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Petite devinette : quelle voiture peut passer de 0 à 100 km/h en 3 secondes ? Une Lamborghini ? Une Ferrari ? Une Bugatti ? Non ! Une Nissan GT-R ? Non plus ! Son nom commence par la lettre « Z ». Vous dites ? Pagani Zonda ? Non, vous n’avez pas trouvé. Si je vous dis que cette « supercar » est originaire de l’ex-URSS. Vous ne savez toujours pas ? La réponse correcte est : Zaporojets ! Oui, oui, vous avez bien entendu. La Zaporojets. Celle avec le moteur dans le coffre. D’ailleurs, elle vient de passer devant nous à la vitesse de 300 km/h. Vous pensez que je me moque de vous ? Non, je vous jure. Cette Zaporojets existe bel et bien.

Le propriétaire de cette voiture, Evgueni, s’intéresse sérieusement au drag-racing. Depuis près de huit ans, il prépare des voitures capables d’aller vite en ligne droite. Il a appris à cette ZAZ à dépasser tout ce qui roule à ses côtés. La « Deviatka » que Evgueni a eu avant elle franchissait la barre des 402 mètres en exactement 11 secondes. Sa nouvelle monture devait non seulement faire mieux mais doit aussi se distinguer sur les pistes par son apparence inhabituelle et son excentricité. C’est justement à ce moment-là que Evgueni est tombé sur la petite annonce mettant en vente cette Zaporojets.

Au premier coup d’œi on peut voir que son apparence est un compromis entre le look d’origine et la fonctionnalité d’une voiture de course. D’un côté, cette ZAZ-968M n’a pas été découpée dans tous les sens et conserve toutes ses caractéristiques : les baguettes, les rétroviseurs chromés, les poignées de portes et, encore plus remarquable à l’avant, les jantes d’origine avec leurs enjoliveurs ! D’un autre côté, il a bien fallu changer quelque chose.

Le nouveau moteur et la suspension ont eu un impact important sur la voie arrière que l’on a compensé avec des extensions d’ailes. Elles se justifient aussi par le fait que les roues ne pouvaient pas non plus rester d’origine - les pneus soviétiques de 155 mm de large n’auraient tout simplement pas pu absorber la potentielle augmentation de la vitesse de pointe. Les pare-chocs et les vitrages d’origine ont également été les victimes de l’aérodynamique, de la réduction de poids et de l’augmentation de la sécurité. Les vitres sont ainsi remplacées par du polycarbonate et des plaques d'aluminium. Le nouveau moteur exigeait aussi un refroidissement plus sérieux que le refroidissement par air : désormais le panneau arrière est criblé de trous d’aération et la vitre arrière droite est remplacée par une large entrée d’air.

Malheureusement, il n’a pas été possible de conserver ne serait-ce qu’une dose d’authenticité à l’intérieur. La banquette arrière fait bien entendu partie du passé car elle est remplacée par le moteur. Les sièges avant n’ont pas non plus survécu puisqu'on ne trouve plus qu’un seul baquet. Le tableau de bord s’est également fait la malle. On n'allait pas se servir d’une instrumentation vieille de trente ans ! La seule chose qui rappelle l’époque soviétique sont les contre-portes recouvertes de similicuir.

Si initialement, la ZAZ-968M est une voiture avec un moteur en porte-à-faux arrière (comme la Porsche 911 !), on le trouve désormais en position centrale. C’est pourquoi on peut considérer que la Zaporojets de Evgueni est une véritable « supercar à moteur central » ! Le changement de moteur a été fait de manière intéressante : le précédent propriétaire avait déjà pris toutes les cotes du compartiment moteur d'une Lada Samara pour les reporter à l’arrière de la ZAZ. La suspension, les freins, tout est repris de la « Deviatka » ! Et même si on n’a pas repris la colonne de direction, les biellettes de direction jouent le rôle de bras de suspension supplémentaires. Il s'agissait d'une excellente solution puisque, même si la voiture est unique par sa conception, on peut trouver des pièces dans n’importe quel magasin.

