En Roumanie avant 1989, on ne trouvait pas de stations-service OMV, MOL, LUK ou Rompetrol. Ceausescu avait pris soin d’éviter toute importation pour l'approvisionnement du parc automobile du pays en transformant le pétrole extrait localement du sol roumain. A cette époque, les automobilistes s’arrêtaient donc dans des stations PECO. Cette marque a depuis longtemps disparu mais dans le pays c’est un nom que tout le monde emploie encore.
Dans le cas où vous ne le sauriez pas, ce terme est généralement utilisé pour désigner les stations à essence. PECO, qui signifie en roumain « Produse Etilate cu Cifra Octanica », était une chaîne de stations-service réparties sur le territoire de la Roumanie entre 1954 et 1990. PECO a été l’une des premières marques populaires roumaine et durant quatre décennies elle fût le seul producteur et distributeur d’essence et de lubrifiants du pays.
Avant 1989 la Roumanie avait en effet sa propre industrie d’extraction et de transformation du pétrole. Ce dernier était extrait dans des puits appartenant à la société d’Etat Rafirom, acheminé par les 1,800 km de pipelines de la société Petrotrans, appartenant elle-aussi à l’Etat, transformé dans l’une des 10 raffineries Rafirom avant d’être traité et distribué par PECO, une autre entreprise publique. Le pays produisait tellement de pétrole qu’il l’exportait vers les pays voisins, mais aussi en Afrique et en Amérique du Sud.
PECO gérait la production, le conditionnement et la distribution de produits pétroliers. C’était la marque la plus populaire auprès des conducteurs et des mécaniciens puisqu’outre l’essence, elle fournissait des huiles de moteurs et de boîtes de vitesse ainsi que du liquide de freins. En fait, tout ce que vous pouviez acheter dans les magasins de ces stations-services portait la marque PECO.
En 1962 il n’y avait pas moins de 160 stations PECO dans le pays (25 à Bucarest) et on en comptait 310 en 1980. Certaines villes comme Bucarest, Constanta et Timisoara avaient également des stations « spéciales » (au moins quatre dans chacune d'entre elles). Celles-ci étaient en mesure de délivrer de l’essence sans-plomb ou du gazole ainsi qu'une large gamme d’huiles. Jusqu’en 1989, même si personne n’en connaît le nombre exact, on estime qu’il y avait plus de 580 stations PECO en Roumanie.
A part PECO, les Roumains n’avaient pas accès aux marques d’huiles. Pour avoir autre chose, il fallait se les procurer au noir, c'est-à-dire acheter des produits clandestinement importées. Elles étaient principalement utiles à ceux qui faisaient de la compétition automobile ou avaient des voitures de sport. Entre 1965 et 1989, les huiles importées les plus populaires étaient de marque Texaco et ce sont généralement des Serbes ou des Hongrois qui les apportaient. Mais elles étaient rares et chères et la grande majorité des automobilistes utilisait donc les huiles PECO.
PECO a marqué toutes les voitures qui ont circulé en Roumanie avant 1989. Il ne s'agissait pas des produits pétroliers de la meilleure qualité. Les conducteurs de Dacia, par exemple, connaissaient les mauvaises capacités de refroidissement, de lubrification et de nettoyage des huiles PECO et faisaient donc une vidange tous les 5,000 kilomètres. C'était la même chose pour l'essence et le gazole. L’essence était assez pauvre et de nombreux conducteurs choisissaient donc de mettre de l’alcool ou du méthanol dans leur réservoir pour une meilleure combustion. Ils changeaient aussi leur filtre à carburant environ 4 fois par an.
PECO a malgré tout conservé une belle image. Les stations-service étaient très propres, lumineuses avec des enseignes très grandes et très colorées, comme on peut le voir dans les documents anciens où elles apparaissent. Depuis les années 60, à l’entrée de chaque station PECO on trouvait aussi de grands totems illuminés avec un logo aux couleurs du drapeau roumain : rouge, jaune et bleu.
Malheureusement, immédiatement après la Révolution, quelques gars intelligents qui manipulaient le secteur énergétique, ont pensé qu’il ne serait pas mal de tuer cette marque renommée. En 1991 est né Petrom, ce qui a conduit en quelques années à la disparition de Rafirom, Petrotrans et PECO. Les stations-service ont complètement disparu du paysage, remplacées par des stations Petrom distribuant également sous cette marque tous les produits qui étaient jusque-là commercialisés par PECO. En 2004, OMV a racheté cette société et a réorganisé l’ensemble de la production et la distribution de produits pétroliers en Roumanie. Mais elle a conservé deux des trois couleurs du logo original de PECO...
Donc chaque fois que vous entrez dans une station-service roumaine, rappelez-vous qu’il y a environ 30 ans vos parents et grands-parents refaisaient le plein de leur Dacia dans une PECO, très probablement à l'endroit même où vous vous apprêtez à le faire !
Lu sur : http://www.4tuning.ro/istorie-auto/stii-de-la-ce-vine-peco-iata-istoria-benzinariilor-comuniste-disparute-dupa-90-29748.html
Adaptation VG