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Au cours de sa longue carrière, la Lada Niva a eu le droit à des versions dérivées plus ou moins intéressantes. Nombre d’entre elles sont entrées rapidement dans l’histoire mais certaines particulièrement réussies ont joui d’une grande popularité. Dans cette liste, la Niva cinq portes occupe la première place.

La question de l’augmentation de l’espace s’est posée pendant de nombreuses années. La Niva originale ne pouvait pas se vanter de son intérieur ou de son coffre à bagages spacieux. En 1994, un modèle très étrange a vu le jour – la VAZ-2129. Il s’agissait d’une version rallongée mais toujours à trois portes. Une vitre de taille ridicule avait fait son apparition derrière le montant central. Un an plus tard, une autre version rallongée a vu le jour, mais à cinq portes cette fois-ci. A la différence de la VAZ-2129, cette version baptisée VAZ-2131 est rapidement devenue populaire. Mais comme il était impossible de mettre cette voiture plus grosse sur la chaîne où l’on produisait la Niva classique, il fut décidé de la fabriquer à l’atelier expérimental d’AvtoVAZ (OPP). Cela devait être une solution temporaire puisque la nouvelle génération de Niva, une cinq portes elle aussi, devait entrer en production. Mais le processus a été retardé et la VAZ-2131 est restée longtemps dans les murs de l’OPP. Et si la Niva longue est depuis retournée sur la chaîne principale, ce modèle qui devait être transitoire est bel et bien toujours en production !

La partie avant de l’habitacle ne diffère en rien de celui de la version trois portes. La position de conduite est typique d’une Jigouli. Le tableau de bord, les sièges et les différentes commandes sont les mêmes que dans la 3 portes. Ce sont les passagers arrière qui sont à la fête. Sans parler d'espace à proprement parler, le simple fait de disposer de sa propre portière et de ne pas avoir à se couler entre le dossier basculant du siège avant et le montant central est beaucoup plus confortable. A l’arrière de la cinq portes la place offerte est plus que suffisante. A la place de la banquette prévue pour deux de la Niva classique, on trouve une banquette modernisée de VAZ-2109. Ce n’est pas une voiture de luxe mais l’assise est confortable. Et le coffre est plus grand, presque deux fois plus grand.

Sur la route il y a aussi des différences. Mais elles ne jouent pas en sa faveur. La seule chose où la version rallongée fait mieux est la stabilité en ligne droite. L’empattement long de la VAZ-2131 y est pour quelque chose et la voiture roule bien en ligne. La cinq portes dispose aussi d’un réservoir porté à 65 litres (contre 42 litres pour la Niva habituelle). L’un des problèmes de la trois portes - la faible autonomie - est donc supprimé.

Malheureusement, les avantages s’arrêtent là. Le grand défaut de la VAZ-2131 est son dynamisme. Plus précisément son absence de dynamisme. Si auparavant la Niva rallongée avait son propre moteur de 1,8 litre, désormais les deux modèles disposent du même moteur 1,7 à injection. Il est déjà juste pour la trois portes, alors imaginez pour la cinq portes ! Les accélérations sont insipides si on se réfère aux normes actuelles. L’empattement rallongé et le poids supplémentaire ont aussi un impact sur la maniabilité. Les réactions sont lentes et paresseuses et manœuvrer dans une place de parking serrée est toujours une aventure. Le rayon de braquage vaut bien celui d'une camionnette. Par contre, cette Niva n’a pas peur du tout-terrain et on comprend pourquoi on la commande encore aujourd’hui. C’est une excellente alternative pour ceux pour qui la Lada Niva classique est trop petite et qui ne peuvent pas s’offrir la Chevrolet Niva. D’ailleurs, la « ChNiva » offre beaucoup moins d’espace aussi bien sur la banquette arrière que dans le coffre !

A la fin des années 80 sur la base de la Niva rallongée est apparu un modèle incroyablement intéressant - la VAZ-2120 Nadezhda. Il s’agissait d’un minivan à 7 places avec une transmission permanente aux quatre roues. On ne pouvait pas trouver mieux dans le pays. Mais la Nadezhda avait été engendrée dans la douleur et construite, littéralement, avec ce qu’on avait pu trouver. C’est pourquoi, vu de l’extérieur,  elle était initialement si moche avec sa calandre à quatre phares de Jigouli. A l’arrière, elle avait des feux de Oka avec des antibrouillards séparés. Elle a ensuite été restylée avec des phares de « Deciatka » et est devenue tout de suite plus sympathique à regarder. Mais l’intérieur est resté le royaume de la bidouille avec un tableau de bord et un volant provenant de la VAZ-2110, des commandes de chauffage et des aérateurs centraux de VAZ-2115 et des aérateurs latéraux de Jigouli. On ne pouvait toutefois pas se plaindre de l’assise. C’était plutôt pas mal et on pouvait même transformer l’habitacle. Etait-il toutefois nécessaire d’installer 7 sièges ? Il aurait peut-être mieux valu se concentrer sur une version 5 places avec un peu plus de place pour la deuxième rangée de sièges et pour offrir plus d’espace aux bagages.

