Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

« Tarantoul » : la réponse russe au Hummer.

Ce 4x4 sans compromis aurait pu devenir la fierté de l’armée russe mais le sort en a décidé autrement. Personne n’a voulu de ce véhicule unique, développé par le bureau d’étude « Kaïman » de Saint-Pétersbourg.

Au début des années 1990 s’est posée la question d’une nouvelle génération de véhicule tout-terrain léger pour l’armée russe. Mais à cause de l’effondrement total de l’industrie du pays, la tâche de concevoir ce 4x4 a uniquement reposé sur les épaules de véritables amateurs. Ainsi, le bureau d’étude « Kaïman », une petite équipe d’enthousiastes unis par des intérêts communs, a travaillé durant plusieurs années sur divers projets de 4x4, dont un véhicule militaire portant le nom de Tarantoul, en s’inspirant de ce qui se faisait le mieux à l’époque en matière de véhicule tout-terrains.

L’un des traits caractéristiques du Tarantoul était le fait que la plupart des pièces provenait de véhicules produits en grande série par les constructeurs russes. Par exemple, ce tout-terrain disposait d’un moteur essence 1,7 Lada de 91 chevaux. Pour certains, cela peut sembler peu mais sa réserve de puissance suffisait amplement aux tâches qui lui étaient assignées. La boîte de vitesse était celle d’une VAZ-2107, la boîte de transfert venait de la Niva, etc... En cas de panne, le Tarantoul pourrait ainsi être rapidement réparé dans n’importe quel garage. La suspension indépendante était à barres de torsion avec bras oscillants transversaux et amortisseurs télescopiques. Elle permettait non seulement au Tarantoul de grimper les obstacles mais tout simplement de les oublier. Tous ces choix avaient réduit considérablement la charge de conception tout en augmentant les capacités de franchissement et le confort. C’est pourquoi, il justifiait pleinement son appartenance à l’ordre des arthropodes, auxquels le nom de Tarantoul (tarentule en russe) faisait référence.

La direction assisté était à vis sans fin. La carrosserie du Tarantoul était soudée en alliage d’aluminium et de magnésium beaucoup plus rigide que l’acier classique. De plus elle était insensible à la corrosion. Cette carrosserie soudée donnait un autre avantage : elle était amphibie. Pour traverser les étendues d’eau, on disposait aussi d’un hydrojet. La voiture était prévue pour transporter six personnes ainsi que des équipements et des armements supplémentaires. Cette conception originale, étroite combinaison de la carrosserie, du châssis et de la suspension, faisait du Tarantoul un véhicule très résistant et, par conséquent, très fiable. Son coût d’exploitation était d'ailleurs tout à fait comparable aux coûts d’entretien des UAZ civils.

L’autonomie était de 245 km. En raison de ses pneus spécifiques, la vitesse maximale sur route était limitée à 80 km/h. Mais les développements suivants auraient pu permettre de faire passer ce chiffre à 120 ou 130 km/h sans altérer ses capacités en tout-terrain. Les pneus à basse pression (0,1 - 1 bar) offraient à ce tout-terrain un très grand nombre d’avantages. Ils se montraient particulièrement efficaces dans les zones marécageuses et sur les sols visqueux et ils pouvaient aussi permettre de traverser certains champs de mines, car leur pression sur le sol était minime.

Les tests du Tarantoul, effectués en zone montagneuse en septembre 1999, ont montré que les pneus à basse pression et la suspension indépendante à barres de torsion pouvaient augmenter considérablement les capacités de franchissement. La boîte de transfert d’origine et le moteur de fiable puissance lui permettaient aussi de se déplacer à faible vitesse avec un couple stable sur les terrains rocheux. Un an plus tôt en 1998, des essais comparatifs avaient été organisés avec le Kaïman, le précurseur du Tarantoul : pratiquement tous les véhicules concurrents, y compris le Hummer américain, n’avaient pas été en mesure de rivaliser avec lui. Lors du Salon International de Val d’Isère dans les Alpes françaises, le Kaïman avait aussi été le seul véhicule à franchir un passage encaissé. Plus évolué, le Tarantoul pouvait être utilisé partout. Il n’avait aucun égal dans les marais, dans le désert ou dans les montagnes.

Le Tarantoul aurait pu être utile aux forces de l’ordre, surtout dans les zones de conflits locaux car il était un excellent véhicule pour le transport de personnel dans des conditions extrêmes. Le Tarantoul était léger (seulement 1650 kg) et pouvait donc être, sans dégradation significatives de ses performances, blindé pour assurer la protection de son équipage. On pouvait aussi installer facilement différents types d’armements : mitrailleuse lourde, mortier léger, lance-missile antichar ou missile sol-air... Autre point important, le Tarantoul pouvait être facilement largué depuis un hélicoptère !

Pourquoi n’a-t-on pas vu apparaître le Tarantoul dans l’armée russe ou les forces spéciales ? Ce n'est en partie qu'une question rhétorique. Les responsables de l’armée et des forces de sécurité ne sont pas connus pour prendre des décisions rapides. Les matériels militaires doivent subir des essais à grande échelle. De plus les dirigeants militaires ont toujours adhéré au principe du « meilleur est l’ennemi du bien ». Pour exploiter un nouveau matériel, il faut une base logistique stable, un entrepôt de pièces de rechange, des spécialistes pour son entretien et plus encore... Voilà pourquoi l’armée a tant de mal à adopter des nouveautés, surtout quand les concepteurs de celles-ci n’ont aucun « protecteur » en son sein.

Lu sur : http://5koleso.ru/articles/obzory/tarantul-nash-otvet-hammeru
Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #Petit constructeur, #Prototype, #Kaïman, #Tarantoul, #Militaire