Pour les constructeurs de samodelkas, les voitures amphibies sont l’incarnation du rêve de la voiture universelle, capable de rouler, de nager et même presque voler…
Igor Rikman, ingénieur spécialisé en haveuses, a construit à l’époque de l’URSS un véhicule amphibie extrêmement viable. Sur route, sa voiture n’était en aucun cas inférieure à une voiture habituelle et sur l'eau elle rivalisait avec les canots à moteur. A son volant, il a participé avec succès à de nombreuses courses de constructeurs amateurs et a même tourné dans des films.
Il a commencé la construction de l’Ichtiandr-1 (homme amphibie en grec) en 1971 avec l'aide d'Alexeï Reviakine. Les premiers tests effectués en 1979 lors d’un concours de samodelkas ont été particulièrement concluants.
La carrosserie était recouverte d’aluminium. Pour assurer une meilleure étanchéité, la voiture ne disposait pas de portes mais d’un toit coulissant. Les contours inférieurs de la carrosserie s’inspiraient du bateau de plaisance Kama ce qui influençait favorablement les caractéristiques hydrodynamiques de l’Ichtiandr-1. L’intérieur de la coque était recouvert de mousse plastique pour améliorer la flottabilité. A cet effet étaient également prévues des cavités spécialesremplies du même type de mousse. La carrosserie était divisée en trois compartiments étanches.
Dans le compartiment avant, on trouvait le coffre ainsi que le maître-cylindre de freins et d’embrayage, les batteries et le mécanisme de direction. La direction était d'ailleurs empruntée à la ZAZ-968 Zaporojets et la suspension constituée de deux tirants et d’amortisseurs à leviers. Bien entendu, toutes les pièces qui sortaient de la coque étaient entourées par des joints pour empêcher l’eau d’entrer. Sur le capot du compartiment avant, on trouvait une ancre reliée à un treuil à commande électrique et manuelle.
Le compartiment central, le plus grand, accueillait les passagers et les organes de commande. Pour monter à bord, il fallait faire coulisser le toit et l’on trouvait des marchepieds sur les côtés de la coque pour faciliter l'accès.
La « salle des machines » était située dans le compartiment arrière. Le moteur VAZ-2103 était monté en porte-à-faux arrière et connecté à une transmission de ZAZ-966 via une plaque d’adaptation. Le système de refroidissement faisait appel à trois radiateurs : deux refroidis par air et un troisième situé sur le fond du plancher et refroidi par eau durant la navigation. Les prises d’air pour le refroidissement des deux premiers radiateurs étaient situées sur les montants arrière de la carrosserie.
L’Ichtiandr-1 était équipée d’une suspension indépendante à barres de torsion sur les quatre roues. La suspension utilisait aussi des cardans permettant d’ajuster la hauteur de caisse. Ainsi, après l'immersion, les roues pouvaient être repliées à l’intérieur des passages de roues afin de réduire la résistance à l’eau. Dans le même but, les roues arrière étaient recouvertes de caches spéciaux. Les supports de suspension reprenaient des composants de suspension avant de ZAZ-968. L’étanchéité était assurée par des joints élastiques « collés » par contre-pression d’huile créée stockée dans un réservoir situé au-dessus de la ligne de flottaison.
Pour se déplacer sur l’eau, l’Ichtiandr-1 utilisait un hydrojet connecté à l’extrémité avant du vilebrequin moteur (là même où se trouvait le cliquet permettant d’installer la manivelle de démarrage sur les anciennes Jigouli). Sur l’eau, ce véhicule amphibie se dirigeait en tournant les roues avant et la buse de sortie de l’hydrojet. On pouvait également inverser le jet pour les manœuvres arrière. Pour sortir de l’eau, il suffisait d'accélérer et si la rive était escarpée ou le fond trop boueux, on accrochait l’ancre au rivage et le treuil permettait de rejoindre la terre ferme.
Sur route, l’Ichtiandr-1 pouvait atteindre facilement les 120 km/h et sur l’eau il pouvait se déplacer à 20 km/h. Après des années passées à l’abandon, cette première version de l’Ichtiandr a été mise en vente et on ne sait pas exactement ce qu'il est devenu aujourd'hui.
La deuxième version, l’Ichtiandr-2 a été construit au début des années 90. Il est plus grand qu’une Volga GAZ-2402 (il est un peu plus long et fait 350 mm de plus en largeur). Ses capacités le rapprochent d'un véhicule tout-terrain avec 4 roues motrices et blocage de différentiel. En outre, la suspension est à hauteur variable en fonction des conditions d'utilisation.
Sa carrosserie réalisée en fibre de verre, fait une épaisseur totale d’environ 8 mm et recouvre une carcasse en tubes d’acier à section carré de 25x25 mm d’environ 2 mm d’épaisseur.
Le moteur type VAZ-21213 développe 80 ch. Comme il s’agit d’un moteur installé normalement à l’avant, il a fallu réorganiser et moderniser tout le système de refroidissement. Le radiateur est situé dans la poupe à gauche du moteur et la poulie de ventilateur est montée sur l’alternateur. Un ventilateur électrique supplémentaire est également installé. L’arrivée d’air se fait à travers les grilles latérales et il est évacuée par la grilles montée sur la poupe. La conception du véhicule a permis d’éviter les odeurs d’échappement et les vapeurs d’essence dans l’habitacle.
La boîte de vitesses couplant l’embrayage et le différentiel avant proviennent d’un LuAZ. Mais les réducteurs du LuAZ n’ont pas été utilisés pour ne pas limiter la vitesse de ce véhicule amphibie sur la route. Dans son ensemble, le système de freinage provient d’un VAZ-2121 Niva mais les freins arrière sont à disques (car ils sèchent plus rapidement lorsqu’on sort de l’eau). De plus, le frein de stationnement est hydraulique.
En 2013, , l’Ichtiandr-2 a été mis en vente dans un garage de Moscou pour 430,000 roubles (environ 6,000 euros) et a été achetée par des… Allemands ! Ces deux amateurs de véhicules amphibies ont vu la voiture en vente sur internet et sont venus tout spécialement d’Allemagne pour l’acheter. La voiture est maintenant en cours de restauration.
Il faut espérer que l’Ichtiandr-1 connaîtra le même sort !
Lu sur : https://www.drive2.ru/b/1749477/
Adaptation VG