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Le Japon est l’un des leaders mondiaux de l’industrie automobile et pourtant on y vend également des voitures russes. Comment les Japonais, habitués au confort raffiné, parlent de ces voitures ? Voici la traduction d’un article publié en 2005 dans un magazine automobile japonais. Elle essaie de coller au maximum au style de son auteur car on est bien loin ici des avis aseptisés habituels :
« Quand vous voyez pour la première fois sur le sol japonais un UAZ russe, vous restez involontairement sans voix car cette mystérieuse créature n’a au premier abord absolument rien d’attrayant.
Quel genre de « bête » avez-vous en face de vous ? Son lieu de naissance est la Russie. Et si on vous dit qu'elle a déjà plus de 20 ans d’existence vous comprendrez que vous êtes en présence d’une rareté dans l’industrie automobile mondiale. Fabriqué depuis 1953 sans aucun changement... ce modèle est désormais commercialisé au Japon comme une voiture « neuve » ! Vraiment, l’âme russe a vraiment quelque chose d'impénétrable.
Mais entrons dans les détails. Par ses caractéristiques techniques et ses équipements, cette voiture est pourtant encore bien loin des petites voitures des catégories inférieures. Bien entendu, elle n'a ni direction assistée, ni climatisation, à moins de les faire monter après coup. Il s’agit véritablement d’un véhicule extrême.
Le moteur du UAZ est à carburateur (à notre époque !) et fait une cylindrée de 2455 cm3. Sa puissance est de 76 chevaux, le couple maxi de 16,3 Nm. En terme d’évolution cette « voiture neuve » n’est pas trop éloignée de la tortue. D’ailleurs, la couleur de la carrosserie la rapproche aussi de ce reptile sympathique.
Ce ne sont pourtant pas les seuls charmes de ce drôle d’animal comme nous l’avons découvert en prenant le volant. Peut-être avons-nous depuis longtemps perdu le sens originel du plaisir. Le moteur est bruyant et désagréable et le tableau de bord vibre tellement qu’il est difficile de soutenir une conversation quand on roule. Mais ce UAZ est un excellent tout-terrain comme le prouve sa garde au sol. Et même si, sur ce trône, vous êtes perchés au-dessus de tout le monde, il faudra bien vous résoudre à piloter un vulgaire tabouret intrinsèquement lent et léthargique.
L’originalité du UAZ se trouve bien dans son châssis inhabituel. C’est d’ailleurs la seule chose qui donne de la saveur à ce véhicule. Il a aussi d'autres points positifs. Quand vous conduisez un UAZ, tous les piétons et les autres conducteurs vous prêtent attention ce qui, il faut le bien le reconnaître, est une petite satisfaction. Mais hélas, malgré son caractère inhabituel, le UAZ n’a rien d’autre pour lui !
Au Japon, le UAZ est vendu aux alentours de $20,000 avec une direction à gauche. »
C’était il y a dix ans. Aujourd’hui, avec les droits de douanes à l’importation, un UAZ coûte près de 40,000 dollars mais rien n’a changé. Le pays du soleil levant semble être au seuil d’une révolution automobile. Certains Japonais fatigués des voitures japonaises modernes sont encore prêts à franchir le pas et acheter un UAZ, et ce malgré qu’il s'affiche à un tarif prohibitif et qu’il nécessite des fréquentes réparations.
Il y a cinq ans Mitiomi Suzuki, un conducteur de tramway, a remplacé son tout-terrain japonais par un UAZ. Il n’a jamais regretté ce choix. Il a trouvé dans le véhicule russe ce qu’on ne peut pas trouver dans un produit japonais : un prix élevé et un minimum de confort (!). « Les voitures japonaises modernes sont trop automatisées. Bientôt on n’aura même plus besoin de conduire. Là il le faut vraiment. Tout me plait : la direction lourde, le levier de vitesses dur, les vibrations et le bruit du moteur » raconte Mitiomi Suzuki.
A $40,000, c’est une des rares voitures du marché où la forme est plus importante que le contenu. « Bien sûr, le principal avantage du UAZ c’est son apparence extérieure - indique Iouzi Ivamoto, le propriétaire de Ivamoto Motors. L'avant a une forme très élégante. De par sa conception, cette voiture est très proche des voitures japonaises qui étaient produites il y a plus de 40 ans ».
Chaque week-end, Satoru Obara, employé dans une brasserie, apprend à ses enfants à jouer au baseball. Durant des années cela a même été son principal passe-temps mais depuis peu il en a rajouté un autre. Il est propriétaire d’un UAZ ! « Il y a des pannes. Par exemple depuis peu je n’arrive plus à fermer une des fenêtres coulissantes. Mais cela n’a pas d’importance. C’est une bonne voiture. Je l’aime » admet-il. Sa famille reste pourtant compréhensive. Mais sa femme ne prend jamais le volant car conduire un UAZ est une affaire d’homme. Ses enfants aiment rouler avec mais ils reconnaissent qu’ils n’auraient jamais acheté une voiture pareille. La nouvelle génération choisirait plutôt une Ferrari ou au pire une... Toyota !
Au Japon, le propriétaire d’une voiture russe doit être une personne créative. Et riche. Masamiti Kisei, dirigeant d’une petite entreprise de design à Osaka affirme fièrement qu’il n’y a pas un autre UAZ comme le sien au Japon. Au total il a investi 5,5 millions de yens, soit environ 70 mille dollars. La transformation de sa voiture lui a pris six mois. La majeure partie de ce temps et des efforts ont consisté à l’installation de la climatisation et le réaménagement du compartiment moteur qui sur le UAZ se situe entre les sièges avant et qui a une fâcheuse tendance à chauffer.
« J’ai également fait refaire complètement l’intérieur. Les sièges ont été remplacés et sont recouverts d’un cuir spécial, hydrofuge, utilisé habituellement pour faire des costumes de surfeurs. J’ai moi-même choisi la couleur. Après une séance de surf, j’aime bien me reposer. C’est pourquoi les sièges peuvent être dépliés pour faire un vrai lit ! ».
Le UAZ a vraiment étonné le Japonais. Par exemple il a constaté qu’aucune vis n’avait été serrée jusqu’au bout ! Mais cela n’est rien à côté des inscriptions écrites en rouge en cyrillique à l’intérieur de la cabine. S'il a tout fait traduire en japonais le mystère reste entier. « Je ne comprends rien. Quel cordon, quel anneau il faut tirer ? Ici, il n’y a rien ! ». Il raconte qu’il n’a jamais autant rigolé de sa vie face à ces inscriptions. « C’est peut –être la sortie de secours... ».
Depuis peu une autre mode a fait son apparition au Japon. Les UAZ y sont tellement cultes que certains artisans réussissent à créer des répliques sur base de voitures japonaises. Marrant, non ? Cela peut paraître idiot mais quand on sait le prix d’un UAZ importé sur le sol japonais, on peut comprendre.
Lu sur :
http://news.drom.ru/5381.html
http://fishki.net/auto/1679476-uaz-v-japonii-krivoj-kosoj-uglovatyj-no-chto-to-v-nem-est.html
Adaptation VG