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Dans les petites annonces pour des Volga, on trouve parfois des raretés à vendre. Certaines sont plus exclusives que d’autres : les voitures fabriquées pour le KGB, le GRU ou le GON, celles passées entre les mains de personnalités ou de célébrités. Il y a aussi celles couvertes de mousse « importées » du village voisin. Elles sont encore nombreuses. Mais le printemps dernier, une GAZ-21 Volga noire est arrivée discrètement à Moscou. Ramenée de Vladivostok, celle-ci est une véritablement exclusive.

La plupart d’entre vous se poseront immédiatement la question : pourquoi était-il nécessaire de ramener une GAZ-21 de l’Extrême-Orient russe surtout dans un état loin de la perfection ? C’est une bonne question qui mérite une réponse !

Durant des années, les GAZ ont été exportées vers des dizaines de pays à travers le monde, non seulement les pays frères du Pacte de Varsovie ou ceux « suivant la voie du socialisme » sur d’autres continents, mais aussi des pays capitalistes où la production des constructeurs automobiles soviétiques était importée par des entreprises locales. Avant que l’URSS ne vende activement ses ressources naturelles, les voitures étaient une des principales sources de devises de l’économie soviétique. C’est pourquoi l’activité d’Autoexport était d’une importance réellement stratégique.

La GAZ-21 Volga a acquis une certaine reconnaissance en Europe occidentale, tout d’abord en Scandinavie où elle était considérée comme une voiture fiable, résistante au froid et aux mauvaises routes. Ensuite elle a été vendue dans les pays du Benelux et avaient la réputation d’être une voiture simple et assez peu coûteuse. Importateur de voitures soviétique en Europe, la société Scaldia-Volga, en assurait même le montage dans sa propre usine de Bruxelles. « Scaldia » installait entre autres des moteurs Perkins, Rover et Peugeot Indenor sur des Volga et des Moskvitch livrées en kits depuis l’URSS.

Mais l’amélioration de ces voitures par l’importateur n’était pas suffisant. Un certain nombre de marchés d’exportation - principalement la Grande Bretagne - avaient besoin de versions spécifiques : des voitures prévues pour la conduite à gauche, c’est-à-dire avec le volant à droite ! A l’époque où la conquête du marché britannique ne faisait que commencer et la Moskvitch (puis la Lada) sont devenues sur les  « iles britanniques » de vrais best-sellers.

Au début des années 60, GAZ a développé spécialement pour ces marchés des GAZ-21 et GAZ-22 en version « N » (conduite à droite et finition standard » et « NIou » (conduite à droite, version tropicalisée). La quasi-totalité d’entre elles, à l’exception du modèle qui fut exposé sur différents salons, sont des GAZ-21 de troisième génération.

Mais contrairement à la Moskvitch, la Volga n’a pas été « adoptée » par les Britanniques : trop grande et trop gourmande, elle n’était pas du tout adaptée à ces insulaires prudents et économes qui achetaient avant tout la compacte soviétique. Mais la Volga a laissé sa marque chez les British… dans le cinéma.

Ainsi, GAZ n’a fabriqué que 120 GAZ-21/GAZ-22 à conduite à droite sans en déployer la production en grande série. Dans les pays à conduite à gauche, la Volga était généralement livrée dans sa version classique avec le volant à gauche. Parmi les quelques exemplaires avec le volant à droite, environ 25 voitures ont été livrées en Grande-Bretagne et le reste a été dispersé dans le monde entier : à Chypre, en Indonésie, à Singapour, au Soudan…

Revenons donc à cette Volga ramenée de l’Extrême Orient russe. Cette GAZ-21 appartenait autrefois à un retraité de Vladivostok qui l’a utilisé quotidiennement jusqu’à sa mort… Un petit détail, mais qui a son importance : il fut diplomate soviétique à Singapour. Et c’est de là qu’il a ramené la voiture.

Si vous êtes attentif, vous ferez attention à un certain nombre de détails : ainsi, le levier de vitesses est passé de la colonne de direction au tunnel central. Ce n’est pas une modification faite après coup. Elle était fabriquée comme cela en usine. C’est une des caractéristiques de toutes les GAZ-21 à conduite à droite et cela est dû au fait qu’il était impossible de « calquer » le mécanisme côté droit.

Si vous êtes encore plus attentif vous remarquerez que le levier d’ouverture du capot de la Volga à conduite à droite n’a pas bougé. Il se trouve toujours à gauche et c’est pourquoi, pour ouvrir le capot, il vous faudra d’abord ouvrir la porte passager ! Cette particularité se retrouve aussi sur les Moskvitch destinées au marché britannique. Transférer à droite le mécanisme d’ouverture aurait compliqué la production de ces modèles...

On trouve en Russie trois GAZ-21 à conduite à droite, y compris cette voiture ramenée de Vladivostok. Mais si la première qui se trouve dans la région de Rostov est également originaire de Singapour c’est une version « SIou » car il s’agissait à l’origine d’une conduite à gauche ! L’autre n’a jamais été exposée en public, mais ce n’est peut-être qu’une question de temps.

On ne trouve pas de break GAZ-22 avec la conduite à droite en Russie. Mais cela ne signifie pas qu’on ne peut pas en trouver ailleurs. Au moins un exemplaire se trouve dans une collection privée en Grande-Bretagne et on a pu en voir prises en photos à Chypre et en Indonésie… Y en a-t-il d’autres ?

Légende des photos :

  • Voilà comment la voiture a été ramenée dans un garage de Moscou accompagnée d'un autocar LAZ-695E « Elena » (*)
  • Drôle de composition : une Volga, sur une dépanneuse, sur une remorque...
  • Le déchargement se termine.
  • Sur cette photo publicitaire d’Avtoexport, au premier plan la Moskvitch-408P et derrière la GAZ-22N.
  • L’image est furtive mais on aperçoit une Volga dans un James Bond - Opération Tonnerre (1965) !
  • La même Volga (!) dans la série télévisée britannique « Les champions » en 1968 ? Une coïncidence ? Impossible !
  • Une GAZ-21NIou à conduite à droite au Soudan.
  • La bulle du compteur de vitesse est cassée.
  • Malheureusement, les inscriptions sur la plaque constructeur ont brûlé mais les données clés frappées sur cette plaque, y compris la version sont clairement lisibles. Le « NIou » signifie que l’on a affaire à une conduite à droite en version tropicalisée.
  • Seuls les logos Volga à l’intérieur et à l’extérieur sont écrits en russe.
  • Le compteur est en miles et les inscriptions sur le tableau de bord en anglais.
  • La version NIou est conçue pour les climats tropicaux avec un système de refroidissement amélioré, sans volets pour le radiateur et sans chauffage. Ici, malgré les spécifications d’usine, on trouve un chauffage.
  • Sour le capot, on voit les traces d’années d’utilisation quotidienne. On remarque aussi la position inhabituelle de la colonne de direction.

Lu sur : https://www.drive2.ru/b/485417617184523105/
Adaptation VG

(*) Voir ici : https://www.drive2.ru/b/480250462289788940/

Tag(s) : #Histoire, #GAZ, #GAZ-21, #Volga, #Export, #UK, #Photos