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Syrena Laminat, une classique qui a fait l'histoire.

Une carrosserie moderne en fibre de verre devait servir pour la pièce de rechange de la Syrena mais l’agitation autour de sa production ont fait que la Laminat est devenu un modèle spécifique et rarissime.

Du premier au dernier modèle, la Syrena n’a pas vraiment changé. Même ses formes arrondies, qui dans les années 60 étaient encore à la mode, ont été conservées jusqu’à la fin de sa production en 1983. Durant toute sa vie, elle a connu des épisodes qui auraient pu en faire une voiture attrayante, comme la Syrena Sport ou le modèle 110, mais aucun de ces prototypes ne s’est concrétisé par une production en série. L’épisode de sa carrosserie de rechange en fibre de verre aurait pu moderniser sa silhouette... mais il est aussi resté lettre morte.

Stylistiquement et mécaniquement la Syrena était de conception dépassée. Dans les années 60, le moteur à deux temps ou la carrosserie à châssis séparé faisaient déjà partie de l’histoire. Entrer dans l'histoire était le destin, rapide, que l’on avait prévu pour la Syrena puisque la fin de sa production avait été annoncé pour décembre 1968. Mais il fallait prendre en compte la question des pièces de rechange qui devaient être encore fabriquées pendant au moins sept ans. Les pièces de la carrosserie faisant parties des pièces de rechange il fallait donc garder une ligne de fabrication pour en produire quelques dizaines de pièces par an (c'est le chiffre sur lequel se basait l’ingénieur Czeslaw Piechur) mais cela n’avait économiquement aucun sens, et ce d’autant plus qu’à Zeran ont avait besoin de libérer de l'espace pour mettre en place la production sous licence de la Polski-Fiat 125p !

Stanislaw Lukasiewicz a permis à FSO de sortir de cette situation difficile en proposant de produire une toute nouvelle carrosserie en fibre de verre pour remplacer la carrosserie métallique classique de la Syrena. Cela demanderait moins de ressources et ne nécessiterait pas de garder toute la ligne de production mais il faudrait tout de même un peu de place et du personnel pour fabriquer ces nouvelles pièces. Il ne pouvait donc s’agir que d’une solution temporaire car très éloignée des méthodes de production de masse.

Au départ, la qualité des pièces produites laissaient beaucoup à désirer d’autant plus que qu’il fallait non seulement en fabriquer pour la Syrena 104, mais aussi pour tous les modèles précédents. On voulait en effet que même les propriétaires des Syrena les plus anciennes puissent remplacer une carrosserie rouillées ou accidentées par une carrosserie toute neuve, non seulement plus esthétique mais aussi plus durable et résistante à la corrosion.

Le projet 316/66 (le nom sous lequel était développé en « secret » la Laminat) était dirigé par Stanislaw Lukasiewicz, alors chef du département carrosserie au bureau d’étude de FSO. Le prototype de la Laminat est développé en 1968. Il conserve la silhouette originale de la Syrena mais avec des ailes, des parties avant et arrière (capot et couvercle de coffre compris) en fibre de verre au dessin plus moderne. Une modification importante par rapport au modèle 104 était aussi la modification du sens d’ouverture des portières (normal désormais).

L’intérieur était strictement identique au modèle de série à l’exception du tableau de bord. L’instrumentation : compteur de vitesse, jauge à carburant et de température d’eau, le démarreur, les commandes d’éclairage et d’essuie-glaces et la pendule étaient regroupés sous une casquette qui donnait à la voiture un caractère plus moderne et plus élégant. A l’intérieur de ce prototype on trouvait quelque chose d’autre qui a toujours manqué à la Syrena de série : un petit vide poche à gauche du volant.

L’atelier de Falenica va réaliser quatre carrosserie numérotées. La technologie était simple, similaire à celle employée dans la fabrication des coques de bateau où le fond d’un moule était recouvert de feuilles époxy renforcées de résine. Il fallait une dizaine d’heures pour fabriquer une seule carrosserie qui était ensuite remontée sur le châssis de la Syrena avant d’être peinte.

Le tout était très simple et la durabilité étonnamment bonne. Cela a été confirmé par les essais sur route auxquels ont participé les quatre prototypes dont les carrosseries numérotées de 001 à 004 avaient été montées sur des châssis de Syrena 100, 101, 102 et 104. Le modèle 103 avait été omis en raison de sa construction identique à la 101. Les quatre voitures fabriquées en 1969 vont donc être confiées à quatre employés de FSO pour une durée de trois ans. C’est assez drôle puisque initialement la fin de la production de la Syrena était prévue pour 1968 et que la durée de ces essais allaient représenter déjà la moitié de la période obligatoire de la production de pièces détachées !

Ces essais de longue durée avaient pour but de vérifier la longévité de la fibre de verre et sa effectivité. Etaient examinés entre autres choses : le bruit, l’étanchéité, le poids, la capacité de chargement. Tout s’est déroulé comme prévu et les résultats ont été très satisfaisants malgré les petites fissures sur la surface des pièces et un problème d’infiltration d’eau. De plus, par grand froid, la carrosserie faisait entendre des bruits de craquement mais les ingénieurs expliquèrent cela de façon très pragmatique : pas de raison de s’inquiéter car le même phénomène touche la Trabant !

