Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Dans les années 80, avant la Tata Nano à 2,500 euros, la voiture la moins chère du monde que les Indiens ont du mal à construire, les Roumains avaient imaginé un concept de voiture qui, selon les analystes, étaient trop en avance sur son temps. Une sorte de voiture low-cost avant l’heure. La Dacia 500 ou Lastun avait été conçue sur l’ambition de Nicolae Ceausescu d’offrir aux Roumains une voiture peu coûteuse, pratique et consommant moins de 3 litres aux 100 km.

20 ans plus tard, au-delà de la fiabilité de la voiture, la Lastun reste un concept d’actualité. C’est également l’avis de celui qui lui a donné vie, l’ancien directeur de lIAT -  Intreprinderea de Autoturisme Timisoara - et actuel vice-président de Dacia, Constantin Stroe : « Le concept de la Dacia 500 Lastun était, à son époque, très bon. Malheureusement, la réussite n’a pas été au rendez-vous en raison des obstacles qui nous ont été posés. Ceausescu voulait une voiture exclusivement roumaine, ce qui a affecté la fiabilité du projet ».

Constantin Stroe affirme dans une interview à DailyBusiness.ro que ce projet qui partait de la nécessité de construire une petite citadine particulièrement bon marché est maintenant plus que jamais d’actualité. « Dans les conditions actuelles de l’économie mondiale, marquée par les prix élevés du carburant, du développement des grandes agglomérations et de la récession économique, la construction d’une voiture de ce type est un projet de premier plan. Les Indiens l’essayent, tout comme les Chinois. Bien sûr, un projet de ce type serait destiné en premier lieu aux pays les plus pauvres, comme l’Inde ou le continent africain, mais il trouverait aussi sa place sur les marchés les plus développés ».

Cette version est également confirmée par le président de l’Automobile Club de Roumanie, Constantin Niculescu, qui croit que dans les conditions actuelles du marché, une voiture low-cost, de dimensions réduites, rencontrerait rapidement un grand succès : « La petite voiture, bon marché et consommant peu, destinée aux grandes villes, est un concept d’avenir ».

Les spécialistes de l’automobile confirment le potentiel élevé du concept de la Lastun. L’analyste Dan Vardie considère que l’idée de la Lastun était visionnaire en son temps et avait de nombreux points positifs. « Le moteur était décent pour une voiture urbaine, la carrosserie en fibre de verre ne rouillait pas, la voiture était légère et consommait peu. Mais ses plus grands défauts étaient liés aux matériaux et éléments employés, et à la fiabilité » explique-t-il.

L’ancien concepteur de la Lastun, Constantin Stroe explique que les problèmes de fiabilité sont dû au refus de Ceausescu d’utiliser des pièces d’importation. « On ne pouvait pas tout construire dans le pays. Dacia s’appuyait sur Renault et Oltcit était basé sur une Citroën. Si sur le papier le projet avait l’air bon, nous devions utiliser des matériaux inférieurs pour le faire ».

Marius Carp, ancien directeur de l’Association des fabricants et importateurs d’automobiles, est l’un de ceux qui ont travaillé directement sur le projet Lastun. Il se souvient : « Ceausescu voulait rapidement une voiture, sans s’intéresser aux détails. Imaginez qu’il a d’abord voulu que l’on mette des sièges en plastique comme dans un tramway. Il était juste intéressé par l’idée d’une voiture bon marché qui couvrirait les besoins du prolétariat. Le produit qui est sorti de l’usine était mauvais, que cela soit en termes de conception ou de fiabilité ».

Les experts disent qu’il serait possible à présent de résoudre les problèmes de fiabilité de la Lastun. « C’est une voiture qui a été conçue trop en avance sur son temps. Elle était réalisée en fibre de verre, un matériau aujourd’hui courant dans l’industrie automobile, son moteur consommait peu et dans un Bucarest ultra-bondé, elle serait idéale. Ses problèmes pourraient être résolus » estime Daniel Costea de la revue Quatro Ruote.

Marius Carp pense que relancer un tel projet « coûterait environ 500 millions d’euros et qu’il faudrait fabriquer 200,000 voitures par an ». Il a calculé ce montant en fonction de la valeur des terrains en Roumanie et du coût d’une ligne de fabrication. « Une ligne de production complète, produisant 200,000 voitures, coûte environ 300 à 400 millions d’euros. Il faut ajouter le prix du terrain et des installations, plus les coûts de production et d’acquisition des matériaux nécessaires pour fabriquer la voiture, etc... ».

A titre de comparaison, Renault a annoncé qu’il investira 300 millions d’euros en 2009 pour augmenter la capacité de production de 350 mille unités par ans à 400 mille, ainsi que dans la recherche et le développement de la Logan. Au total, Renault a investi plus de 1,2 milliards d’euros en Roumanie à ce jour.

Marius Carp concède toutefois que si un investisseur était intéressé à relancer la Lastun, il serait confronté à la réticence des marchés : « En Inde, la Nano a été créé pour les Indiens qui roulent en vélo. En Italie, la légendaire Fiat 500 a radicalement changé la société italienne. Chez nous, une voiture de ce type ne trouverait pas sa place car la préférence des Roumains est principalement dirigée vers les voitures de classe moyenne. Les Matiz et Tico, par exemple, se vendaient assez bien, mais n’ont jamais battu Dacia » affirme le spécialiste.

Ceausescu avait imaginé la « voiture roumaine » en 1980, après l’Exposition des réalisations de l’économie nationale de 1979 où un prototype portant le nom de « Brasovia » avait été présenté. La production de la Lastun a débuté en 1988 chez IAT, Intreprinderea de Autoturisme Timisoara, et un total de 6,532 exemplaires ont été vendus. Sa production a cessé en février 1990.

La Dacia 500 Lastun était une 2 portes à hayon, avec une carrosserie en résine synthétique dont le grand avantage était la résistance à la corrosion. Elle avait un moteur bicylindre refroidi par air de 499 cm3 de 22,5 chevaux donné pour une consommation de 3,3 litres aux 100 km et une vitesse maxi de 106 km/h. C’était une 2+2 qui pouvait transporter 2 adultes et 2 enfants.

« Elle était un peu bruyante, difficile à démarrer et très peu solide. Sa boîte de vitesse semblait être inspirée de celle de la Trabant » raconte sur un forum un ancien propriétaire. Dans les années 90, de nombreuses blagues circulaient en Roumanie sur la Dacia 500, l’une des plus courue était celle qui la comparait à la Mercedes ou la Trabant.

Lu sur : http://www.dailybusiness.ro/stiri-auto/invierea-primului-auto-low-cost-din-romania-lastun-ar-costa-500-mil-euro-17317/
Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #Dacia, #500, #Lastun, #Anecdote