Les places arrière manquent d’air à tous les sens du terme. On y est à l’étroit et l’oxygène se termine rapidement. Et on ne peut ouvrir les fenêtres que sur les portes avant. Celles des portes arrière sont fixes ! Il n’est donc pas étonnant que le propriétaire de la voiture que nous avons essayé a installé deux toits ouvrants et monté des ventilateurs. Il n’y avait rien d’autre à faire.

Avant de démarrer, j’ai longuement essayé de comprendre dans quelle position se trouvait le levier de vitesse. L’angle avec lequel il se dresse est très important et au premier abord il est très difficile de déterminer quel est le rapport engagé. La Nadezhda se déplace difficilement bien que l’on trouve sous le capot le moteur 1,8 litre VAZ-2130 mentionné plus haut. Quand le photographe m’a montré d’un geste qu’il fallait que je rattrape la voiture depuis laquelle il faisait les prises de vue, j’ai tout de suite compris que cela ne serait pas simple ! Le moteur manque totalement de répondant, même avec le vent dans le dos. Selon la fiche technique, la Nadezhda peut atteindre les premiers (!) 100 km/h en 23 secondes interminables. Je veux bien le croire ! La maniabilité vaut bien les accélérations : la voiture est pataude au possible. En cela, la Nadezdha fait pareil que la Niva à cinq portes. Elle réagit lentement aux coups de volant et le diamètre de braquage est immense mais elle est stable dans les lignes droites. Il faut toutefois noter que contrairement à la Niva habituelle, la Nadezdha a reçu dès ses débuts la direction assistée.

Comme cela se produit souvent en Russie, une idée brillante a été mise en oeuvre de manière catastrophique. Une carrosserie conçue de manière un peu brute, un intérieur pas trop réfléchi, une qualité de fabrication répugnante sans parler de celle des pièces. Voilà pourquoi les résultats de ce comparatif sont logiques. La période de commercialisation de la Nadezhda a été très courte. On croise de plus en plus rarement cette voiture sur les routes. C’est dommage. AvtoVAZ a-t-il l’intention de revenir à cette niche de marché ? Si oui, il faudra y réfléchir plus longuement.

Légende des photos :

  • La bosse caractéristique sur le toit est restée même après le transfert de la fabrication de ce modèle sur la chaîne principale, comme un rappel de son assemblage par l’atelier expérimental d’AvtoVAZ.
  • Le tableau de bord de la Niva moderne vient de la VAZ-2114. Simple mais efficace. Il n’y a rien à lui reprocher en matière de lisibilité.
  • Cette artillerie d’interrupteur de Jigouli a du style aujourd’hui. Mais les tirettes de chauffage qui demandent un effort surhumain font depuis longtemps partie de l’histoire.
  • La partie avant de l’habitacle de la Niva cinq portes est absolument identique à celle de la Niva classique.
  • Le nombre de leviers n’a pas changé en quarante ans. Le blocage de différentiel et le passage en rapports courts s’opère à travers deux leviers séparés.
  • Le fonctionnement de ces leviers est expliqué sur une petite tablette séparée.
  • A notre grand étonnement les places arrière sont confortables et spacieuses. De plus, on peut s’y installer non pas à deux, mais à trois !
  • Le coffre à bagages de la Niva cinq portes fait 420 litres ce qui n'est pas mal. Rabattre la banquette arrière permet d’obtenir une grande surface de chargement. Dommage qu’elle ne rabatte pas en deux parties.
  • La Niva cinq portes est assez stable en ligne droite.
  • Les quatre premières années, la calandre de la Nadezhda était à quatre phares. Ensuite, les phares de « Deciatka » ont fait leur apparition.
  • Le tableau de bord est le royaume de la débrouille. On peut trouver des pièces venant de tous les modèles fabriqués à la même époque.
  • Comme sur la Niva on trouve trois leviers. Ceux de la boîte de transfert et du blocage de différentiel sont réunis ensemble. La finition semble bâclée.
  • Sous le capot de la Nadezhda on trouve le moteur 1,8 VAZ-2130 à carburateur développant 84 ch. Pour ce minivan de près de 2 tonnes il est largement insuffisant.
  • La Nadezhda est stable en ligne droite mais elle manque autant de dynamisme que de maniabilité. Son moteur peu puissant et son poids élevé la pénalise.
  • Les sièges avant réalisés en partie avec la carcasse de ceux d'une « Deciatka » sont un peu meilleurs que ceux de la Niva. On est encore loin de la perfection même si la position de conduite est très pratique.
  • La porte latérale coulissante donne accès aux places arrière. Sur la rangée centrale, il y a de la place mais on se sentira vraiment à l’étroit sur la troisième rangée. Le principal problème est qu’on ne peut pas ouvrir les vitres. Les passagers arrière souffrent sévèrement du manque d’air frais.
  • En configuration sept places, le coffre à bagages est réduit à sa plus simple expression. Peut-être aurait-il mieux valu ne faire que deux rangées de sièges ? Il y a aurait plus de place à l’arrière et le coffre aurait été plus spacieux.

Lu sur : https://www.zr.ru/content/articles/906908-retro-test-pyatidvernoj-lady-4kh/
Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #Essai, #Lada, #VAZ, #2131, #Niva, #2120, #Nadezhda