A l’arrière, les ressorts et amortisseurs raccourcis sont plus rigides. La suspension avant à barres de torsion est celle d’origine mais avec des amortisseurs à gaz plus rigides de Lada Niva. A l’avant on a même gardé les tambours car miraculeusement ils parviennent à arrêter ce projectile à des vitesses hacullcinantes. Cependant, Evgueni envisage de les changer : s’ils parviennent à remplir leur office à 200 km/h, à 300 km/h et au-dessus, vitesses dont cette Zaporojets est capable, ils ne sont manifestement pas suffisants. Pour l’instant et pour ne pas bloquer les roues avant au moindre ralentissement, Evgueni a installé un répartiteur de freinage.

A l’arrière toute la mécanique et la suspension de « Deviatka » ont été très soigneusement installés. Il a seulement fallu renforcer les points de fixation du moteur lui-même car à peine terminée et lors de sa première sortie, les supports moteurs, insuffisants, n’ont pas résisté. Mais ce qui est étonnant c’est que Evgueni a pu retourner au garage par ses propres moyens. Apparemment l’ancien propriétaire, dans son projet à lui, n’avait pas prévu l’installation d’un moteur si puissant !

Parlons maintenant du moteur justement. Les modifications apportées pour en tirer une telle puissance ne sont pas aussi nombreuses qu’on pourrait le supposer. Le résultat est pourtant impressionnant. Evgueni ne l'a pas mesuré au banc mais quand on compare le poids de la voiture et les temps obtenus sur un run, on peut estimer que le moteur développe aux alentours de 350 ch (sans compter l’apport du protoxyde d’azote). Au nombre des modifications, on compte un arbre à cames sport « Stolnikov », des bielles allégées, des coupelles de ressorts de soupapes en titane, une admission et un collecteur Stinger. La boîte de vitesses VAZ-2109 d’origine n’a suffi que pour deux runs... Lors du second, il a fallu aller sur la pistes récupérer les morceaux de pignons. Après avoir remplacé la boîte pour une nouvelle, il a renforcé la liaison avec le moteur et désormais tout va bien.

L’échappement est fait maison. Il n’a pas été difficile à réaliser puisque le moteur est installé à l’arrière et qu’il ne faut pas une grande longueur de tuyau. Un simple tuyau de 70 mm de diamètre sort du turbocompresseur et indépendamment de celui-ci un tuyau plus petit de la wastegate. Le système de refroidissement est encore plus simple. Il est vrai que sur la Zaporojets le refroidissement est à air mais avec un moteur aussi préparé cela n'était plus possible. C’est pourquoi il a installé dans le coffre à bagage un radiateur de GAZelle et un ventilateur de Niva. Il a essayé de faire simple et d’utiliser des solutions éprouvées peu susceptibles de le laisser tomber. Cela vaut par exemple pour l’alimentation en carburant avec une pompe Bosch 044 bien connue et un filtre de UAZ.

Le turbocompresseur n’est pas seul élément qui permet de délivrer plus de puissance. Sous le capot, qui cache bien entendu le coffre, on trouve une bonbonne avec l’inscription NOS bien connue. Evgueni l’utilise rarement mais si la voiture est chaussée en bons slicks, elle permet d’accélérer encore plus fort. Il faut dire que la voiture, sans son pilote, ne pèse que 730 kilogrammes !

Cette ZAZ-968M a été construite en un temps record : seulement deux semaines. Il n’a ensuite fallu que programmer le boitier électronique Ianvar 5.1 et corriger les quelques défauts détectés lors des premiers runs. L’un deux était le comportement instable à plus de 200 km/h, où la voiture commençait à se balancer d’un côté à l’autre. Le problème venait la configuration de la suspension arrière et a été vite résolu. Au moment d’écrire ces lignes, le meilleur chrono obtenu par cette Zaporojets est de 10,6 sec sur la distance de 402 mètres. Nous sommes convaincus qu’elle peut faire beaucoup mieux !

Lu sur : http://www.kolesa.ru/article/za-tri-sekundy-do-sotni-na-zaporozhtse-tyuning-zaz-968-m
Adaptation VG

Tag(s) : #ZAZ, #968M, #Tuning, #Dragster