Les ingénieurs de chez VAZ ont toujours rêvé d’une version de Deciatka plus puissante et plus sportive dans l’esprit des GTI allemandes. Initialement un modèle de ce type était d’ailleurs prévu : la berline hatchback trois portes VAZ-2113 (à ne surtout pas confondre avec une des versions de Samara-2 portant le même indice).
Cependant ce sont bien d’autres amateurs de Togliatti qui sont à l’origine de cette Deciatka particulièrement puissante : au MIMS-96 a été présenté un prototype qui marquera les esprits et portant le nom de « Yellow Shark ». Il s’agissait d’un projet mené en commun entre AvtoVAZ et la société Mega-Lada. Quelle était sa raison d’être ? La réponse est très simple. Pour homologuer la VAZ-2110 en WRC, il fallait commercialiser un certain nombre de versions « civiles ». De plus, à la fin de ces fringantes années 90, il commençait à y avoir une demande pour des versions « sportives » de Lada. Une VAZ-2110 préparée de la sorte permettrait donc à son propriétaire de flatter son égo et son amour-propre en grillant au feu rouge la moindre voiture qui souhaiterait se frotter à elle.
Qu’est-ce qui différenciait la VAZ-21106 d’une VAZ-21103 ordinaire au moteur 1,5 16 soupapes VAZ-2112 ? Justement le moteur ! Sous le capot de la « 106 » on trouvait désormais un 2 litres essence d’Opel. En fonction des versions, il développait de 136 à 150 chevaux. Cela n’était peut-être pas beaucoup pour une voiture de sport, mais c’était suffisant pour une Deciatka habituelle compte tenu du poids. Fait intéressant, le moteur (ainsi que la boîte) était fourni par la branche sportive de Vauxhall, la filiale anglaise de General Motors.
Ce deux litres 16 soupapes Opel C20XE développait donc jusqu’à 150 chevaux et un couple de 200 Nm. Des caractéristiques qui offraient à la VAZ-2110 des performances enviables : environ 9 sec pour atteindre 100 km/h et plus de 200 km/h en pointe. Ces chiffres n’étaient d’ailleurs pas théoriques mais avaient été confirmés par des essais dynamiques. Le moteur C20XE se distinguait par quelques particularités : des pistons forgés et un radiateur d’huile additionnel. Ce moteur de grande série avait aussi un avantage pour les quelques propriétaires de cette voiture exclusive : si jamais « quelque chose arrivait », ils pouvaient acheter la plupart des pièces facilement.
Il y a eu plusieurs générations de VAZ-21106. Elles diffèrent à la fois par leur apparence et par leur contenu. La première version était donc la « Yellow Shark » vue au MIMS-96. Celle exposée sur ce salon a même reçu le prix de la plus belle voiture exposée décerné par la revue Za Roulem. Elle était équipée du moteur Opel C20XE de 150 ch, de freins arrière à disques, d’amortisseurs Koni et d’une direction assistée ZF. En outre, si le client le désirait, elle pouvait recevoir la climatisation et un intérieur sport. Cette version a été produite jusqu’en 2000.
La deuxième version était plus aseptisée et donc moins chère. Elle recevait un moteur C20SEL Ecotec moins puissant, des freins à tambours à l’arrière, des amortisseurs Torgmarch. Cette « 106 » se distinguait également par un kit carrosserie différent avec des passages de roues élargis. Elle a été produite jusqu’en 2003. Le moteur était moins réussi : il craignait la surchauffe et les carburants de mauvaise qualité.
Extérieurement, la troisième version de « 106 » comptait encore moins de différences avec la VAZ-2110 habituelle. Mais techniquement, la voiture était proche de la seconde génération : moteur C20SEL, freins arrière à tambours, direction assistée ZF, mais des amortisseurs Asomi.
Outre AvtoVAZ et Mega-Lada, l’histoire des « Yellow Sharks » est liée à la société Arsenal-Avto. Une société qui a réussi à survivre à plusieurs faillite en changeant de nom (Lada-Toul puis Motorika) pour finir par être absorbée par la compagnie Super-Avto.
Dans les faits, la VAZ-21106 a été fabriquée jusqu’en 2004 mais on rencontre aussi des voitures produites plus tard, apparemment par AvtoVAZ ou par Motorika. Il s’agissait de commandes spéciales pour des clients spéciaux comme par exemple ces voitures livrées à la police de la route. Malheureusement, en raison de la complexité de leur conception, ces VAZ-21106 de patrouille ont eu une durée de vie relativement courte.
Les pilotes essayeurs, ainsi que les simples propriétaires, ont tout de suite remarqué l’amélioration non seulement des performances, mais aussi de la tenue de route et la stabilité, ou encore la plus grande sécurité passive. La carrosserie était en fait beaucoup plus rigide (12200 Nm/degré contre 8000 Nm/degré) et l’on utilisait d’un faux-châssis reliant entre eux les longerons avant et la cloison moteur.
Quelques mots sur les jantes. Sur la « Yellow Shark », il s’agissait de jantes forgées de la marque Slik. Mais sur les « 106 » produites en petite série par l’usine on trouvait des jantes D16 Aviatechnologui. Ce fabricant a ensuite changé de nom (devenant SMK – Stoupinskiï Metallourguicheskiï Kombinat), les jantes rebaptisée D18, mais elles n’ont pas été montées sur les « 106 ». Sur le prototype à carrosserie coupé, on retrouvait les jantes originales produites par Slik.
Oui, car cette version inhabituelle de Deciatka a eu aussi une version unique : un coupé à deux portes ! Les ailes des deux premiers exemplaires avaient été réalisées en métal et ont ensuite permis de réaliser les moules pour fabriquer des pièces en fibre de verre. En tout, ce sont près de 150 coupés qui ont été construits !
La « 106 » a également eu deux versions dérivées destinées à la compétition : la VAZ-21107 pour les rallyes, avec un arceau-cage soudé, et la 21106 WTCC avec laquelle le team « Russian Bears » a participé au championnat international FIA WTCC en 2008. La porte du monde professionnel était désormais ouverte puisque la « 106 » a pris part au championnat russe de courses sur circuit et à la coupe russe sur circuits RTCC entre 1999 et 2006. L’idée de faire de la VAZ-2110 une voiture de course n’a donc été concrétisée qu’à la fin de la vie de ce modèle.
Dans la vie de tous les jours, la « 106 » posait plus de problème à son propriétaire qu’une « 110 » habituelle en raison de sa production en petite série. La voiture avait en effet un système de refroidissement spécifique et un faisceau électrique qui n’était normalisé ni avec l’Opel, ni avec la Lada. Les diagnostics informatiques ne pouvaient pas être effectués selon les méthodes standard. Il y a avait aussi d’autres pièces uniques qui compliquaient l’exploitation de la « 106 » (en particulier les cardans de roues ou le câble d’embrayage). Par ailleurs, contrairement à la croyance populaire, la suspension triangulée n’a jamais été reprise d’une Opel mais est de conception originale. Le reste est un méli-mélo que la chance a réuni dans cette VAZ-21106.
Pour conclure, il faut signaler qu'il est rentable de bien entretenir cette voiture car elle a une vraie valeur de collection. Elle prendra de la valeur au fil du temps et le jeu en vaut vraiment la chandelle !
Lu sur : http://www.kolesa.ru/article/gorjachaja-desjatka-za-chto-vse-ljubili-2litrovyj-vaz21106-2016-01-14
Adaptation VG