Une voiture neuve, coupé de surcroît, à moins de quarante mille Francs, c'est aussi rare qu'une lueur de bonté dans le regard d'un percepteur. En effet, en deçà de ce seuil, le choix est restreint. Vous pouvez opter soit pour une voiture de ville style Mini ou Panda, soit pour une rustique à la mode 2 CV ou R4. Reste le cas de ces voitures venues de l'Est pour pêcher des devises et qui compensent une technique surannée par des prix canon. Vous pourrez toujours objecter que le marché de l'occasion regorge de routières, à quatre unités ou moins, qui n'attendent que le bon vouloir de l'acquéreur. Mais, si les aléas de la seconde main vous rebutent, les voitures tchèques, polonaises ou soviétiques peuvent constituer une intéressante alternative.
Chez Skoda, les tarifs débutent à 27,950 F pour la berline 1050 L, peu de choses près celui d'une Fiat 126, et culminent à 37,300 F, comme la 2 CV 6 Club, pour le coupé « Rapid ». N'allez pas rêver, pour ce prix, on ne va pas vous offrir des techniques de pointe d'autant que le constructeur tchèque a fait de l'immobilisme un choix philosophique. Certes, les carrosseries rajeunissent de temps à autre, les moteurs gagnent quelques centimètres cubes par ci par là mais l'architecture générale reste désespérément moyenâgeuse.
Depuis des lustres on retrouve de même quatre cylindres longitudinal à arbre à cames latéral monté en porte à faux arrière. Cela dit, l'année dernière le coupé a vu sa cylindrée passer de 1 174 à 1 289 cm3 par augmentation de l'alésage et sa puissance progresser de 58 à 62 ch. En outre, la transmission du mouvement est désormais assurée par une boîte de vitesses à cinq rapports dont le dernier, destiné à abaisser le régime de rotation du moteur n'est utilisable que sur autoroute, plane de préférence. A noter également un léger élargissement des voies avant et arrière. Esthétiquement, peu de choses à signaler sinon que la calandre est désormais identique à celle des berlines et que des écopes ont été aménagées afin de refroidir les disques avant. Certes le ligne fastback commence à dater sérieusement mais les jantes en alliage lui confèrent un caractère plus sportif. En France, les coupés 130 Rapid sont équipés de pneus radiaux. Des Goodyear GP en 165/13 sur notre voiture d'essai. Pénétrer dans l'habitacle d'une Skoda c'est faire un plongeon dans le passé. Les nostalgiques des Simca 1000 Rallye retrouveront un environnement familier. Les cadrans ronds du compte tours et du compteur de vitesses ainsi que les différents voyants lumineux sont typiques des années 70. La planche de bord en matériau sombre n'engendre pas la joie de vivre et le volant, dont la notice de presse nous signale qu'il est très design, est à notre sens parfaitement ringard. En raison de son prix nous serons cependant indulgents et ne critiquerons ni l'absence de montre, d'allume cigare ou de position nuit du rétroviseur. En revanche les sièges à appui tête incorporés sont bien dessinés et confortables et l'équipement indispensable est là avec une phase intermittente de fonctionnement des essuie-glaces et une lunette arrière dégivrante. Sans être spacieuses, les places arrière permettent cependant à deux adultes de prendre place, mais les occupants de grande taille seront gênés par la faible garde au toit. Le coffre à bagages qui s'ouvre latéralement est d'un volume raisonnable et un espace supplémentaire a été aménagé entre la banquette arrière et le compartiment moteur, là où se trouve la batterie, afin d'accueillir quelques menus objets.
Quand on a fait le tri entre les quatre clés qui composent le trousseau et que l'on a enfin introduit la bonne dans la minuscule serrure de portière, on entre enfin dans le vif du sujet. Première constatation, après chaque arrêt un peu prolongé, il est nécessaire de laisser le starter (la commande est entre les sièges) ouvert pendant un temps assez long si l'on ne veut pas caler à chaque feu rouge. Quand le moteur a atteint une bonne température de fonctionnement on remarque qu'il est creux et n'accepte pas les bas régimes. Il faut sans cesse changer de vitesses pour l'exploiter. En revanche, il fait preuve d'une nervosité correcte, eu égard à sa cylindrée, comme en témoignent nos chiffres d'accélération. De même, la vitesse maxi, atteinte en 4e cela va de soi, est d’un niveau acceptable. Ce qui l’est moins c'est le bruit mal filtré du moteur sur les hauts régimes et la résonnance d'échappement qui se manifeste sans retenue aux alentours de 3/4,000 t/mn.
Bien que le coupé Rapid n'évoque la performance que par son patronyme, il offre cependant un comportement routier honnête. Un peu supérieur même à ce que l'on pourrait en attendre d’une direction légère en raison du manque de poids sur le train avant ne communique pas trop de vibrations. De plus elle est précise et assez stable. Il est évidemment exclu de comparer sa tenue de route à celle des actuelles petites sportives, cependant, la tenue de cap est bonne et on arrive même à s'amuser sur les routes tourmentées en fait comme ou bon vieux temps où faisait glisser l'arrière des Gordini, pourtant assez bien accroché au sol. Si la position de conduite est rationnelle, on en profiterait plus s’il ne fallait pas légèrement décoller le dos du siège pour atteindre le levier de vitesses et l'implantation du pédalier est catastrophique. Accélérer et débrayer à impose une pénible gymnaste de la cheville et de plus, le pied gauche, gêné par le passage d'aile, ne sait jamais où se poser. Si le freinage est correct, le contact est trop rudimentaire en raison d’un train arrière qui a tendance à se chercher sur la moindre ondulation. Et puis, l'autonomie permise par le ridicule réservoir de 38 litres est tout à fait insuffisante.
Vitesse maxi : 155 km/h
Accélérations : 400 m : 19 s 84 et 1 000 m : 35 s 82
Reprises depuis 40 km/h : 400 m : 22 s 55 et 1,000 m : 42 s 91
Tiré de L’automobile Magazine N°472 (Octobre 1985)
Vu sur : http://www.ebay.fr/itm/SKODA-COUPE-130-R-1985-ESSAI-ARTICLE-PRESSE-REPORTAGE-MAGAZINE-/361680567260
Adaptation VG