Mais le vrai problème c'est que la production de la Syrena n’avait pas été arrêtée et s'est finalement poursuivie dans l'usine de Bielsko-Biala dans le sud de la Pologne. La nécessité de produire des pièces de rechanges n’avait donc plus aucune raison d’être ! Les moules ont été remisés dans un entrepôt. L’histoire de la Laminat aurait pu s’arrêter là si un groupe d’ouvriers de FSO, principalement des modeleurs du bureau d’étude, n’avait pas pris la décision de les racheter. Ils maîtrisaient la technique, avaient de l’expérience et mieux, possédaient des Syrena bouffées par la rouille ! Il était donc tentant pour eux de se fabriquer des carrosserie en fibre de verre et transformer leurs bonnes vieilles Syrena et voiture plus élégante...

Ils ont donc réussi à racheter ces moules et ont fabriqué à l’extérieur de l’usine, vraisemblablement entre 1975 et 1985, une douzaine de carrosseries. On ne sait pas exactement combien parce que les modeleurs se souviennent généralement des carrosseries sur lesquelles ils ont eux-mêmes travaillés, puis les moules ont été transportés à différents endroits et c’est pourquoi il est aujourd’hui difficile de déterminer le nombre de carrosseries produites. C’est Dawid Sobilo qui dispose des données les plus fiables. Depuis des années il « chasse » les Laminat, essayant de mettre la main sur tous les exemplaires ayant été produits.

Il faut admettre qu’il fait un travail de titan. Depuis 2004, il publie sur son site internet (www.syrenalaminat.prv.pl) des informations détaillées sur la plupart des voitures produites et préservées jusqu’à nos jours. Les exemplaires fabriqués en dehors de FSO sont une pomme de discorde pour la plupart des amateurs de l’industrie automobile polonaise car ils utilisent de nombreuses pièces de PF 125p ou de Zastava 1100p et certains reposent même sur des châssis de Wartburg (et ont été immatriculées comme des Wartburg !). Pour ces connaisseurs, ces exemplaires sont en quelque sorte bâtards et ne doivent pas être considérés comme des Syrena Laminat.

L’exemplaire qui illustre l’article appartient à Wojciech Bury. Les amateurs connaissent cette Laminat parce pendant des années elle a orné le toit d’un conteneur à l’entrée d’une casse automobile de Varsovie. Heureusement il a été en mesure de la racheter et, comme la carrosserie était en parfait état, il a pu la restaurer.

C’est bien le gros avantage de la fibre de verre sur l’acier. Quel dommage que la Laminat n’a pas permis de rajeunir la carrosserie de la Syrena !

Avantages et inconvénients de la Syrena Laminat : elle constitue un épisode important dans l’histoire de l’industrie automobile polonaise car elle montre comment les ingénieurs polonais ont été capables de s’adapter aux exigences du marché en développant rapidement une idée novatrice pour l’industrie du pays. Dire que la Laminat n’est mécaniquement qu’une simple Syrena n’a aucun sens et ne fait qu’occulter sa raison d’être. Malheureusement les exemplaires fabriqués avec les moules rachetés à FSO ne sont souvent que d'improbables puzzles.

La Syrena Laminat et les pièces de rechange : la plupart du temps les Laminat ont été construites sur des châssis de Syrena (104 ou antérieures) avec leur mécanique, de sorte que la disponibilité et les prix des pièces de rechange dépendent essentiellement du modèle sur lequel est basé la copie. Certains éléments intérieurs ou extérieurs, comme les poignées de portes ou les optiques, sont souvent issus de modèles d’autres marques, en général de PF 125p ou de Zastava 1100p. Ces pièces ne sont pas non plus difficiles à trouver pour peu qu’elles soient identifiables. Pour les éléments de carrosserie, il faudra faire appel à un spécialiste de la fibre de verre ou un carrossier capable de la réparer ou de la recréer.

La Syrena Laminat sur le marché : FSO a fabriqué 4 exemplaires de Syrena Laminat avec une carrosserie numérotée. Deux d’entre eux sont encore aux mains de particuliers et on ne connait pas le sort des numéros 003 et 004. Il est possible qu’ils sont encore conservés quelque part. La question des carrosseries produites après le rachat des moules est beaucoup plus compliquée. Tout d’abord elles ne sont pas numérotées. Dawid Sobilo estime après des années de recherche qu’il en existe vraisemblablement 15, peut-être 16, ce qui avec les prototypes fait un total de 20. Une partie ont été restaurées, d’autres sont en cours. Deux exemplaires ont été revendus (après restauration) ces dernières années autour de 11,000 – 12,000 zlotys. L’an passé, on a vu passer une offre très intéressante et raisonnable pour une carrosserie au prix de 3,000 zl. On trouve aussi des Laminat à 25,000 zl. Depuis dix ans ce sont toujours les mêmes, aux mains de commerçants qui augmentent régulièrement leurs prix, mais jusqu’à présent elles leur sont restées sur les bras.

Notre avis sur la Syrena Laminat : la plus grande aubaine serait d’acheter l’un des deux prototypes manquant (003 ou 004) en raison du fait que ce sont des voitures qui ont été fabriquées chez FSO et parce qu’elles ont un tableau de bord original (contrairement aux copies suivantes).

Lu sur : http://klasyki.auto-swiat.pl/syrena-laminat-klasyk-ktory-tworzyl-historie/rrws2e
Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #FSO, #Syrena, #Laminat, #Prototype