture de DDR-Revue, Helga Vogel porte un costume Dederon à carreaux rouge avec des souliers en similicuir rouge. Une valise réalisée dans le même matériau complète ce cliché de voyage. La même Trabant P 50 Trabant que la première photo est utilisée. A son volant, c’est un collègue de travail de Helga Vogel. « En fait cette photo a quelque chose de très drôle » dit la vieille femme en riant.
Ce collègue anglais avait critiqué cette photo à l’époque. Mais les patrons l’avaient aimée et c’est ainsi qu’elle a fait pratiquement le tour du monde, ayant été publiée en Angleterre, en Suède, en France et en Espagne. « Pour que les textes soient bien traduits, nous avions des employés venus de ces pays » explique Helga Vogel. Elle se souvient de deux beaux Espagnols, d’un charmant Français et aussi un Suédois, grand comme un arbre. « Il se moquait toujours des rideaux de notre bureau ! ».
Helga Vogel a travaillé pour l’édition arabe du magazine dont elle a également honoré la couverture. Cette fois, elle avait des bobines de fil dans les mains et portait un foulard. Bien sûr, la femme moderne de la RDA travaillait, y compris dans l’industrie textile. « C’était une époque merveilleuse pour moi. Tous mes collègues étaient amicaux et de bonne humeur. Et bien sûr, j’ai aimé poser pour ces photos » raconte-elle.
Mais en 1960 elle doit mettre un terme à son travail dans la maison d’édition et donc à sa carrière de mannequin. Son fils aîné vient de naître et les places de crèche sont rares. La jeune femme doit rester à la maison. D’autant que son mari, chercheur dans une grande école, est extraordinairement occupé au travail.
Une Trabi a accompagné plus tard la famille qui s’était complétée d’une fille et d’un autre fils. « Pas une P 50 comme sur la photo mais une P 601 vert clair » se souvient Helga Vogel. Elle a toujours rendu de bons services et l’ex-mannequin pouvait même faire les petites réparations elle-même. « Tout était très simple ».
Après l’interview, Helga Vogel est repartie avec son mari. Pas en Trabi mais en… Opel.
Lu sur : http://www.sz-online.de/nachrichten/das-model-aus-der-trabi-werbung-3818100.html
Adaptation VG