Dans les années 40, après la Grande Guerre Patriotique, un ingénieur soviétique du nom de Vsevolod Bakhchivandzhi a commencé à travailler sur une voiture particulière équipée d’une transmission automatique. Ce projet est l’une des plus grandes escroqueries dont Staline a eu vent, mais aussi surprenant que cela puisse paraître, pas l’un des protagonistes du projet n’en n’a souffert.
A l’époque, Vsevolod Bakhchivandzhi dirigeait l’Usine Automobile Expérimentale de Riga (REAF). Si, cette usine n’était constituée que de quelques bâtiments et son personnel réduit, elle disposait des toutes dernières technologies. Elle disposait des meilleurs équipements de l’époque, des équipements que d’autres usines automobiles ne pouvaient que rêver.
Le gouvernement soviétique avait à plusieurs reprises alloué des subventions pour la production à Riga d’une voiture de tourisme. Le décret nécessaire avait d'ailleurs été signé personnellement par le chef du gouvernement. La REAF avait à plusieurs reprises reculé le planning et en 1948 Staline avait fixé la date à la laquelle la voiture devrait lui être montrée. Pourtant, une fois de plus, Vsevolod Bakhchivandzhi ne respecta pas les délais.
C’est lorsque les dirigeants du pays ont commencé à envisager de mettre un terme à ce projet que l’ingénieur a persuadé les autorités militaires de le soutenir en suggérant d’utiliser cette petite voiture complexe, coûteuse mais confortable (on employait alors le terme de luxueuse) dans les forces aéroportées… On ne sait toujours pas comment il a pu hypnotiser les militaires de la sorte, mais l’armée a finalement soutenu l’inventeur, ce qui lui a permis de gagner une année supplémentaire !
A la fin des années 50, deux prototypes de cette REAF-50 - une berline et une berline découvrable - sont finalement envoyés à Moscou. A ce moment-là, on avait déjà dépensé près de 1 million de roubles dans le projet. Les essayeurs moscovites constatèrent alors qu’il était nécessaire de démonter pratiquement toute la carrosserie pour la moindre réparation, que la transmission automatique était peu fiable et coûtait cher et le moteur peu économe en carburant. Tous s’accordaient à dire que la voiture ne pouvait pas être mise en production !
Moscou, surpris par la conception aberrante de la REAF-50, renvoya Vsevolod Bakhchivandzhi et ses prototypes à Riga. Sur la route du retour, la berline découvrable tomba en panne et ses créateurs décidèrent de l’abandonner sur place. La berline fut offerte à une école maternelle. L’ingénieur fut rappelé à Moscou pour être affecté à un autre emploi...
En 1960, Vsevolod Bakhchivandzhi essaya de lancer la production en série d’une voiturette de sa propre conception qu’il avait commencé à imaginer dans les années 30. Cette voiture avait un moteur modulaire. Le nombre variable de cylindres avait suscité beaucoup d’intérêt même chez NAMI mais on ne le prit pas plus au sérieux à cause du caractère artisanal de son prototype. Jusqu’à sa mort il continua à être extrêmement prolifique. Mais si on lui doit plus de 500 inventions, aucune d’entre elles n’a jamais réellement été mise en pratique. On ne sait pas ce qu’est devenue la voiturette extorquée par des inconnus à sa veuve et le nom de l’inventeur de talent a été vite oublié...
Le prototype REAF-50, après avoir été récupéré dans un très mauvais état, a été restauré. Il est exposé aujourd’hui au Musée Automobile de Riga.
Lu sur : http://picturehistory.livejournal.com/2227736.html
Adaptation VG